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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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utilisés à d'autres tâches : Fleury, bien sûr, qui garde la haute main sur les relations avec l'armée, Vaudrey qui ne se contente pas de gouverner le palais, Edgar Ney, qui ne s'occupe pas que des chasses, Bacciochi, qui ne se borne pas à introduire les ambassadeurs, et encore Bure, le frère de lait, qui gère la fortune personnelle, Thélin, qui tient la cassette, et l'inévitable docteur Conneau, médecin, compagnon, véritable gourou, qui reçoit tous les quémandeurs: ce dernier, comme tous les autres mais plus qu'eux encore, se voit confier les missions les plus diverses et son avis est, en maintes occasions, sollicité.
    Bientôt, la vie s'organise. On voit les années se succéder avec un même calendrier en forme de rituel. Car l'empereur et la Cour circulent, comme aujourd'hui le roi du Maroc va de palais en palais. Là où est le roi, là où était l'empereur, là est le centre de décision et la capitale de fait.
    L'empereur passe les mois d'hiver et le début du printemps au palais des Tuileries, bientôt réuni au Louvre, l'ensemble constituant progressivement une véritable cité impériale. Le bal des Tuileries, en janvier, est l'un des grands moments de l'année.
    En mai, le souverain et la Cour s'installent à Saint-Cloud, avant de repartir souvent en juin et au début de juillet à Fontainebleau où alternent promenades et parties de canotage.
    Juillet et août sont les mois des cures thermales, avec, en sus, à partir de 1856, un bref séjour au camp militaire de Châlons.
    Les cures auront une grande importance dans l'histoire du second Empire. Ce sont des périodes de liberté et d'autonomie pour Louis Napoléon: l'entourage est réduit, le gouvernement est loin, ses mains sont libres. Il ne se privera pas d'en profiter. L'impératrice, qui raffole des bains de mer, se rend pendant ce temps à Deauville ou à Dieppe, deux stations qu'elle contribue à lancer, puis à Biarritz, où elle fait construire la fameuse « Villa Eugénie ». Il lui arrive aussi de rejoindre brièvement son époux.
    Louis Napoléon se rendit ainsi à Plombières pour soigner sesrhumatismes en 1856, 1857 et 1858. Il n'y fit que deux très brèves visites en 1859 et 1861. Cette même année, les trois suivantes et en 1866, il alla à Vichy soigner son foie, et revint à Plombières en 1865 et 1868.
    L'intérêt des cures à Vichy a été fort discuté. Certains ont même prétendu, après coup, qu'elles ne pouvaient qu'aggraver les calculs dont commençait à souffrir Louis Napoléon. En fait, comme l'a signalé le docteur Jacques Laurent Arnaud, le débat n'a pas lieu d'être: pour ce qui est de la boisson, la cure de Louis Napoléon se réduisait à l'absorption de quelques verres d'eau; l'essentiel consistait « en bains tièdes émollients d'une durée d'environ trois quarts d'heure, qui accentuaient encore la langueur du malade ».
    Vichy compta donc surtout comme un haut lieu de la politique et de la diplomatie. C'est là que l'empereur s'évertuera à réconcilier Morny et Rouher lorsque l'une de leurs nombreuses brouilles prit des proportions fâcheuses. C'est là encore qu'eurent lieu ses entretiens fameux avec le roi des Belges ou l'Espagnol Prim. Mais la palme, de ce point de vue, revient à Plombières. Il semble que Louis Napoléon apprécia tout particulièrement la station vosgienne dont sa mère lui avait souvent parlé et où pratiquement tous les Bonaparte et leur entourage avaient séjourné: Madame Mère, Joséphine, Louis, Pauline mais aussi Bernadotte, Caulaincourt, Clarke, Ney, Oudinot, Mme Récamier...
    C'est là qu'il recevra Cavour pour préparer l'affaire italienne et — sans doute — Bismarck, quelques années plus tard. Sur place, il alterne travail, promenades et soins. C'est à Plombières qu'il signe, par exemple, le 21 juillet 1857, le décret portant création du corps des tirailleurs sénégalais...
    Il mène une vie simple, cette vie simple qu'il affectionne. Jean Kastener, historien de Plombières, raconte :
    « Vers le soir, alors que le jour tombe, l'Empereur va parfois se placer sur le balcon du premier étage de la maison contiguë à sa résidence, laquelle maison a été louée pour y installer ses services.
    « Elle existe encore, c'est le numéro 3 de la rue Liétard; là, accoudé sur la grille, il fume son éternelle cigarette. Tantôt il est rêveur, pensif, tantôt il regarde curieusement le va-et-vient de la foule bariolée des baigneurs et même il entend, amusé,

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