Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
Vom Netzwerk:
sensible Eugénie explique ainsi qu'elle a dû revêtir ses « habits politiques ».
    Pour Louis Napoléon, la Cour, avec son train de vie, répond bien, en effet, à une exigence d'ordre politique : elle est la vitrine de la France. On serait tenté de dire que, comme il ne peut être question d'organiser tous les ans une Exposition universelle, la finalité de cette Cour — avec ses cérémonies, ses réceptions, ses fêtes — est d'être, dans l'intervalle, le reflet de la splendeur, de la puissance, et de la gloire de la France.
    Il s'agit d'étonner et d'impressionner, à l'intérieur comme à l'extérieur. Le souci de communication est double : il faut que l'étranger accepte comme allant de soi le rôle dominant qui revient à la France; il faut que les Français qui comptent, ceux qui créent, qui imaginent, qui inventent, soient incités à se mobiliser, en s'identifiant à la cause nationale qu'ils ont à servir.
    Là est l'important. Dès lors, il ne faut pas se laisser prendre aux pépiements de quelques femmes fascinantes, dont la légèreté n'exclut d'ailleurs pas l'esprit: sans le savoir, la princesse de Metternich, épouse de l'ambassadeur d'Autriche, et les autres coqueluches de l'époque que sont par exemple la comtesse Walewska ou la duchesse de Persigny, sans parler — fulgurant passage — de la comtesse de Castiglione, sont au service d'une cause qui les dépasse.
    Pour sa part, Louis Napoléon, préférerait souvent être ailleurs,libre d'orienter son esprit vers ses domaines de dilection. On s'ennuie souvent à la Cour, et Louis Napoléon sans doute plus que tous les autres. En maintes occasions, on sent qu'il pense à autre chose, poursuivant une idée, mûrissant une intention, échafaudant une initiative.
    Néanmoins, un protocole strict s'imposait : au début, on avait eu une fâcheuse tendance à improviser. Ainsi le soir du repas de noces, faute de règle bien établie, personne ne songea à partir après le dernier plat. Et il fallut qu'Eugénie et Louis Napoléon prennent sur eux de s'éclipser...
    Pour l'étiquette, on s'inspira, sans grand souci d'originalité, du premier Empire. Le régime d'antan n'est cependant pas systématiquement imité. Il existe on ne sait quelle retenue, on ne sait quelle distance... Ce n'est pas un hasard. Paradoxalement, le second Empire sera moins... napoléoniâtre que la monarchie de Juillet... Et ce sont les républicains, plus généralement les opposants, qui se référeront sans cesse au premier Napoléon pour mieux critiquer le troisième. En fait, le régime paraît accepter de payer un tribut au passé, sans toutefois aller trop loin. Voilà qui est assez logique : le premier Empire est une référence, et n'est pas un héritage. A titre principal, c'est du peuple que Louis Napoléon veut tirer son pouvoir, non de sa filiation.
    Si la noblesse du premier Empire se voit reconnaître une place de choix — le comte d'Ornano est chambellan et le duc de Cambacérès grand maître des cérémonies —, la distribution de nouveaux titres va se situer dans de raisonnables proportions, et récompenser de vrais services. Quatre ducs, Morny et Persigny — sans qui on n'en serait pas là — dont deux généraux victorieux — Pélissier pour Malakoff et Mac-Mahon pour Magenta. Et seulement dix-neuf comtes, quatre vicomtes, seize barons, sans compter, il est vrai, quelque deux cents régularisations.
    Une organisation fort lourde se met en place : l'empereur, l'impératrice, le prince impérial — « Loulou » —, le prince Napoléon Jérôme et la princesse Mathilde ont chacun leur maison, dotée d'un nombreux personnel réparti en services. La maison civile de l'empereur, dirigée par un ministre — d'abord Fould, puis le maréchal Vaillant —, n'en comptait pas moins de six, organisés autour du grand aumônier, du grand maréchal du palais, du grand chambellan, du grand écuyer, du grand veneur et du grand maître de cérémonies. Quant à la maison militaire, elle necomptait pas moins d'une quinzaine de généraux, aides de camp, sans parler des officiers d'ordonnance... Certaines de ces fonctions correspondent à une activité très réelle. D'autres sont surtout honorifiques, car il faut bien donner à chacun une raison sociale.
    Il y a, en effet, des hommes qui, au-delà des titres pompeux qui leur ont été accordés et des emplois théoriques qui leur ont été réservés dans l'organigramme de la maison impériale, vont pouvoir être

Weitere Kostenlose Bücher