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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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passions battent dans les poitrines des femmes qui s’offrent ?
    Quand Racine lui-même, maître de la tragédie, historiographe du roi, est soupçonné d’être un empoisonneur, que ne peut-on imaginer ?
    Quel royaume, derrière les façades de Versailles ?
    Quelles forêts obscures et cruelles, au-delà des jardins réglés de Le Nôtre ?

58.
     
    Il voit s'avancer Gabriel Nicolas de La Reynie, et aussitôt sa gorge se serre, un poids écrase ses épaules, comprime sa poitrine.
    Ce n’est donc pas fini.
    Les cendres dispersées de la Voisin, comme celles il y a quatre ans, en 1676, de la marquise de Brinvilliers continuent d'empoisonner l’air dans ce château de Saint-Germain, où il reçoit le lieutenant général de police.
    Celui-ci paraît hésitant, puis commence à parler, tête baissée, comme un animal apeuré qui ne voit pas d’autre issue que d’avancer, même s’il devine qu’il va s’engouffrer dans une nasse.
    La Reynie dit que la Voisin a une fille, Marie-Marguerite, détenue, et qui, apprenant l’exécution de sa mère, a commencé à parler. Et les complices de la Voisin, l’abbé Guibourg, l’abbé Marielle et une autre empoisonneuse, la sorcière Françoise Filastre, ont confirmé ses dires.
    La Reynie s’interrompt, lève la tête.
    — Je veux tout connaître, dit Louis.
    La Reynie reprend, d’une voix monocorde, parfois haletante.
    Il parle d’abord de Mlle des Œillets.
    Tous l’ont citée, dit-il. Elle était au service de Mme de Montespan.
    Il hésite.
    — Tous l’ont reconnue quand le ministre Louvois et moi l’avons fait comparaître devant eux.
    Il s’interrompt encore puis poursuit :
    — Ils ont dit qu’ils ont vu souvent Mlle des Œillets chez la Voisin. Elle venait chercher des poudres blanches et noires pour sa maîtresse. Mais Mlle des Œillets a juré qu’ils mentaient tous et qu’ils ne l’avaient jamais vue.
    Qui croire ?
    Peut-être veulent-ils, en nommant ces dames de l’entourage du roi, prolonger leur vie.
    Louis est tenté de renvoyer La Reynie, de ne pas en savoir davantage, et cependant il veut aussi tout connaître.
    — Qu’ont-ils dit ?
    — Mme de Montespan voulait des poudres d’amour, murmure La Reynie. Puis elle a songé à faire remettre à Sa Majesté, par la Voisin, un placet imbibé de poison. Mais l’empoisonneuse qui s’est présentée dans la galerie du château de Saint-Germain n’a pas réussi. Les gardes l’ont écartée. Alors Mme de Montespan a voulu empoisonner Mlle de Fontanges avec des gants et des étoffes enduits de poison.
    La Reynie se tait.
    Louis renonce à l’interroger.
    Athénaïs a-t-elle pu vouloir le tuer de cette manière hasardeuse alors qu’il a passé tant de nuits auprès d’elle, et qu’il eût suffi qu’elle versât le poison dans l’une des boissons qu’elle lui servait ?
    Pourquoi cette machination incertaine du placet présenté au roi par une inconnue, la Voisin, qui avait si peu de chances dans la foule rassemblée dans la galerie du château de parvenir à ses fins ?
    Il doute. Peut-être est-ce une manœuvre de Louvois pour écarter Athénaïs.
    — Quoi encore ?… dit Louis d’une voix sourde.
    — L’abbé Guibourg prétend…
    Il faut écouter. Imaginer Athénaïs de Montespan, voilée, mais son corps dénudé sert d’autel au prêtre satanique. Et il faut savoir que la sorcière Françoise Filastre, égorgeuse d’enfants, a assisté à ses messes et servi Mme de Montespan.
    — Tout est transcrit, murmure La Reynie.
    Louis se souvient des moments de lassitude, des langueurs, des troubles de vision qu’il éprouvait parfois, après avoir aimé Athénaïs de Montespan.
    Peut-être était-ce là l’effet de ces « poudres d’amour » qu’elle utilisait pour aviver son désir ?
    Que faire ?
    La Chambre ardente va être saisie.
    Elle prendra connaissance et débattra de ces témoignages, qui ne sont peut-être que des mensonges. La vérité surgira-t-elle du scandale de ces délibérations ?
    Il doit trancher.
    Il veut connaître les avis de Colbert, de Louvois, de La Reynie, de Louis Boucherat.
    Il écoute Louvois le premier jour. Puis les trois jours suivants, les autres participants de ce comité qui discutent chaque fois quatre heures.
    Louvois est partisan de poursuivre l’enquête. La Reynie et Boucherat parlent peu. Colbert est sceptique. Ces accusations contre Mme de Montespan, dit-il, ne résistent pas à l’examen. La marquise avait tant

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