Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
Vom Netzwerk:
neuf navires de guerre en tout et pour tout. Ballista observa l’état des hangars et douta qu’aucune des galères qu’ils abritaient fût prête à combattre.
    Le Concordia , ignorant un garçon effronté à bord d’un canot qui disparut presque sous son éperon, décrivit un cercle serré dans le port, s’arrêta puis, à l’issue d’une manœuvre impeccable, recula dans le principal dock militaire. Juché au sommet d’une des échelles de débarquement, Ballista considérait l’imposant comité d’accueil : soixante soldats, deux ou trois officiers et, devant, un porte-étendard. Pour sûr, ils avaient eu largement le temps de se préparer, à la fois dans le long terme puisque le Concordia avait plusieurs jours de retard, et à court terme puisqu’il avait dû négocier le long canal.
    — L’officier chargé de vous accueillir se nomme Gaius Scribonis Mucianus. C’est le tribun commandant la cohorte auxiliaire.
    Demetrius chuchota le reste à l’oreille de Ballista. Certaines grandes maisons romaines disposaient d’un esclave spécial pour de telles occasions, mais au sein de la petite familia de Ballista, son secrétaire devait aussi assumer les fonctions de nomenclator [36] .
    Le nouveau Dux Ripæ entreprit de débarquer, conscient de tous les yeux posés sur lui – ceux des membres de sa suite, de l’équipage, des soldats en contrebas. Étrange comme il est malaisé de marcher normalement quand on se sait observé. Lorsque, arrivé au bas de l’échelle, il posa pied à terre, Ballista trébucha. Le quai sembla se dérober sous ses pas, avant de remonter brusquement vers lui. Agenouillé, il devait invoquer toute sa présence d’esprit. La situation était embarrassante. Pire, elle pouvait être interprétée comme un mauvais présage. Bien sûr, ce n’était là que ses jambes qui lui faisaient défaut après trois jours passés en mer ; cela arrivait tout le temps. C’était arrivé à Alexandre, à Jules César. Ils avaient retourné la situation à leur avantage par quelque trait d’esprit. Il aurait tant voulu, tandis qu’il se remettait debout, s’efforçant d’épousseter ses genoux comme si de rien n’était, se souvenir de ce qu’ils avaient dit.
    — Je viens de porter un grand coup à l’Asie !
    Bras écartés, il se tourna, souriant, vers la trirème. L’équipage et les hommes de sa suite se mirent à rire. Il se retourna, contemplant les troupes auxiliaires. Un grand rire se propageait dans les rangs. Le regard sombre de l’officier y coupa court.
    — Marcus Clodius Ballista, Vir Egregius, Chevalier de Rome, Dux Ripæ , Commandeur des rives.
    À la voix tonnante du héraut succéda un silence anormal. Après un moment d’hésitation, l’officier des auxiliaires s’avança.
    — Titus Flavius Turpio, Pilus Prior, premier centurion, de la Cohors XX Palmyrenorum Milliaria Equitata. Nous ferons ce qui nous est ordonné et nous nous tenons prêts.
    L’homme se mit au garde-à-vous.
    Le silence se prolongeait. Le visage brûlant de Ballista pâlit tandis que la colère montait en lui :
    — Où est votre officier de commandement ? Pourquoi le tribun de la cohorte ne s’est-il pas présenté comme on le lui avait ordonné ?
    Dans sa fureur, le nom du tribun lui avait échappé.
    — Je l’ignore, Dominus.
    Le centurion semblait contrarié – contrarié et quelque peu fuyant.
    Pour Ballista, tout cela n’augurait rien de bon et sa mission en Asie semblait bien mal s’annoncer. Et ce n’était pas à cause de son faux pas au bas de l’échelle, foutre non. C’était cette rebuffade qui rendait les choses ainsi. Ce salaud de tribun avait désobéi aux ordres. Quelle était la raison de cette inconvenance délibérée ? Était-ce parce qu’il n’était que chevalier, et non sénateur ? Ou bien à cause – c’était bien plus probable – de ses origines barbares ? Une telle désobéissance flagrante ne pouvait que saper l’autorité du nouveau Dux parmi les troupes. Mais Ballista savait que plus il s’en offusquerait, plus la situation empirerait. Il s’efforça d’adopter un ton civil en s’adressant au centurion.
    — Allons inspecter vos hommes.
    — Puis-je vous présenter le décurion [37] de cette turme [38] de la cohorte ?
    Le centurion fit signe à un homme plus jeune qui s’avança.
    — Titus Coeccius Malchiana. Nous ferons ce qui nous est ordonné et nous nous tenons prêts.
    Tandis que les trois hommes parcouraient le

Weitere Kostenlose Bücher