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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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entendre à l’autre bout de la plaine : « Maz-da ! Maz-da ! » Puis les soldats se turent avant de scander à nouveau, plus fort cette fois : « Sha-pur ! Sha-pur ! » Son cheval blanc soulevant la poussière, les banderoles violettes et blanches voletant derrière lui, le roi des rois apparut devant son armée. Il mit pied à terre, s’assit sur son trône sur la grande estrade et indiqua d’un geste que la bataille pouvait commencer.
    Les buccins émirent une autre note et les tambours se mirent à battre à un rythme différent. Après une légère hésitation, l’armée sassanide avança. Les écrans furent écartés et les dix engins perses restants commencèrent à tirer. Ballista fit un signe de tête à Pudens, qui leva le drapeau rouge. Les vingt-cinq balistes des défenseurs ripostèrent. Cette phase de la bataille n’inquiétait guère Ballista. Il y avait de fortes chances qu’un duel d’artillerie tournât en sa faveur.
    Tandis que la ligne sassanide commençait sa longue approche, Ballista demanda son casque et son bouclier. Les doigts maladroits de Demetrius attachèrent à grand-peine la mentonnière. Ballista se pencha vers lui, l’embrassa sur la joue et le tint dans ses bras un instant avant de lui murmurer à l’oreille :
    — Nous avons tous peur.
    Armé et flanqué de Maximus et Castricius, Ballista fit venir le jeune Perse, Bagoas, afin qu’il l’aidât à identifier l’ennemi.
    Lorsque les Sassanides furent à portée maximale de l’artillerie des défenseurs, Ballista fit un nouveau signe de tête à Pudens qui leva et abaissa par deux fois le drapeau rouge. Les balistes et scorpions d’Arété changèrent de cible, se braquant non plus sur l’artillerie des Perses, mais sur son infanterie qui avançait d’un pas lourd. Les traits à pointe de fer et les boulets de pierre s’envolèrent pour transpercer ou détruire les mantelets perses, pour tuer ou estropier les hommes qui se cachaient derrière. Lorsque les premiers projectiles s’abattirent, la ligne sassanide sembla onduler comme un champ de blé agité par le vent.
    Quand les Perses dépassèrent la portion de mur peint en blanc marquant la limite des deux cents pas et furent à portée efficace de l’artillerie des défenseurs, leur ligne avait déjà commencé à se fragmenter. Des brèches s’étaient formées entre les unités. Les bannières bariolées sous lesquelles marchaient les Sakas, les Indiens et les Arabes, les hommes du roi Hamazasp de Géorgie et les guerriers du seigneur Karen, étaient distancées. Elles avançaient toujours, mais plus lentement que les hommes sous les étendards des descendants de Shapur : Prince Sasan, le chasseur ; Prince Valash, la joie de Shapur ; Dinak, reine de Mésène ; Ardashir, roi d’Adiabène. La bannière du seigneur Suren se trouvait toujours loin devant. À l’avant-garde, sur la route menant à la porte de la Palmyrène, se tenaient les Immortels conduits par Peroz au Long Sabre, et les Jan-avasper du déserteur romain Mariadès.
    — Honte, honte aux traînards, marmonna Bagoas. Ils sont margazan. Ils connaîtront les pires tourments aux enfers pour l’éternité.
    — Tais-toi donc, mon gars, siffla Maximus.
    Ballista était perdu dans ses pensées. La simple présence des deux unités de gardes d’élite dans la première vague de l’attaque constituait une arme à double tranchant. Elle montrait à quel point Shapur était résolu à ce que l’assaut fût décisif, mais elle voulait dire aussi qu’il n’y avait plus de troupes de réserve. Si la première vague échouait, il n’y en aurait pas d’autre.
    — Les dés sont jetés, murmura Ballista.
    Lorsque les unités perses de l’avant furent à cent cinquante pas des murs, le drapeau rouge fut élevé et abaissé par trois fois et les archers parmi les défenseurs entrèrent en action. Cette fois, les Sassanides ne firent pas l’effort d’attendre d’être à cinquante pas des murs pour tirer. Dès que les flèches romaines s’abattirent, ils ripostèrent. Leurs flèches assombrirent le ciel, mais Ballista remarqua avec satisfaction que les Perses semblaient tirer quand l’envie leur en prenaient : il n’y avait pas de salve organisée et la plupart des tirs étaient très imprécis.
    La ligne perse était de plus en plus fragmentée, les écarts entre les unités se creusaient. Désormais, les hommes du seigneur Suren et ceux de la reine Dinak paraissaient traîner les

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