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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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large quai, Turpio, le centurion, quelque peu inquiet, noyait Ballista sous un flot de paroles :
    — Comme vous le savez certainement, la Cohors XX Palmyrenorum Milliaria Equitata est une double unité d’archers, de plus d’un millier d’hommes. C’est une unité mixte, de neuf cent soixante hommes d’infanterie et trois cents cavaliers. Ce qui la rend unique dans l’armée est son organisation. Notre cohorte ne comporte que six centuries d’infanterie et cinq turmes de cavalerie, mais tous les effectifs sont doublés ; nous avons donc cent soixante hommes dans chaque centurie au lieu de quatre-vingts, et soixante cavaliers dans chaque turme au lieu de trente. Nous avons aussi vingt hommes montés à dos de chameau ; surtout pour les messages, ce genre de choses, bien qu’ils nous servent aussi à effrayer les chevaux non dressés – c’est fou comme les chevaux détestent l’odeur du chameau, ha, ha, ha !
    Le mélange de fierté manifeste et de nervosité extrême rendait Ballista perplexe. Le torrent de paroles du centurion se tarit lorsqu’ils arrivèrent devant les rangs des soldats.
    Il y avait bien soixante hommes dans la turme dirigée par Coeccius. Les cavaliers étaient à pied, aucun cheval n’était visible. Ils étaient rassemblés en deux rangées de trente hommes. Leurs casques de cavalerie ainsi que leurs armures, descendant jusqu’à la taille et faites de plaques de métal assemblées, avaient été briquées. Les épées reposaient dans les fourreaux sur la hanche gauche. Les carquois, qui servaient aussi d’étuis pour les arcs, dépassaient au-dessus de l’épaule gauche. Chaque main droite empoignait une lance et sur chaque avant-bras gauche était attaché un petit écu rond où figurait une divinité guerrière. Au-dessus des têtes, l’étendard de la turme, un signum vert rectangulaire, flottait dans la brise d’ouest.
    Ballista prenait son temps. Il passa dans les rangs, observant les hommes attentivement. La troupe avait en effet fière allure. Mais ils avaient eu tout le temps de se préparer. La parade était une chose, le combat une autre. Il croyait pouvoir déceler une insolence maussade et muette sur les visages des hommes – mais son faux pas ainsi que l’absence délibérée de Scribonius Mucianus avait probablement exacerbé sa susceptibilité.
    — Très bien, Centurion. Les hommes ont-ils déjeuné ?
    C’était la huitième heure du jour, presque le milieu de l’après-midi.
    — Non ? Alors qu’ils rompent les rangs et regagnent leurs quartiers. La journée est trop avancée pour penser à gagner Antioche aujourd’hui. Nous nous mettrons en marche demain. Si nous partons à l’aube, cela nous laissera amplement le temps d’arriver avant la nuit, n’est-ce pas ?
    Une fois qu’on l’eut assuré que son appréciation était correcte, Ballista annonça qu’il allait se rendre sur l’acropole de la ville afin de remercier les dieux d’avoir permis que le navire parvînt à destination par un sacrifice.
    Évaluer les défenses de Séleucie de Piérie sous couvert d’honorer les dieux était paradoxalement déprimant. Par nature, la ville était bien protégée, avec des ravins sur trois côtés et la mer toute proche sur le quatrième. La main de l’homme l’avait aussi fortifiée. Ses murs de belle maçonnerie de pierres de taille étaient garnis à intervalles réguliers de hautes tours semi-circulaires bien placées. La grande porte du marché sur la route d’Antioche était une forteresse à elle seule. Des escaliers sinueux taillés dans le roc constituaient l’unique accès à l’acropole. La ville était éminemment défendable. Et pourtant, trois ans auparavant, elle avait été prise par les Sassanides.
    Les thermes attenants à la nouvelle forteresse impériale d’Antioche étaient somptueusement décorés. Turpio pensait qu’il était révélateur de l’état actuel de l’ imperium romanum qu’ils fussent en parfait état de marche alors même que la forteresse était inachevée. Il attendait dans le couloir menant à l’ apodyterium, le vestiaire. Sous ses pieds s’étendait la mosaïque typique de tous les thermes de l’empire, représentant un serviteur noir tenant un vase d’eau dans chaque main et coiffé d’une couronne de laurier.
    Marcus Clodius Ballista, le nouveau Dux Ripæ , pouvait bien se réjouir de ses trois noms, la marque du citoyen romain, c’était un parfait Barbare. Pendant leur trajet à

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