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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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les cavaliers de la turme d’Apollonius trottant à une cinquantaine de pas devant eux, prêts à tirer par-dessus leurs têtes sur les poursuivants éventuels.
    Quatre cents pas. Plus que quatre cents pas avant de trouver refuge. Turpio commença à compter, perdit le fil, recommença, abandonna. Il avait pris place au dernier rang, qui deviendrait le premier lorsque l’ennemi les rattraperait. Par-dessus son épaule, il aperçut les premières silhouettes de cavaliers quittant le camp et se lançant à leurs trousses. Ils n’avaient aucune chance d’atteindre la porte sans encombre. Devant lui, à quelque distance encore, il distinguait, au bord de la route, se détachant dans l’obscurité, la portion de mur que Ballista avait laissée debout et fait peindre en blanc. Elle marquait la limite des deux cents pas, au-delà de laquelle les tirs d’artillerie depuis les murs étaient moins précis. Et, plus important encore pour Turpio, chaque côté de la route le long de ces deux cents derniers pas était semé d’embûches et de pièges. S’ils parvenaient à atteindre ce mur blanc, ils seraient un peu plus en sécurité. Là où ils se trouvaient, il n’y avait que quelques fosses et chausse-trapes. Là où ils se trouvaient, l’ennemi pouvait les contourner et les prendre à revers.
    Turpio se retourna et vit que les cavaliers perses s’étaient divisés en deux groupes. Le premier restait sur la route tandis que le second décrivait une longue courbe vers le nord qui l’amènerait devant les Romains en fuite. Il semblait y avoir deux ou trois cents cavaliers dans chaque groupe, et d’autres encore sortaient du camp à chaque instant.
    Turpio donna l’ordre de faire halte. Les cavaliers sur la route se dirigeaient droit sur eux. Ils allaient charger sans attendre que l’autre groupe eût terminé sa manœuvre d’encerclement. Les légionnaires se retournèrent pour faire face à leurs poursuivants. Une stridente sonnerie de buccin retentit et les Perses éperonnèrent leurs chevaux. C’était des clibanarii , la cavalerie lourde d’élite des Sassanides. Éclairés par les feux du camp perse derrière eux, ils avaient belle allure. Pour la plupart, les hommes avaient eu le temps de mettre leurs armures – elles rutilaient et étincelaient – mais pas celles de leurs chevaux. Ils s’avancèrent, passant du petit trop à un galop délié. Turpio sentait le sol trembler sous les sabots de leurs immenses destriers niséens. Les légionnaires autour de lui semblaient hésiter. Dieu des enfers, qu’il était dur d’affronter une charge de cavalerie ! D’un instant à l’autre, certains des soldats allaient reculer, ouvrir des brèches dans la ligne et tout serait fini. Les clibanarii s’y engouffreraient, leurs chevaux renversant les hommes, les longs sabres de cavalerie les fauchant.
    — Maintenez la position. Resserrez les rangs.
    Turpio n’était pas sûr que cela servît à grand-chose. Les énormes chevaux niséens s’avançaient, devenant à chaque instant plus gros encore.
    Les flèches des cavaliers d’Apollonius sifflèrent au-dessus de leurs têtes. « Au moins, ils ne nous ont pas abandonnés », pensa Turpio. « Nous ne mourrons pas seuls. »
    Un tir chanceux dut atteindre un cheval sassanide à un endroit vital. Il tomba, glissant sur le flanc vers l’avant. Le cavalier fut propulsé par-dessus sa tête et sembla rester en l’air pendant un temps infini avant de s’écraser au sol, son armure disloquée tintinnabulant autour de lui. Le cheval blessé faucha les pattes de son voisin qui chuta lui aussi. Un autre fit un écart pour les éviter et percuta le cheval d’à côté qui perdit l’équilibre. Le deuxième rang de cavaliers ne put s’arrêter à temps. Ils n’avaient d’autre choix que de venir s’encastrer dans les bêtes qui étaient tombées. En quelques instants, la charge magnifique s’était transformée en chaos, hommes et bêtes se tordant de douleur.
    — Demi-tour et en vitesse, éloignons-nous d’eux le plus possible.
    Ils allaient devoir s’extraire de cette mêlée confuse. Turpio et ses hommes avaient gagné un peu de temps, quelques pas de plus vers la sécurité.
    Courant sur la route, Turpio regarda anxieusement vers la gauche pour voir où se trouvait l’autre groupe de cavaliers sassanides arrivant par le nord pour les encercler. Il n’en voyait pas trace. La peur montait en lui. « Par le cul poilu d’Hercule, comment ont-ils pu

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