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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dévotion sur les visages. Il n’entend que ces cris de « Vive le roi ! », les acclamations qui de la porte Saint-Honoré au Louvre accompagnent le cortège royal.
    Maintenant il peut régner, convoquer dans la grande galerie du Louvre pour un lit de justice les magistrats, et les voir accepter sans mot dire la condamnation à mort de Condé, l’exil de Gaston d’Orléans et de Mademoiselle sa fille, des parlementaires qui ont dirigé la révolte.
    Le roi regarde ces corps enveloppés de rouge et d’hermine s’incliner, s’engager à ne plus connaître des affaires de l’État, et à ne plus s’allier avec les grands.
    Et Louis, lentement, lit aux parlementaires la lettre qu’il vient d’envoyer au cardinal Mazarin, pour lui donner l’ordre de regagner Paris, pour servir le roi et donc le royaume.
    Ils se taisent. Ils se soumettent.
    Louis se retire.
    Il veut aller jusqu’au bout de sa vengeance.
    Il se souvient de cette nuit de février 1651, quand il a dû accepter d’être vu et dévisagé par cette foule de gueux défilant dans sa chambre, et feindre de dormir.
    Et le prince de Gondi, devenu cardinal de Retz, est l’un de ceux qui ont été à l’origine de cette humiliation, et aussi de cette peur. Louis convoque le capitaine des gardes. Il écrit :
    « J’ai commandé l’exécution du présent ordre. Se saisir de la personne du cardinal de Retz, l’arrêter mort ou vif, même en cas de résistance de sa part. »
    Mais il faut ruser, attendre que Retz se rende au palais du Louvre pour, ce 19 décembre 1652, présenter ses vœux au roi et à la reine mère.
    Plaisir de duper cet ennemi.
    Louis accueille le cardinal. Il faut bavarder avec lui, lui sourire, endormir sa méfiance, agir comme l’aurait fait le cardinal Mazarin, comme doit le faire un roi.
    Louis se sépare enfin de Retz, et il attend en priant dans sa chapelle que le capitaine des gardes vienne lui annoncer que le cardinal de Retz a été arrêté, qu’il n’a opposé aucune résistance, tant la surprise a été grande.
    C’en est fini des « agitations terribles », des Frondes. Louis prie.
    Le premier devoir d’un roi est de maintenir l’ordre dans son royaume.

DEUXIÈME PARTIE
1652-1661
     

9.
     
    Il ne doit pas montrer le mépris qu’il éprouve pour les hommes.
    Il les voit entrer déjà courbés dans la chambre de la reine où il se tient debout près du lit de sa mère.
    Il reconnaît des conseillers du Parlement, des marquis et des comtes, des pères jésuites et des évêques.
    Tous ceux-là avaient exigé que le cardinal Mazarin soit banni à perpétuité. Ils avaient ri en lisant ces vers, qu’ils avaient peut-être écrits :
    Ha ! ha ! Je vous tiens Mazarin
    L’esprit malin de notre France
    Vous avez fait cent mauvais tours
    Cardinal à courte prière
    Priape est chez vous à tout vent
    Vous tranchez des deux bien souvent
    Comme un franc couteau de tripière
    Et ne laissez point le devant
    Sans escamoter le derrière.
    L’un d’eux, un parlementaire, avait lancé : « Mazarin est la plus grande ordure du siècle ! »
    Et ce 3 février 1653, cet homme est là, servile. Il était aussi avec ceux qui sont allés accueillir Son Éminence à la porte Saint-Denis. On avait accompagné Mazarin jusqu’au Louvre, et le peuple avait acclamé le cortège.
    Et maintenant, on se pressait pour dire au cardinal : « Votre Éminence, il n’y a personne en France qui ne soit plus attaché que moi aux intérêts du roi et à ceux de Votre Éminence, et il n’y a rien que je ne fasse pour lui en donner des preuves quand il lui plaira de faire la faveur de m’ordonner quelque chose. »
    Ainsi sont les hommes, qu’ils soient du peuple, de la Cour, de l’Église ou du Parlement.
     
    Louis ferme à demi les yeux.
    On le salue à peine, on ignore presque la reine, mais on s’incline à toucher le parquet devant Son Éminence.
    Louis l’observe avec ce sentiment trouble qu’il éprouve chaque fois qu’il le côtoie. Il l’admire. Il l’aime. Il souffre de lui être ainsi soumis, mais il sait qu’il faut accepter cette domination. Mazarin est le plus habile, le plus dévoué à la monarchie.
    Il l’entend annoncer qu’il fera payer, dans les jours qui viennent, les rentes dues par le roi, à l’Hôtel de Ville. Et tous ces dos courbés frémissent de plaisir. L’un des édiles de Paris répond que la ville offrira en l’honneur de Son Éminence un grand banquet, où le cardinal pourra mesurer

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