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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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rang de tirer. Ballista compta plusieurs secondes entre la première flèche et la dernière. Lorsqu’on en vint au cinquième rang, toute velléité de tirer par volées avait disparu. Après l’ordre de cesser le tir, les flèches continuèrent à s’abattre pendant encore quelques instants. Qu’un archer ayant sorti une flèche de son carquois, l’ayant fixée à son arc avant de le bander, préférât désobéir à un ordre plutôt que se donner la peine de la remettre en place montrait bien à quel point la discipline s’était relâchée. Les manœuvres de l’unité pour se remettre en ligne à l’autre bout du champ d’exercice furent encore plus brouillonnes que précédemment, à supposer que cela fût possible.
    — Mais où donc sont passés les autres ? Et comment se fait-il que parmi ceux qui sont là, la moitié n’ait pas son équipement ? murmura Maximus à l’oreille de Ballista.
    Ballista n’en pensait pas moins. La seule chose pouvant, à ses yeux, racheter en partie une aussi piètre prestation était que l’adresse au tir individuel ne semblait pas trop mauvaise. La plupart des flèches était regroupées autour des mannequins de bois alignés le long du mur ouest.
    Un buccin sonna la charge et, après quelques instants, deux groupes de cavaliers – vraisemblablement deux turmes de la Cohors XX – pénétrèrent au galop sur le Champ de Mars. Il devait y avoir environ soixante hommes dans chaque groupe. Le plus proche semblait être la turme de Cocceius, qui avait accompagné Ballista depuis Séleucie, mais il régnait un tel désordre dans les rangs des deux groupes qu’on ne pouvait être sûr de rien. Ils s’approchèrent des cibles fixes et, dès qu’ils furent à portée, commencèrent à décocher leurs flèches. À soixante pas, chaque cavalier tourna bride vers la droite et tenta de tirer à la mode parthe, par-dessus l’arrière-train du cheval pendant qu’il s’éloignait au galop. Comme les deux turmes ne formaient pas de colonnes organisées, mais galopaient en une masse confuse, la manœuvre était hasardeuse : les cavaliers couraient le risque de se tirer dessus et les chevaux celui de se rentrer dedans. Malgré tout, l’exercice se déroula sans incident majeur. Un cheval se cabra, refusant de tourner, et continua à galoper droit devant. Son cavalier se jeta à terre avant d’atteindre la zone des cibles copieusement arrosée de flèches. Un autre, ayant fait volte-face et se retrouvant sur le chemin d’un de ses congénères, planta ses sabots dans le sol et refusa. Son cavalier fut propulsé par-dessus l’encolure et s’étala sur le sable.
    Pendant ce temps-là, les trois autres turmes avaient pénétré dans le calme sur le campus martius et s’étaient alignées en colonne par quatre à droite de la tribune. Mais elles comptaient à peine la moitié de l’effectif, seulement une trentaine de cavaliers chacune. Ballista voyait bien ce qu’essayait de faire Turpio : dissimuler le fait que l’unité souffrait d’un sous-effectif massif et qu’elle était terriblement mal entraînée. Le centurion devait avoir pris des hommes dans trois des cinq turmes afin d’en constituer deux dont les effectifs étaient au complet, en espérant que leurs pitreries fissent oublier les absents dans les trois autres.
    Une fois que les deux chevaux eurent été rattrapés et que leurs cavaliers furent remontés en selle, les deux turmes complètes se mirent en formation devant leurs compagnons d’armes. L’ordre fut donné aux deux groupes d’exécuter le cercle cantabrique, un simple exercice de monte en formation dans lequel une unité de cavalerie galope en cercle vers la droite, afin de toujours présenter à l’ennemi le côté protégé par les boucliers, chaque cavalier décochant une flèche au moment où il se trouve le plus près d’une cible ennemie. Toutes les unités de cavalerie de l’empire pratiquaient l’exercice, mais à la connaissance de Ballista, aucune armée romaine n’avait appliqué cette tactique au combat.
    Au début, tout se déroula pour le mieux. Le Champ de Mars était entièrement investi par deux cercles de cavaliers tournoyant dans la même direction. Les chevaux allaient au petit galop. Les murs répercutaient le bruit des sabots martelant le sol, la vibration des cordes des arcs, le sifflement des flèches traversant les airs et le choc sourd qu’elles faisaient en atteignant leurs cibles. Des nuages de poussière

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