Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
Vom Netzwerk:
Chafer Avira n’existent pas ou n’existent plus. Becchufrayn est à des milles en aval de l’Euphrate, entre les mains des Sassanides. Cela fait des années qu’un soldat romain n’y a mis les pieds. Castellum Arabum est bien réelle. Son existence est peut-être trop récente pour qu’elle figure sur les cartes officielles.
    — Quel pourcentage prenais-tu ?
    — Dix, répondit Turpio promptement. J’ai tout mis en dépôt chez quelqu’un en ville. Je n’ai rien dépensé. Je peux tout rembourser.
    Le tonnerre éclata au-dessus d’eux, puis le silence se fit.
    Ballista reprit enfin la parole.
    — Quel genre de chantage exerçait-il sur toi pour te contraindre à être de mèche avec lui ?
    Turpio ne dit rien.
    — Était-ce des dettes ? Une femme ? Un garçon ?
    — Quelle importance ?
    Un éclair illumina la pièce. Le visage de Turpio semblait plus pâle que jamais.
    — Cela en a, si cela peut se reproduire.
    — Cela ne peut pas se reproduire, dit Turpio.
    — Je devrais te faire décapiter au milieu du campus martius.
    Ballista laissa la menace planer un long moment.
    — Au lieu de cela, je te nomme commandant suppléant de la cohorte.
    Turpio parut interloqué.
    — Il va falloir que tu prouves que tu es un bon officier. Il est trop tard désormais pour obtenir de nouvelles recrues, mais au printemps prochain, je veux que cette cohorte soit prête au combat. Je veux que tu entraînes les hommes jusqu’à épuisement. Oh, et puis tu peux rembourser l’argent à Demetrius. Il servira à acheter des équipements de rechange.
    Turpio commença à remercier Ballista qui coupa court à ses effusions.
    — Cette conversation ne sortira pas d’ici. Contente-toi de ne pas trahir ma confiance.
    Dehors, la pluie martelait le toit plat. Les maux de tête de Ballista avaient presque disparu.

VIII
    Il avait plu toute la nuit, puis toute la journée. Demetrius commençait à se demander si cela cesserait un jour. Les gouttières sur la terrasse, qu’il n’avait pas remarquées jusqu’alors, évacuaient des trombes d’eau sur le versant de la falaise. À la fin de l’après-midi, il y avait déjà, dans le lit du ravin nord, un torrent capable de charrier de petits rochers. Au-delà, les eaux de l’Euphrate, chargées de boue, avaient pris une couleur marron.
    Le Déluge primordial devait avoir commencé ainsi. Zeus, indigné par les crimes de l’humanité, décida de provoquer un déluge afin de mettre un terme aux tueries, aux sacrifices humains et au cannibalisme. Un homme, Deucalion, prévenu par son père immortel le titan Prométhée, avait construit une arche. Neuf jours après, guidée par une colombe, l’arche avait déposé Deucalion et sa femme Pyrrha sur le Mont-Parnasse – ou, selon d’autres sources, sur les monts Etna, Athos ou Othrys. D’autres avaient pu gagner les hauteurs, avertis par les cris des grues ou les hurlements des loups. Parfois, Demetrius se demandait si Zeus avait eu raison de leur permettre de s’échapper.
    Dès que l’invitation à dîner de Iarhai leur était parvenue, Demetrius sut qu’elle ne pouvait que leur attirer des ennuis. Ballista avait tout de suite accepté, même s’il savait bien que d’un point de vue politique, ce n’était guère heureux : son acceptation ne servirait qu’à s’aliéner un peu plus Ogelos et Anamu. Bathshiba était la cause d’un tel aveuglement, Demetrius en avait la certitude.
    Il faisait presque nuit lorsque le groupe de dix personnes se mit en route. Les invités, Ballista et Mamurra, étaient accompagnés de Demetrius, Bagoas, Maximus et de cinq soldats choisis parmi les equites singulares. Les torches s’éteignirent aussitôt sous la pluie torrentielle et quelques instants plus tard, Demetrius sut qu’il était perdu. Il envia à Ballista et à Maximus leur capacité à toujours retrouver leur chemin.
    Ils frappèrent à la porte et un portier les fit entrer. Demetrius et Bagoas suivirent Ballista et Mamurra tandis qu’on les menait dans les profondeurs de la maison.
    La salle à manger mariait l’Orient et l’Occident. Par terre, une mosaïque typiquement grecque ou romaine dépeignait les reliefs d’un repas : arrêtes de poisson et os d’animaux, coquilles de noix, noyaux d’olives, cerises non consommées. Des tapis persans pendaient aux murs. Des lampes de métal ouvragé diffusaient une lumière tamisée et des cassolettes remplies de cannelle, de baumes et de myrrhe réchauffaient

Weitere Kostenlose Bücher