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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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cheval jusqu’à Antioche, il n’avait cessé de regarder autour de lui, les yeux ronds, comme un péquenaud. Turpio avait franchi avec lui la porte du pont pour le mener à travers les rues à colonnades de la ville, jusqu’à l’île sur l’Oronte où la nouvelle forteresse était construite. C’était bien la part de l’actuel empire que d’envoyer un favori de la cour – Barbare qui plus est – plutôt qu’un Romain qui se serait élevé dans la hiérarchie militaire à la force du poignet.
    Turpio contempla à nouveau la mosaïque. Un énorme pénis sortait de sous la tunique du serviteur. L’artiste l’avait représenté en détail, au point de figurer le gland en violet. Turpio rit, conformément à ce qu’avait été l’intention du mosaïste. Les thermes pouvaient être des endroits dangereux et tout le monde savait que le rire faisait fuir les démons.
    Ils sortirent enfin de l’ apodyterium. Comme Turpio, ils étaient nus, à l’exception des sabots de bois qui protégeraient leurs pieds de la chaleur des sols. Tous, sauf Ballista, portaient des flacons d’huile, des strigiles [39] et des serviettes.
    — Que je sois pendu par les couilles si ce n’est pas là quelqu’un de ta famille, Calgacus ! dit celui dont le nez ressemblait au cul d’un chat, en montrant la mosaïque. Regardez-moi la taille de cet outil !
    Le jeune Grec rougit. Ballista et Calgacus ignorèrent le commentaire. Turpio, peu accoutumé à ces manières de la part d’un esclave, suivit leur exemple. Ballista en tête, ils se dirigèrent vers le caldarium , la pièce où se trouvaient les bains chauds, suivant la direction que semblait indiquer sur la mosaïque le membre saillant du serviteur.
    — N’est-ce pas vrai, cher Calgacus, que pendant des années, on te connaissait à Rome sous le nom de Buticosus, « le gros fourreur » ?
    Le garde du corps se divertissait.
    Turpio remarqua que l’esclave nommé Calgacus avait réellement un gros pénis. Rien d’étonnant, puisque les Barbares étaient connus pour ça. Leurs grosses bites étaient révélatrices de leur manque de contrôle sur eux-mêmes en matière de sexe, comme dans d’autres domaines. Un petit pénis avait toujours été la marque de l’homme civilisé.
    — On raconte que seule la mort prématurée de l’empereur délicieusement pervers Élagabal [40] a empêché les frumentarii d’enlever Calgacus dans les thermes afin qu’il pût utiliser son arme redoutable sur sa majesté impériale.
    Que ce nouveau Dux laissât l’un de ses esclaves s’exprimer ainsi en compagnie d’hommes libres, de citoyens romains, dépassait l’entendement. C’était un signe de faiblesse, de stupidité, digne de sa nature de Barbare. Ce qui somme toute était bien, très bien même. Ballista serait ainsi moins à même de découvrir quoi que ce fût.
    Il faisait froid et l’air était chargé de brume. Le temps s’était couvert pendant la semaine passée à Antioche. Ballista remonta sur ses oreilles sa cape cirée. L’aube ne pointait pas encore et il n’y avait pas un souffle de vent. Il était assis sur son nouveau cheval gris au bord de la route menant à Beroea [41] . Il avait assez chaud jusqu’à maintenant et on l’avait bien nourri : Calgacus s’était débrouillé pour lui trouver une bonne bouillie d’avoine, avec du miel et de la crème. Il leva les yeux sur l’extérieur de la porte monumentale : en brique, avec deux énormes tours carrées en encorbellement. Il y avait certainement un double portail de l’autre côté, confinant les assaillants potentiels dans une petite zone où ils se feraient massacrer, ainsi que des meurtrières d’artillerie réparties sur la façade ornementale en briques.
    Le sentiment de bien-être relatif qu’éprouvait Ballista s’évanouit peu à peu, tandis qu’il examinait les traces de combustion autour des meurtrières. Les sept jours qu’il avait passés à acheter les provisions et à organiser une caravane lui avaient permis de confirmer son impression initiale : le site d’Antioche était plutôt bien protégé. À l’est, la ville s’étendait sur les pentes du Mont Silpius jusqu’à une citadelle et les méandres de l’Oronte entouraient les trois autres côtés, telles des douves. Aux confins nord, il y avait une grande île au milieu d’un bras mort du fleuve. Les murs semblaient en bon état. La citadelle et la forteresse sur l’île mises à part, la ville abritait plusieurs

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