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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pouvez arrêter une révolte qui peut devenir très dangereuse, surtout dans une conjoncture où faisant la guerre à toute l’Europe il est assez embarrassant d’en avoir une dans le cœur du royaume.
    Car le désordre, il ne le cache pas à Villars, s’aggrave. Des « cadets de la croix » pourchassent les camisards, aux côtés des dragons.
    L’Église bénit ces volontaires et leur promet l’indulgence pour les crimes et les viols qu’ils commettent.
    Et cependant, malgré les incendies et les pendaisons, les troupes royales viennent d’être défaites.
    Louis observe Villars qui paraît hésiter avant de relever un peu la tête et de dire :
    — Si Votre Majesté le permet, j’agirai par des manières toutes différentes de celles que l’on emploie, et je tâcherai de terminer par la douceur des malheurs où la sévérité me paraît non seulement inutile mais totalement contraire.
    Il est satisfait des propos de Villars. Il avait eu l’intuition que la répression ne réussirait pas seule à vaincre une rébellion conduite par des croyants exaltés, pour qui la mort au combat ou sous la torture est la preuve de la grâce du Christ.
    — Je m’en rapporte à vous, dit-il, et croyez bien que je préfère la conservation de mes peuples à leur perte, que je crois certaine si cette malheureuse révolte continue.
     
    Il va recevoir jour après jour les dépêches du maréchal de Villars.
    Il l’approuve d’offrir aux huguenots qui voudraient cesser le combat un passeport pour quitter le royaume.
    Louis contraint l’intendant Basville et le maréchal de Montrevel à se soumettre à l’autorité de Villars, et à accepter d’être présents dans le couvent des Franciscains de Nîmes, là où Villars a choisi de rencontrer, en lui garantissant sécurité et impunité, Jean Cavalier, afin de discuter des conditions de la reddition.
    Et Cavalier accepte.
    Et Louis est sûr désormais que la révolte va mourir.
    Villars lui a tranché la tête en ralliant Cavalier à la paix.
    Il y aura quelques soubresauts, quelques spasmes, mais la plaie se refermera.
    Louis est prêt, s’il le faut, à recevoir, à Versailles ce Jean Cavalier.
    Mais si quelques nouveaux chefs camisards veulent reprendre le flambeau de la révolte, qu’on soit sans pitié avec eux ! Qu’on les tue au combat ou qu’on les roue en place publique. Il ne faut pas permettre que des braises renaisse l’incendie.
    Il décide de faire duc le maréchal de Villars.
    Un roi doit savoir récompenser avec éclat ceux qui le servent bien !
     
    Il pense que jusqu’à ce 25 juin, l’action du maréchal de Villars est la seule qui, au cours de ces premiers mois de l’année 1704, ait desserré cet étau d’inquiétude.
    La guerre, les menaces qui pèsent sur les frontières, l’isolement du royaume, à l’exception de l’alliance avec la Bavière, les querelles qui à Madrid affaiblissent le pouvoir de Philippe V, la prise de Gibraltar par les Anglais n’ont cessé de le meurtrir.
    Et puis il y a le temps qui fuit, soixante-six ans de vie, et la mort qui s’approche, réduit au silence ces grands prédicateurs, Bossuet, Bourdaloue, que personne ne peut égaler.
    Mais tout à coup, ce cri, qui chasse les pensées moroses, ce corps maculé qui apparaît entre les chairs meurtries de la duchesse de Bourgogne. Et cette voix d’un chirurgien qui montre l’enfant, qui dit : « Votre Majesté, c’est un fils. »
    Le duc de Berry court chercher son frère, cependant que l’on s’agenouille et sanglote, que l’on remercie Dieu.
    Louis s’approche de la duchesse de Bourgogne, au visage couvert de sueur, aux traits creusés.
    Il l’embrasse et ne peut retenir ses larmes. Marie-Adélaïde vient de lui donner sa plus grande joie.
    Il remercie Dieu de cette grâce.
    Il est bisaïeul. Il y a dans cette chambre son fils le Grand Dauphin, ses petits-fils le duc de Bourgogne et le duc de Berry, et ce nouveau-né, son arrière-petit-fils qui portera le titre de duc de Bretagne.
    Il ne remerciera jamais assez Dieu de ce privilège que le ciel n’a accordé à aucun roi avant lui.
    Il veut que, bientôt, des fêtes saluent la naissance de ce duc de Bretagne.
    Il faut que des courriers annoncent dans toutes les provinces du royaume et dans toutes les cours d’Europe qu’un prince de sang royal est né, que la puissance du royaume de France se trouve ainsi renforcée.
    Il prie, alors que le cardinal de Coislin ondoie l’enfant. Il

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