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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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augurer de bon – les Sassanides surgissant devant eux et les taillant en pièces. Mais même dans le meilleur des cas, la turme était encore loin d’être à l’abri. Lancés à un train d’enfer par une nuit sans lune, trouveraient-ils l’entrée du ravin ? La descente avait été assez aisée pour Ballista et quatre autres cavaliers, en plein jour et à une allure confortable ; pourtant, même dans ces conditions, ils avaient mis pied à terre. Il en irait peut-être bien différemment pour des hommes inquiets, sur des chevaux haletants et peinant dans la nuit noire.
    Lorsque Ballista tourna son regard vers le nord, la chaîne de lumières qui signalait la turme d’Apollonius avait aussi disparu. Jetés bas par des lames et des mains ou chevauchant sans encombre vers leur point de ralliement, nul ne pouvait le dire.
    « Père-de-Tout, l’Éveillé, le Vagabond, le Héraut des Dieux, que se passe-t-il ? Qu’advient-il de Turpio ? »
    Il rugissait. La tête rejetée en arrière, hurlant et riant. Turpio s’était rarement senti si heureux. Ce n’était pas les tueries, même s’il n’y voyait aucune objection, mais l’absolue facilité de la tâche qui le faisait jubiler. En s’avançant dans le camp, ils avaient tout d’abord vu les chevaux à l’attache d’une unité. Cela avait été l’affaire de quelques instants de les détacher, de les frapper sur la croupe du plat de leurs épées et de les chasser dans une folle débandade vers le milieu du camp. La désolation se propagea rapidement tandis que les animaux affolés traversaient les tentes bondées, renversaient les marmites, piétinaient les tentes les plus petites. Une tête perse émergea de l’une d’elles ; l’épée de Turpio s’abattit et elle retomba ensanglantée.
    Criant à ses hommes de rester en formation, Turpio se rua dans le campement des Sassanides. Une corde de tente le fit trébucher et il s’étala de tout son long. La semelle cloutée de l’un de ses hommes le piétina avant que des bras puissants ne le remissent sur ses pieds, et ils repartirent à l’assaut, parcourant le camp à grandes enjambées, gardant toujours en point de mire la tente royale. Des Perses isolés ou en petits groupes apparaissaient de temps à autre. Ils prenaient la fuite ou tombaient sur place sous les coups d’épées. Il n’y avait aucune défense organisée.
    En un clin d’œil, ils furent devant leur objectif. Plusieurs grands étendards pendaient au sommet de hauts mâts. Une demi-douzaine de gardes, leurs cuirasses dorées scintillant dans la lumière des brasiers, avaient pris position devant l’énorme tente violette. Laissant quelques légionnaires s’en occuper, Turpio contourna l’entrée et fendit de sa lame le côté de la tente. Il émergea dans ce qui semblait être un couloir ; plutôt que de le suivre, il coupa la paroi de toile. Il se retrouva alors dans une salle à manger vide. Les reliefs du repas du soir jonchaient encore les tables. Turpio ramassa un pichet et le glissa sous sa ceinture.
    — Pas le temps de piller ! hurla-t-il avant de brandir sa spatha et de déchirer la paroi suivante.
    Cette fois-ci, il déboucha en plein pandémonium – une avalanche de cris stridents, des voix de femmes. Il se mit en garde, les genoux pliés, cherchant d’où viendrait la menace dans la pièce parfumée et faiblement éclairée.
    — Foutre ! C’est le harem du roi ! dit un légionnaire.
    Des femmes et des filles où que le regard se posât. Des douzaines de jolies filles. Brunes, blondes, vêtues de soie, les yeux fardés de khôl, tremblant dans les coins, blotties derrière les divans, elles piaillaient en perse. Turpio ne savait si elles appelaient à l’aide ou imploraient la pitié.
    — Je dois être mort et aux Champs Élysées, dit le légionnaire.
    Regardant autour de lui, Turpio aperçut un chambranle décoré devant lequel se tenait un gros eunuque hésitant. Il le chassa d’un coup de pied et, criant aux légionnaires de le suivre, s’engouffra dans l’ouverture.
    Il faisait très sombre dans la pièce vide. Une odeur de baume et de sexe y flottait. Turpio s’approcha du large lit défait et posa la main sur les draps. Ils étaient encore chauds. « Jupiter Optimus Maximus, il s’en est vraiment fallu de peu. »
    Du coin de l’œil, il vit quelque chose bouger. Il se retourna en un éclair, brandissant son épée. La fille était dans un coin de la chambre, les yeux agrandis

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