Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
Vom Netzwerk:
dès leur arrivée, le comptable et le secrétaire fussent conduits dans une pièce attenante à la première cour. Calgacus devait faire en sorte que Turpio entendît que l’on leur proposait à manger et à boire. Turpio quant à lui devait attendre dans le vestibule principal donnant sur la seconde cour. On ne devait rien lui proposer, pas même une chaise. Maximus était chargé de l’avoir à l’œil – ou de se comporter de manière à ce que Turpio crût qu’on le surveillait.
    Calgacus toussa.
    — Ils sont là.
    — Bien, laissons-le mariner un peu.
    Ballista fit les cent pas sur la terrasse pendant un moment. De l’autre côté de l’Euphrate, un homme sur un âne se dirigeait vers le fleuve. Ballista se demandait s’il y arriverait avant la pluie. Il se tourna vers Mamurra et Demetrius. « Faites-le entrer. Finissons-en. »
    — Premier centurion.
    —  Dominus.
    Turpio semblait au bout du rouleau. Ses épaules étaient voûtées et il regardait par en dessous. Il avait des cernes bleu-noir sous les yeux.
    Ballista appuya le bout de ses doigts sur la table. Il contempla les documents pendant un instant puis leva brusquement les yeux sur Turpio.
    — Depuis combien de temps Gaius Scribonius Murcianus et toi détournez-vous les fonds de l’armée ?
    Turpio ne se démonta pas.
    — Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, Dominus.
    —  C’est la plus vieille combine du monde.
    Ballista tentait de réprimer la fureur qui montait en lui.
    — Le premier centurion et le commandant de l’unité se mettent d’accord.
    Turpio détourna les yeux. Ballista continua impitoyablement :
    — Lorsqu’un homme meurt ou est transféré, on ne le raye pas des cadres. Lorsque de nouvelles recrues sont nécessaires, on inscrit de faux noms. Les recrues imaginaires et les morts sont envoyés « en détachement ». Leur solde continue à être payée et elle est conservée par le commandant et le premier centurion.
    Ballista marqua une pause.
    — Tu voudrais me faire croire que quatre-vingt-cinq hommes de cette unité sont partis à la chasse aux lions. Plusieurs des lieux où d’importants détachements de cette unité sont censés être cantonnés selon toi – Castellum Arabum, Chafer Avira, Magdala – ne figurent même pas sur les cartes officielles de la région.
    À la mention du premier nom, Turpio leva les yeux puis les baissa à nouveau.
    — Cela a bien fonctionné pendant un temps. Maintenant, c’est fini. Gaius Scribonius Murcianus et toi avez été habiles, mais pas assez. Vous avez omis de créer des comptes pour les soldats imaginaires.
    Ballista se pencha en avant, tout près de Turpio.
    — Tout est fini. Scribonius s’est enfui et il te fait porter le chapeau. Si tu ne parles pas, la meilleure chose qui puisse t’arriver, c’est d’être dégradé publiquement. Si tu me dis tout, cela pourrait peut-être s’arranger. C’était l’idée de Scribonius ?
    Turpio se raidit.
    — C’est mon officier de commandement. Je ne dirai rien qui puisse l’incriminer.
    — Ta loyauté est tout à ton honneur. Mais il ne la mérite pas, il s’est enfui comme un lâche.
    Ballista marqua une nouvelle pause. Ses maux de tête lui donnaient la nausée.
    — Tu vas tout me dire. D’une manière ou d’une autre.
    Cette dernière précision n’avaient nul besoin d’être soulignée.
    — Si tu me racontes tout, tu auras une chance de te racheter, de retrouver ton amour-propre et le respect de tes hommes. Je vais te laisser y réfléchir.
    Ballista se retourna et, suivi de toutes les personnes présentes à l’exception de Turpio et de Maximus, sortit sur la terrasse. Il alla s’appuyer sur la balustrade. Sa tête lui semblait sur le point d’éclater. L’homme sur son âne n’était nulle part en vue.
    Les premières grosses gouttes de pluie tombèrent. Lorsqu’ils revinrent sous le portique, l’air était déjà saturé d’eau. Turpio n’avait pas eu besoin de réfléchir longtemps.
    — C’est l’année dernière, après les combats pour chasser les Perses d’Arété, que Gaius Scribonius Mucianus m’a expliqué ce que nous allions faire, dit Turpio à peine Ballista fut-il entré. La cohorte avait essuyé des pertes. Il a dit que c’était le moment de mettre le plan à exécution.
    Il s’arrêta un instant pour rassembler ses pensées.
    — C’est bien ce que vous avez pensé. La plupart des hommes marqués en détachement n’existent pas. Magdala et

Weitere Kostenlose Bücher