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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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d’une voix qui lui parut tendue.
    — Et voici le cœur du dispositif.
    Castricius orienta sa lanterne derrière eux. À gauche de l’ouverture du tunnel, à l’endroit où ils étaient entrés, trois grands chaudrons de bronze, entourés de paille empilée, étaient posés sur des blocs de bois. Une ligne de paille en partait, disparaissant dans les profondeurs du tunnel.
    — J’ai trouvé du bitume pour le premier chaudron ; les autres contiennent de l’huile.
    — Je vois, dit Ballista.
    — C’est bien ?
    — Très bien.
    — La mèche traverse les deux tiers du tunnel. Lorsque vous serez sorti, appelez-moi et, avec votre permission, je l’allumerai.
    — Tu as ma permission.
    — Alors, allons-y.
    En surface, la lumière du soleil était aveuglante. Leurs yeux étaient remplis de larmes. Ayant repris son souffle, Ballista appela Castricius pour qu’il allume la mèche. Ils s’écartèrent de l’entrée du tunnel.
    Pendant quelques instants, rien ne se passa. Puis ils entendirent le bruit des bottes de Castricius sur les cailloux. Il s’élança hors du tunnel, plié en deux, mais courant à toutes jambes, et s’arrêta dans une glissade. Il regarda autour de lui, plissant les yeux, puis s’approcha d’eux.
    — C’est fait. Maintenant, tout est entre les mains des dieux.
    Ils remirent leurs armures et leurs baudriers à la hâte et coururent jusqu’à la tour. Montant les marches deux à deux, Ballista fit irruption sur les remparts. Il se jeta derrière le parapet et regarda au dehors.
    Rien ne semblait avoir changé. Pourtant, Ballista sentait que quelque chose n’allait pas. Il voyait le fossé entre la muraille et la rampe perse barrée d’une rangée d’écrans à son extrémité ; plus loin, au niveau de la base de la rampe, la ligne de mantelets et plus loin encore, les emplacements de l’artillerie perse. Ballista observait attentivement, mais ne voyait pas de filet de fumée s’échapper de la rampe. Aucun signe de ce qui aurait dû se passer. Aucun signe de l’incendie qui aurait dû faire rage dans la caverne creusée par ses hommes, qui devait détruire les étais et les traverses et effondrer le plafond puis la rampe au-dessus. Absolument rien ne bougeait en surface.
    C’était ça : tout était bien trop calme. Pas de projectiles, pas de flèches, pas de gravats jetés dans le fossé. Cela serait maintenant : l’assaut aurait lieu d’un instant à l’autre.
    — Haddudad, fais monter les hommes sur les remparts. Les reptiles arrivent.
    Au moment même où il donnait ses ordres au capitaine des mercenaires, Ballista vit l’écran devant la rampe perse se soulever. « Père-de-Tout, nous allons perdre cette course. De justesse, il nous aurait juste fallu quelques instants de plus. »
    On tira l’écran à l’horizontale. Ballista se baissa au moment où une volée de flèches vrombissantes s’abattait sur les remparts, ricochant sur la pierre. Une sentinelle hurla. La flèche fichée dans son épaule, il tourna sur lui-même, perdit l’équilibre, tomba sur le talus intérieur et dévala la pente, heurtant les légionnaires qui sortaient de leurs abris et commençaient à grimper.
    La pluie de flèches cessa. Ballista se risqua à regarder par-dessus les remparts. On poussait la passerelle au-dessus du fossé. Une vilaine pointe était fixée à son extrémité. Il se retourna vers la ville. Les assiégés escaladaient à grand-peine le glacis intérieur, soldats romains réguliers, mercenaires et conscrits : ils n’arriveraient pas à temps.
    La passerelle s’abattit, sa pointe dépassant largement le parapet. Sans réfléchir, Ballista y prit appui ; le bois sous sa main droite lui parut tiède et lisse. Il sauta sur la passerelle, ses bottes produisant un son creux tandis qu’il y prenait pied. De côté, le bouclier élevé devant lui, il dégaina son épée. Il entendit le bruit des bottes de Maximus sur sa gauche et de celles d’un autre défenseur derrière l’Hibernien. La passerelle n’était pas large ; si personne ne tombait, trois hommes pourraient en défendre l’accès – du moins pendant un petit moment.
    Devant lui, un alignement de visages féroces, sombres et barbus hurlaient leur haine à pleins poumons. Les couleurs vives des surcots des Sassanides et leurs armures scintillantes apparaissaient sous une couche de poussière. Leurs bottes martelaient la passerelle.
    Dans un hurlement, le Perse se rua sur Ballista ; sans

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