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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’attachement du peuple.
    Comment s’opposer à un tel ministre ?
    Louis plie, accepte de se laisser conduire, d’attendre le moment où le destin lui permettra enfin de saisir vraiment les rênes, de guider le char du royaume à sa guise.
    Pour l’instant, il faut apprendre. Il voit Mazarin jeter de la fenêtre de l’Hôtel de Ville de l’argent au peuple qui l’acclame. Voilà comment on conquiert les hommes.
    Louis se rend chaque jour plusieurs fois auprès du cardinal, et parfois il se mord les lèvres de déception et de colère, en pensant qu’il est à peine mieux traité par le cardinal que l’un de ces quémandeurs, de ces flagorneurs qui attendent d’être reçus.
    Puis ce sentiment se dissipe.
    Mazarin vient vers lui, toute douceur et tendresse, lui prend les mains, l’invite à s’asseoir à ses côtés, à examiner avec lui les dépêches qui vont être soumises au Conseil étroit, qui sera bientôt le Conseil-d’en-Haut, là où ne siègent que les principaux ministres, en compagnie de la reine et de Mazarin.
    Et Louis est assis entre eux. Souvent l’ennui le terrasse. Il le lève alors, entrouvre la porte, sort parfois, retrouve l’un de ses compagnons de chasse ou de danse.
    Puis il rentre dans la salle du Conseil. Il ne sera pas l’un de ces rois fainéants qu’il a toujours méprisés. Il veut savoir. Il veut trancher. Il observe et juge ces hommes que Mazarin a promus, ce Le Tellier chargé de la Guerre, et dont on dit qu’il mène durement l’éducation de son troisième fils François-Michel, et surtout ce surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, dont l’élégance et l’intelligence s’imposent souvent.
    Mazarin le loue. Fouquet trouve l’argent pour le royaume. Et l’on dit qu’il est parfois contraint d’engager les pierreries du cardinal auprès des prêteurs sur gages sans lesquels le Trésor royal serait en faillite.
    Louis écoute, observe Mazarin, qui a nommé aux côtés de Nicolas Fouquet un second surintendant, Servien. Parce qu’il faut que les hommes, même les meilleurs, se sentent talonnés par un rival.
    Et ces deux surintendants doivent surveiller Colbert, cet homme gris, qui n’assiste pas au Conseil mais que Louis aperçoit toujours à quelques pas de Mazarin. On dit de lui qu’il remplit les coffres de Son Éminence, en jonglant avec l’or, les épices et le sucre, qu’il a constitué une flotte de commerce pour le cardinal, armé des navires corsaires, et qu’il est le grand maître du trafic d’esclaves entre les côtes d’Afrique, Nantes et les Antilles, tissus contre bois d’ébène, chair humaine, et sucre en retour.
     
    Louis a assisté à ce jeu des hommes entre eux, a écouté la lecture des dépêches au Conseil, a ressenti cette tension entre les ministres, ces hommes toujours aux aguets. À saisir les regards langoureux que Mazarin jette sur la reine, et ceux tout aussi tendres de celle-ci sur son ministre, qu’elle reçoit souvent seule à seul, Louis éprouve de l’impatience. Il voudrait être maître du jeu, maintenant. Il lui semble qu’il a compris comment on conduit les hommes.
    Il a deviné ce que son confesseur, le père Paulin, chuchotait à Mazarin, s’imaginant n’être ni vu ni entendu.
    — Le roi, a murmuré Paulin, croît en sagesse et en dissimulation.
    Louis apprécie le jugement de son confesseur.
    Face aux hommes tels qu’ils sont, tels qu’il a appris à les connaître durant ces agitations terribles, ces Frondes durant lesquelles les plus proches, les princes de sang royal, ont eux aussi trahi, quel autre comportement serait possible ?
    Il faut feindre, être aux aguets, ne rien dévoiler de ses intentions. Être craint.
    C’est ainsi qu’on peut être un grand roi.
    Louis s’y essaie.
    Il passe au milieu des courtisans sans paraître les voir, ni entendre les phrases qu’ils lui adressent.
    Il jouit de l’inquiétude que souvent il perçoit dans les yeux de Mazarin quand, par un simple mouvement inattendu, Louis rappelle qu’il peut cesser d’accepter la tutelle du cardinal et de la reine, qu’il est le roi, le centre du pouvoir, sans lequel tout se défait.
    Il faut que chacun, du plus humble des sujets du royaume jusqu’au ministre, s’en souvienne.
    Louis ne l’oublie jamais. Il doit montrer à tous qu’il est comme le soleil, la source de la lumière qui éclaire tout l’univers.
    Il a à peine quinze ans.
     

10.
     
    Louis s’avance sur la scène.
    Le murmure d’admiration

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