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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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se pencha aux remparts.
    — Paulinus, il est temps. Bonne chance.
    Soixante-douze cavaliers formant deux colonnes, les turmes de Paulinus et Appollonius, se mirent en route, prirent rapidement de la vitesse dans un crépitement de sabots avant de disparaître, eux aussi, dans la nuit sans lune.
    Le temps s’égrenait lentement.
    « Père-de-Tout, Grand Capuchon, Pillard, Planteur de lance, Aveugleur de mort, fais que je ne les aie pas tous envoyés à leur mort. Ne les laisse pas se faire tuer là-bas, dans les ténèbres, comme Romulus. » Pourtant, le plan se déroulait sans accrocs pour le moment. Pour éloigner le mauvais œil, Ballista commença à serrer son poing, le pouce entre l’index et le majeur. Si cela continuait, il allait bientôt devenir aussi superstitieux que Demetrius. Il termina pourtant son geste.
    Le plan était simple. Après avoir neutralisé la ligne de sentinelles avancées, une centurie de légionnaires devait rester sur place afin de couvrir la retraite tandis que l’autre viserait la jugulaire, se ruerait dans le camp ennemi et se frayerait un passage à coups d’épée jusqu’à la tente du Roi des Rois. Afin de faire diversion en semant la confusion, les deux turmes de cavalerie devaient se déployer à gauche et à droite entre les lignes de sentinelles et le camp sassanide proprement dit et tirer des flèches enflammées un peu partout. La turme se dirigeant vers le sud, celle de Paulinus, prendrait la fuite en descendant dans le ravin sud et en le remontant jusqu’à la porte enchâssée dans le mur au bord de l’Euphrate. Si des Perses étaient assez fous pour les poursuivre dans le fond du ravin, il leur en cuirait. Quelques centaines de pas en terrain difficile, exposés aux projectiles lancés depuis la muraille d’Arété auraient raison d’eux. Pour l’autre turme, celle d’Apollonius, la tâche était plus risquée. Elle devait chevaucher vers le nord sur une petite distance avant de tourner et de se mettre en formation sur la route menant à la ville afin d’épauler la centurie chargée de couvrir la retraite.
    Tout avait semblé si simple lors de la réunion du consilium. Ballista espérait de tout cœur que lorsqu’ils seraient confrontés à la terrifiante réalité, les choses n’allaient pas devenir terriblement confuses et le plan tomber à l’eau.
    Le temps semblait s’être suspendu. Juste au moment où Ballista désespérait de jamais voir cesser cet exaspérant hiatus, quelqu’un cria inutilement : « Là-bas ! Là-bas ! » avant qu’on le fît promptement taire. Des lumières bougeaient au cœur du camp sassanide. Les premières alertes entrecoupées flottèrent jusqu’à la ville d’Arété. Turpio et ses légionnaires s’attelaient à la vraie tâche de la nuit ; soixante-dix hommes affrontant la bête dans sa tanière.
    Les choses s’accéléraient. La flèche du temps avait repris son vol. Les événements se succédaient. Ballista apercevaient des flammes jaunes danser juste en face de lui : les cavaliers des deux turmes allumaient leurs torches aux feux de camp. Puis, deux lignes de torches s’éloignèrent rapidement du centre du camp perse, l’une vers le nord, l’autre vers le sud. Les premières flèches enflammées déchirèrent le ciel. Un terrible grondement s’élevait du camp sassanide, tel celui d’une bête furieuse dérangée dans son sommeil. Le tumulte traversait la plaine et parvenait aux oreilles des hommes postés sur les hauts murs et les tours d’Arété.
    Des lumières de plus en plus nombreuses – rouges, jaunes, blanches – s’allumaient un peu partout tandis que les flèches enflammées, les torches jetées et les lanternes renversées à coups de pied incendiaient les tentes, les lits, le fourrage et les vivres entreposés, les jarres d’huile. Des silhouettes indistinctes passaient devant les feux, disparaissant trop vite pour que l’on pût les identifier. Le bruit, semblable à celui d’un grand feu de forêt, se répercutait à travers la plaine, ponctué de cris aigus, d’hommes ou de bêtes, et de stridentes sonneries de buccin tentant de restaurer l’ordre parmi la horde perse.
    Sous les yeux de Ballista, les lumières de la chaîne s’étirant vers le sud s’éteignirent une à une. Cela devait être bon signe – les cavaliers de Paulinus se débarrassant de leurs torches et galopant ventre à terre dans l’obscurité pour se mettre en sûreté. Cela pouvait aussi ne rien

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