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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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réussissait à parer ou à esquiver. Enfin il vit l’ouverture et, du revers, s’apprêta à asséner un vicieux coup de taille à la tête de Maximus. L’Hibernien était à sa merci ; la spatha ne pouvait pas manquer sa cible. Les notes aiguës du fifre du maître de nage, couvrant les halètements et les piétinements des combattants, le sortirent de l’état second dans lequel il se trouvait et, à la dernière seconde, il retint son geste.
    — Port en vue par tribord avant. Séleucie de Piérie, cria l’officier de proue.
    Ballista et Maximus s’écartèrent l’un de l’autre et abaissèrent leurs épées. Les acclamations firent sursauter Ballista. Il mit un moment à se rendre compte que les hommes n’applaudissaient pas l’apparition de la destination finale du Concordia, mais le combat que Maximus et lui-même venaient de livrer. Il leva la main en guise de salut et rejoignit son garde du corps.
    — Merci.
    — De rien, ça a été un plaisir d’essayer de rester en vie, répondit Maximus. Tu aurais massacré une horde d’hommes moins entraînés.
    — Dans ma colère, je me suis mis maintes fois à la merci d’un coup fatal porté par un bon bretteur, il aurait suffit qu’il veuille me voir mort. Merci.
    — Oh, je savais bien que tu n’essayais pas vraiment de me tuer. Me remplacer coûterait bien trop cher.
    — C’était bien là mon premier souci.
    Cela avait été une bêtise de rester dans sa cotte de mailles. Tandis que chacun de ses hommes prenait place sur le pont, semblant rafraîchis et portant des habits propres, Ballista se maudit intérieurement de n’avoir pas demandé au triérarche combien de temps il faudrait au Concordia pour mouiller au port. Il réclama du vin coupé d’eau. L’assaut l’avait fatigué et lui avait donné chaud. Il transpirait abondamment sous le soleil syrien.
    Mais il y eut un contretemps. Un gros navire marchand ventru avait complètement raté sa manœuvre pour virer par vent devant et avait heurté un navire de guerre impérial. Leurs beauprés s’étaient emberlificotés et les deux navires bloquaient l’embouchure du canal menant au port.
    Debout à la proue, Ballista vérifiait la position du Concordia. Au sud, par-dessus le flanc tribord, la butte verte du Mont Cassios. Au sud-est, par tribord arrière, s’étendait la luxuriante plaine alluviale de l’Oronte. Droit devant, la ville de Séleucie, sur les contreforts du mont Piérie, qui s’élevait en arc vers la gauche avant de se dissoudre dans une série de lacets.
    Le navire de guerre, une petite liburne [35] , réussit à se dégager, vira et fila au nord-ouest vers la baie d’Issos, non sans que ses matelots eussent adressé une intéressante variété de gestes obscènes à ceux du navire marchand, lesquels, probablement penauds, se saisirent de leurs avirons et entreprirent de ramer face au vent jusqu’à ce que leur navire eût la place de manœuvrer pour descendre ou remonter la côte.
    Séleucie, la principale ville maritime de Syrie, avait deux ports. L’un, une misérable crique offerte aux vents dominants, était généralement considéré comme peu sûr, seulement digne des pêcheurs côtiers locaux. L’autre, beaucoup plus monumental, différait en tout point : c’était un immense bassin artificiel de forme polygonale, protégé des vents d’ouest par un long canal coudé.
    Ballista était assez conscient de son mandata impérial pour se soucier de la sécurité de Séleucie, même s’il ignorait comment il allait pouvoir mettre l’ordre à exécution lorsqu’il serait à Arété, à plusieurs centaines de milles. Il observait les approches de la ville. Comme le canal était juste assez large pour laisser passer deux navires de guerre naviguant de front, il aurait été assez aisé d’en interdire l’accès à l’aide d’une chaîne ou d’un barrage quelconque. Mais il n’y avait rien de tout cela.
    Le port lui-même n’était guère plus encourageant. Il était grand et plusieurs navires marchands y étaient amarrés, mais il se dégageait de l’ensemble une impression de négligé. Une jetée s’était effondrée et une grande quantité de détritus flottait un peu partout. Le fait que seuls trois navires de guerre fussent à l’eau était encore plus préoccupant pour Ballista. Les rostres de six autres navires pointaient à l’extérieur de leurs hangars. C’était le port d’attache de la flotte syrienne, mais il n’y avait là que

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