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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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en Catalogne, s’emparent de Barcelone, et l’archiduc de Habsbourg, qui se proclame Charles III d’Espagne, pénètre dans la ville qui l’acclame !
    Même si, dans le Piémont, le duc de Vendôme remporte à Cassano une victoire sur le prince Eugène de Savoie, et s’ouvre ainsi la route de Turin, la guerre est comme une maladie qui s’aggrave.
    Même si, sur le Rhin, Villars empêche les Impériaux d’envahir l’Alsace, ce n’est là qu’une brève rémission.
    Louis le sait.
    Presque chaque jour, il reçoit le contrôleur général des Finances. Chamillart, d’une voix accablée, énumère la longue litanie des dépenses.
    Il faut approvisionner les armées qui combattent en Italie et dans les Flandres. Il faut payer les soldes. Et alimenter aussi le Trésor espagnol, toujours vide.
    Il faut acheter dans les pays étrangers des chevaux par milliers, et les payer en bonnes pièces d’or et d’argent.
    Louis écoute.
    Il faudrait en finir avec cette guerre, et peut-être la mort le 5 mai 1705 de l’empereur germanique Léopold I er et l’accession au trône de son fils aîné Joseph I er sont-elles l’occasion d’ouvrir des négociations.
    Il décide de faire porter le deuil en violet de Léopold I er , et toute la Cour l’imite. En même temps, il envoie des émissaires en Hollande, afin qu’ils commencent à évoquer l’idée d’une paix possible. Il s’interroge. À quelles conditions, cette paix ? Il n’acceptera pas que son petit-fils, Philippe V, soit chassé du trône d’Espagne.
    Même s’il fallait que l’Empire espagnol soit démembré, si c’était là la concession nécessaire, il est prêt à l’examiner.
     
    Il a froid.
    Est-ce seulement parce que l’hiver de cette année 1705, après un été brûlant, est d’une rigueur extrême, que des chevaux meurent de froid, que d’autres doivent être abattus après s’être brisé les jambes sur le sol gelé ?
    Ou bien est-ce aussi parce que la victoire lui paraît inaccessible, que reste l’obligation de céder, alors qu’il avait cru pouvoir imposer sa volonté et faire de son petit-fils le roi de tout l’Empire espagnol ?
    Il est las.
    Il lit toujours les lettres de la Palatine, dont on lui apporte tous les jours les copies.
    Elle sait qu’on subtilise ses missives, et il a souvent l’impression qu’elle écrit certaines de ses lettres pour qu’il en prenne connaissance, et sache ainsi ce qu’elle pense.
    « C’est une misère la façon dont on agit avec les lettres, note-t-elle. Du temps de M. de Louvois on les lisait comme maintenant mais au moins on vous les remettait au moment voulu. Mais depuis que ce petit crapaud de Colbert de Torcy a la poste dans son département, il vous agace horriblement avec les lettres…»
    Louis en veut à la Palatine d’écrire pour telle ou telle duchesse ou princesse allemande ce qu’elle voit, de confier ce qu’elle éprouve.
    Mais elle dit vrai, quand elle évoque la vie à Marly.
    « On ne sait plus du tout qui on est, écrit-elle. Quand le roi se promène, tout le monde se couvre ; la duchesse de Bourgogne va-t-elle se promener, eh bien, elle donne le bras à une dame, et les autres marchent à côté. On ne voit donc plus qui elle est. Ici, à Marly, au salon, et à Trianon, dans la galerie, tous les hommes sont assis devant M. le dauphin et Mme la duchesse de Bourgogne ; quelques-uns même sont étendus tout de leur long sur les canapés. J’ai grand peine à m’habituer à cette confusion ; on ne se fait plus d’idée comme tout est présentement, cela ne ressemble plus du tout à une cour. »
     
    Il regarde autour de lui en se souvenant de ces lignes. Ce n’est pas la « confusion » qu’il retient. Il a désiré qu’à Marly, les quelques privilégiés qui y étaient admis soient libérés de certaines des obligations et de la raideur de l’étiquette versaillaise.
    Mais il voit le visage morose de son petit-fils le duc de Bourgogne, que son épouse Marie-Adélaïde de Savoie néglige. Elle semble avoir oublié la mort de son fils, le duc de Bretagne. Elle est toute à ses facéties, à sa gaieté, à son insolence, à ses impudeurs.
    Elle relève ses robes et ses jupons, et les médecins lui administrent un lavement dans le salon de Mme de Maintenon, qui sourit, confie :
    « Elle est charmante et ses défauts mêmes sont aimables, on l’aime plus qu’il ne faudrait, on le sent, et on ne peut s’en défendre. »
    Louis le reconnaît.

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