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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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grands édifices (amphithéâtre, théâtre, hippodrome) qui pouvaient servir de bastions improvisés. Les larges rues principales constituaient de bons axes pour la communication et la répartition des renforts. L’Oronte ainsi que deux petits ruisseaux descendant de la montagne fournissaient d’abondantes provisions en eau. Et, malgré tout cela, la ville était tombée aux mains des Perses.
    C’était une histoire de trahison typiquement grecque. Un membre de l’aristocratie d’Antioche, un certain Mariadès, avait été arrêté pour détournement de fonds aux dépens d’une des équipes d’auriges. Échappant à une condamnation certaine, il était devenu hors-la-loi. Après une brève mais fructueuse carrière comme bandit, il avait traversé l’Euphrate et s’était enfui. Lorsque Shapur avait envahi la Syrie trois ans auparavant, Mariadès lui avait servi de guide. L’armée perse étant cantonnée à quelque distance d’Antioche, les riches avaient quitté la ville. Les pauvres quant à eux, peut-être parce qu’ils étaient plus disposés au changement, peut-être parce qu’ils n’avaient aucun moyen de s’enfuir, restèrent sur place. Des amis de Mariadès ouvrirent les portes de la ville. Si des promesses avaient été faites aux traîtres, elles ne furent pas tenues. Antioche fut pillée et, pour une bonne part, incendiée. Et Mariadès retourna en Perse avec Shapur.
    Pour un homme chargé de la défendre, un ingénieur de siège, Antioche – tout comme Séleucie – était des plus déprimantes. Deux simples enseignements pouvaient être tirés. D’abord, les Perses sassanides excellaient dans l’art de prendre des places fortes. Ensuite, les habitants de ces villes fortifiées les défendaient mal. Ballista se demandait combien d’entre eux allaient suivre l’exemple de Mariadès, combien décideraient de rejoindre les Perses, ou tout au moins de ne pas se battre contre eux, et ce qu’il était advenu de Mariadès. Plus il découvrait de choses sur la Syrie, plus sa mission semblait compromise.
    Le moment présent, Turpio en tête, occupait maintenant ses pensées. Combien de temps fallait-il donc au centurion pour mettre cette turme de cavalerie en ordre de marche ? Coeccius, le décurion, et lui allaient et venaient à cheval devant la colonne, entrant et sortant du faisceau des torches, hurlant des ordres.
    Aux yeux de Ballista, l’allure des hommes de la troupe, pris individuellement, était tout à fait conforme avec ce que l’on attendait d’eux – chevaux bien soignés, casques et armures en bon état, armement complet et à portée de main. Ils avaient l’air de rudes gaillards. Ils montaient bien à cheval. Pourtant, quelque chose n’allait pas. Ils ne formaient pas une unité soudée. Ils se gênaient les uns les autres. Ils semblaient maussades. Il n’y avait rien de cet entrain propre à un groupe de soldats heureux d’être ensemble.
    Turpio apparut enfin. Il était tête nue, son casque attaché à sa selle, ses cheveux et sa barbe coupés court humides de brume.
    — La colonne est prête à se mettre en marche.
    Ballista avait toujours l’impression que Turpio le mettait au défi de mettre en doute ce qu’il disait, tout en redoutant qu’il le fît. Il n’avait pas appelé Ballista Dominus.
    —  Très bien. Maximus, déploie mon étendard et allons inspecter les hommes.
    Le garde du corps retira le draco blanc de sa housse. En l’absence de brise, la manche à air en forme de dragon pendait au bout de sa hampe lorsqu’il l’éleva.
    D’une pression des cuisses, Ballista fit avancer son cheval gris qui partit au pas. Ils doublèrent d’abord l’arrière-garde, trente cavaliers commandés par Coeccius, puis la suite et le train des équipages que dirigeait Mamurra et enfin, l’avant-garde, constituée des trente cavaliers restant, qui serait placée sous le commandement de Turpio. Mis à part les problèmes habituels que l’on rencontrerait peut-être avec les civils employés au train des équipages, toute la troupe semblait prête à jouer son rôle.
    — Bien. Je chevaucherai ici avec toi, Centurion. Envoie deux éclaireurs en reconnaissance.
    — C’est inutile. Il n’y a pas de forces ennemies à des centaines de milles à la ronde.
    Ballista savait qu’il devait affirmer son autorité.
    — Qu’ils se tiennent à environ un demi-mille devant la colonne.
    — Nous sommes juste à l’extérieur de la porte principale de la capitale

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