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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Marie-Adélaïde, duchesse de Bourgogne, est une flamme de joie, de jeunesse, au milieu de la grisaille, de ces soupers du roi où « l’on se croirait dans un réfectoire de religieuses ».
    Après, la passion du jeu rassemble les courtisans autour des tables. Ils oublient ainsi les deuils et les mauvaises nouvelles de la guerre.
    Louis regarde son second petit-fils, le duc de Berry, qui joue gros, s’endette, s’enivre.
    Ce spectacle lui est souffrance.
    Il va rejoindre Mme de Maintenon, avec l’espoir que Marie-Adélaïde, duchesse de Bourgogne, viendra les distraire par l’un de ses éclats.
    Car en dehors d’elle, « il n’y a plus à la Cour que tristesse, ennui et méfiance ».
     
    Il se souvient de ce qu’écrit la princesse Palatine :
    « De ma vie je n’ai vu la Cour plus triste qu’elle n’est à présent. Personne ne peut ouvrir la bouche et les mauvaises nouvelles arrivent à tout moment… On a maintenant bien besoin de consolation, car je n’ai jamais vu des temps plus malheureux depuis les trente-cinq ans que je suis en France…»
     
    C’était en 1671. Les temps étaient pourtant troublés.
    On murmurait qu’Henriette, duchesse d’Orléans, première épouse de Monsieur le frère du roi, qui venait de mourir, avait été empoisonnée par les favoris de son époux.
     
    Il cherche à se souvenir, et c’est comme si passait devant lui la silhouette de Mlle Louise de La Vallière.
    Il avait trente-trois ans, cette année-là. Il en a soixante-huit.
     

30.
     
     
    Il est assis dans le grand cabinet, le buste penché en avant, les mains posées sur ses cuisses, le dos rond.
    Il a l’impression que les soixante-huit années de sa vie l’écrasent, l’empêchent de se redresser, de regarder le contrôleur général des Finances qui se tient debout, en face de lui, dans la lumière du soleil couchant qui a envahi la pièce et inonde le parc, enveloppant d’or la statue d’Apollon qu’entourent les jets d’eau.
    Il imagine le jaillissement et le scintillement des fontaines dans le crépuscule, ce bref instant, en ce début d’année 1706, alors que l’hiver impose sa loi grise et glacée.
    Il est inquiet. Il voudrait effacer ce pressentiment qui l’habite. Mais l’intuition que cette année sera cruelle s’agrippe à son esprit, serre sa gorge et sa poitrine, réveille les douleurs qui brisent ses chevilles, sa nuque et ses épaules.
     
    Les mauvaises nouvelles se sont accumulées.
     
    Les Anglais tiennent toujours Gibraltar et Barcelone, et le blocus de ces deux places par la flotte française a dû être levé.
    Une armée anglo-portugaise marche vers Madrid, et la population catalane l’acclame, salue Charles de Habsbourg, sous le nom de Charles III, roi d’Espagne.
    Sur toutes les frontières du royaume, en Flandre, en Italie, les armées impériales et anglaises de Marlborough et d’Eugène de Savoie avancent et menacent.
    Et en France même, de nouveaux chefs camisards veulent reprendre la lutte et reçoivent déjà de l’argent anglais et hollandais. Et les flottes ennemies croisent le long des côtes, prêtes à débarquer des troupes pour soutenir la rébellion.
    Année cruelle.
     
    D’un mouvement de tête, il invite le contrôleur général à parler.
    Chamillart toussote, dit qu’il veut dresser l’état des finances des deux royaumes.
    En Espagne, commence-t-il, Philippe V a décidé de réduire toutes ses dépenses, et d’employer tous ses revenus à bien entretenir ses troupes et à soutenir la guerre.
    — Ce serait à moi, dit Louis, qui suis son grand-père, à lui donner des exemples, mais, en ce fait-là, je veux suivre les siens.
    Il se redresse.
    — Je veux, reprend-il, retrancher toutes les dépenses dont je pourrai me passer, afin d’être plus en état de continuer la guerre et tâcher de parvenir à une paix heureuse et glorieuse.
    Il regarde à nouveau le parquet.
    Il doit atteindre ce but, mais l’Angleterre et la Hollande refusent d’engager des négociations. Il faut donc se battre, les vaincre ou à tout le moins les repousser.
    Il a été blessé d’avoir à accepter la proposition de Vauban qui suggérait de construire deux camps retranchés, à proximité de Dunkerque, pour s’opposer à une invasion anglaise.
    Car telle est la situation.
    Il n’y a plus d’argent, reprend Chamillart.
    Les recettes des deux années à venir sont déjà engagées. On devra, précise-t-il, créer pour cinq millions de livres de

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