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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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nouveaux billets de cinq cents livres chacun, car toutes les ressources sont épuisées. Et le risque existe qu’un si grand nombre de billets ne prenne le dessus sur l’argent, et que les avantages de cette nouvelle monnaie ne soient vite remplacés par un désordre monétaire extrême.
    Mais le moyen d’éviter cela ? demande Louis.
    Comment sans ces nouveaux billets ne pas augmenter les impôts alors que les provinces sont déjà accablées, affligées par la gelée et la grêle, si bien que les peuples n’ont pu recueillir qu’une partie des fruits nécessaires à leur subsistance ?
    — Il n’est d’autre issue que la paix, conclut-il, mais elle suppose des victoires.
    Il attend chaque jour les dépêches qui viennent des armées.
    Quand il sort du grand cabinet, il sent que les courtisans le guettent, avides de savoir s’il a reçu un courrier, d’Espagne, d’Italie ou de Flandre.
    Il s’étonne du silence du maréchal de Villeroi. L’armée qu’il commande dans la région de Ramillies, non loin de Bruxelles, compte près de quatre-vingt mille hommes et défend toute la Flandre contre les troupes de Marlborough.
    Ce silence de Villeroi inquiète Louis.
    Un courrier enfin, mais la dépêche ne contient que quelques lignes imprécises qui entourent le mot de défaite, comme si Villeroi n’osait pas dire la vérité.
    Louis la devine. Un maréchal victorieux aurait clamé son succès, en aurait été en personne le messager, pour recevoir des mains du roi ses louanges. Villeroi se dérobe. Villeroi doit être en difficulté.
    Mais comment savoir ?
    Louis décide d’envoyer Chamillart auprès de l’armée de Flandre. Et maintenant il faut attendre le retour du contrôleur général des Finances, secrétaire d’État à la Guerre.
    Mais lorsque Louis le voit, le doute n’est plus permis.
    Le poids des années, de cette année 1706, lui écrase à nouveau les épaules, l’oblige à courber le dos, pendant que Chamillart parle de cette défaite de Ramillies, devenue déroute parce que Villeroi s’est affolé, après avoir laissé sur le champ de bataille plusieurs milliers de morts. Le maréchal n’a pas cherché à résister, et toutes les villes de Flandre, Bruxelles, Anvers, Gand, Ostende, Bruges, Louvain, Audenarde, sont tombées, et les Impériaux menacent Lille.
    Et dans les Pays-Bas perdus, la population acclame « son souverain espagnol », Charles de Habsbourg, Charles III d’Espagne.
     
    Louis entend ces murmures qui accablent Villeroi, et dont Mme de Maintenon se fait l’écho.
    — On se déchaîne dans l’armée et dans Paris contre le maréchal, dit-elle.
    Il ne veut pas se joindre à la meute. Villeroi est son vieux compagnon, dont il a pu souvent éprouver la fidélité.
    Il ne veut pas le juger, le punir, et cependant cette défaite de Ramillies est une souffrance cruelle. Il faut qu’il demande à Villeroi de démissionner, mais le maréchal ne répond pas aux lettres qu’il lui adresse.
    Il se présente enfin à Versailles, et Louis le dévisage longuement, lit sur les traits du maréchal le désarroi et l’orgueil de celui qui ne veut pas abdiquer.
    Louis ne veut pas frapper cet homme à terre. Il n’est pas de ceux qui disent, après avoir vu Villeroi : « Ce n’est plus qu’un vieux ballon ridé, dont tout l’air qui l’enflait est sorti. »
    Mais il se souvient des propos de Françoise de Maintenon : « Votre Majesté ne peut plus soutenir le maréchal de Villeroi. »
    Il partage ce sentiment. Il s’approche de Villeroi, lui annonce qu’il lui retire le commandement de son armée, ou de ce qu’il en reste, puis il ajoute :
    — Monsieur le maréchal, on n’est pas heureux à notre âge.
    C’est ce qu’il éprouve en cette année 1706, qu’il ressent comme la plus noire de son règne, si long déjà.
    À chaque jour sa mauvaise nouvelle.
    Un messager qui dépose sur la table dans la chambre de Mme de Maintenon un coffret contenant les bijoux de la couronne d’Espagne.
    Philippe V a souhaité les mettre en sûreté à Versailles, car l’armée anglo-portugaise approche de Madrid.
    C’est un Français, le marquis de Ruvigny, devenu lord Galloway, qui la commande, c’est lui qui repousse les troupes espagnoles commandées par Berwick – un neveu de Marlborough – et Philippe V.
    Déjà, la reine et la princesse des Ursins ont abandonné la capitale. Et le 28 juin, les troupes de Galloway entrent dans Madrid et y proclament Charles de

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