Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
Vom Netzwerk:
l’intérieur de l’office, au rez-de-chaussée de la tour sud de la porte de la Palmyrène. Il leva les yeux vers le mur nord de la cour, entre les deux énormes battants de bois de la porte. Le sommet du mur était enduit de plâtre et orné d’une scène d’offertoire. Baissant le regard, il aperçut un marchand sortir de l’office, monter sur un âne et s’en aller en poussant devant lui un autre âne. Le messager reprit sa contemplation du mur. À hauteur de tête et jusqu’en bas, les briques dont il était fait n’étaient plus enduites, mais recouvertes de graffitis, la plupart gravés ou peints en grec ou en araméen, quelques-uns en latin. Certains ne comportaient que deux mots : le nom d’un homme et celui de son père. Dans la plupart des cas, ces deux noms étaient précédés de la formule « Merci à toi, Tyché d’Arété. » Sans avoir besoin de regarder, le messager savait que le mur sud était en tout point semblable.
    — Ah, c’est encore toi. Les affaires marchent, on dirait.
    — Non, les affaires vont mal, répondit le messager.
    — Où vas-tu ?
    — En aval du fleuve. À Charax. En Perse.
    — Les hommes d’affaires ont besoin que leurs lettres parviennent à destination, quoi qu’en dise la politique. Qu’as-tu à déclarer ?
    Le douanier commença à ouvrir le panier le plus proche de lui sur le chameau.
    — Rien. Il n’y a rien là-dedans, à part mes vêtements de rechange et ma literie.
    — Il n’y a pas longtemps, un philosophe est passé par ici, dit le douanier en fouillant machinalement dans le panier. Il avait vraiment la tête de l’emploi : tout nu sous une cape de bure, une grosse barbe broussailleuse, les cheveux qui lui arrivaient au cul. Et sale avec ça ! Foutrement sale ! Mais ce n’était pas un cynique ayant fait vœu de pauvreté. Il était accompagné d’un joli garçon en guise de serviteur, d’un scribe pour écrire en abrégé et d’un calligraphe pour recopier au propre ses morceaux de sagesse.
    Le messager regardait de l’autre côté de la route le boukolos, le contrôleur de troupeaux, occupé à compter les chèvres qu’un nomade voulait vendre en ville. Il se demandait quand viendraient les pluies.
    — Alors je dis au philosophe : « Qu’apportes-tu en ville ? » et il me répond : « La tempérance, la justice, la discipline… » et deux ou trois autres choses de ce genre.
    Le douanier contourna le chameau et commença à ouvrir l’autre panier.
    — Il n’y a rien là-dedans, à part les trois codex scellés que je dois livrer.
    — Alors je lui dis comme ça : « Je me fiche des noms que tu as donnés à ces putains, il va falloir payer la taxe ! » Et l’autre qui me répond : « On ne peut pas taxer la vertu. »
    Le douanier se mit à rire. Le messager sourit poliment.
    Le telones referma le panier contenant les tablettes à écrire et le messager déposa quelques pièces dans sa main.
    — Il y en a vraiment qui ne comprennent rien à la plaisanterie. Ce bougre d’âne était là au milieu de la route, exactement à l’endroit où tu es maintenant, avec son joli garçon, son scribe et son calligraphe. Et pas une fille en vue ! Quel bougre de con !
    Le messager monta en selle, claqua son fouet et le chameau se leva.
    — Bon voyage.
    Et c’est ainsi que la lettre du traître quitta Arété.
    De gros nuages noirs s’amoncelaient au nord-ouest. De temps à autre, on percevait un grondement de tonnerre à peine audible.
    Ballista souffrait de maux de tête lancinants. Ils disparaîtraient sans doute lorsque l’orage atteindrait Arété.
    Plusieurs heures s’étaient écoulées depuis les manœuvres sur le campus martius. La journée s’était annoncée longue, elle avait été interminable. Comme on le lui avait ordonné, Acilus Glabrio, accompagné de son comptable et de son secrétaire, s’était présenté aux principia à la quatrième heure. L’exactor et le librarius avaient exposé dans le moindre détail tous les documents pertinents au nouveau Dux Ripæ , à son prœfectus fabrum et à son accensus. Ballista, Mamurra et Demetrius s’y étaient plongés tout entiers. Pendant ce temps, Acilius était resté assis sur sa chaise, à contempler son baudrier richement ouvragé. Tout, absolument tout ce qui concernait la vexillatio de la Legio IIII Scythica était en ordre. L’effectif était quasiment au complet ; très peu d’hommes manquaient à l’appel ou se trouvaient à

Weitere Kostenlose Bücher