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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de Bourbon.
    C’est là que s’est retirée Athénaïs de Montespan.
    Louis commence à lire à haute voix : « Aujourd’hui 28 mai 1707 a été apporté en cette église le corps de Mme Marie…»
    Louis s’interrompt.
    Pourquoi a-t-on donné à Athénaïs ce prénom qui n’est pas le sien !
    Il reprend :
    « En mourant la marquise de Montespan a manifesté les sentiments les plus chrétiens. »
    Louis replie la dépêche.
    Il sent sur lui tous ces regards. Il doit rester impassible quoi que cela lui coûte.
    D’ailleurs, pour lui, Athénaïs est morte le jour où il l’a congédiée, peut-être même depuis plus longtemps encore, quand on a prétendu, témoigné qu’elle avait dévoilé son corps devant un prêtre du diable, lors d’une messe noire, sa poitrine servant d’autel.
    Et des nouveau-nés avaient été sacrifiés lors de telles cérémonies diaboliques.
    Il n’a jamais pu oublier ces accusations. On avait aussi affirmé qu’Athénaïs avait voulu l’empoisonner. Et sans doute lui avait-elle administré des philtres d’amour, pour le soumettre au désir et le retenir.
    D’un geste, Louis indique aux courtisans que la journée va se dérouler comme à l’habitude. En selle donc, et ce matin il le peut. Comme autrefois.
    On chevauche. On chasse.
    Mais il est distrait. Il se sent lourd et las.
    Il rentre à Marly.
    Il veut qu’on le laisse seul. Il renvoie les valets qui s’apprêtent à lui retirer ses bottes et ses habits de chasse. Il marche dans sa chambre, d’une fenêtre à l’autre.
    Il se souvient d’Athénaïs. Et le désespoir l’étreint. Que reste-t-il de la vie quand elle s’achève ?
    Il ferme les yeux.
    Il voit passer cette gondole qui voguait légère sur le grand canal de Versailles, et à la poupe de laquelle se trouvaient dans une robe d’or Athénaïs de Montespan de Mortemart, et près d’elle un jeune homme vigoureux et souriant.
    Lui.
     
    Le soir au souper, il se souvient encore des banquets joyeux d’autrefois, quand il lui arrivait de lancer des olives sur les jolies suivantes d’Athénaïs.
    Maintenant règne autour de la table un silence de couvent.
    Chacun avale son affaire sans dire une parole. Parfois, quelqu’un chuchote un ou deux mots. Personne ne tourne la tête.
    Tout provoque soupçon, tout est intrigue.
    Il sait qu’on attend sa mort.
    On se rassemble déjà autour du futur souverain, le Grand Dauphin. Mais s’il ne vit pas ce sera le duc de Bourgogne son fils, ou bien, si la mort fait son office, ce duc de Bretagne de quelques mois, et il faudra un régent, qui pourrait être Philippe duc d’Orléans.
    Louis apprécie son neveu qui vient de partir pour l’Espagne où il va, aux côtés de Berwick, prendre le commandement des armées de Philippe V.
    Louis se souvient de la manière dont il a imposé à Madame et à Monsieur, les parents de Philippe, le mariage de celui-ci avec Mlle de Blois, bâtarde selon la mère de Philippe, fille du double adultère du roi et d’Athénaïs de Montespan.
    En ces jours qui suivent la mort d’Athénaïs, il pense à sa fille, à ces bâtards, le duc du Maine, le comte de Toulouse, qu’il a reconnus et voulu allier à la famille légitime, et dont il veut assurer l’avenir.
    Mais il connaît les jalousies qui déchirent la Cour, et d’autant plus qu’on sait que sa mort ne peut plus être éloignée. Il a soixante-neuf ans.
    Alors chacun surveille chacun, cherche à détruire le rival.
    On se moque de Philippe d’Orléans. On chantonne un refrain qui rappelle la défaite de Turin, dont il ne fut pas responsable.
    On sourit en répétant :
    Gendre et neveu de ce grand roi
    Vous allez donc paraître
    Encore, une seconde fois
    Vous vous ferez connaître.
    Et quand on apprend que Philippe est arrivé après la bataille livrée et gagnée par Berwick à Almanza contre lord Galloway, on murmure quand passe la mère de Philippe, la Palatine : « Je n’y étais pas… Je n’y étais pas. »
    Louis est irrité, attristé.
    Cette jalousie haineuse lui semble gagner toute la Cour.
    Il est sensible et touché par la lettre que lui adresse Philippe d’Orléans.
    « J’ai eu le malheur d’arriver ici un jour trop tard quelque diligence que j’aie pu faire, écrit Philippe. Je ne puis m’empêcher de dire à Votre Majesté que si la gloire de M. de Berwick est grande, sa modestie ne l’est pas moins, ni sa politesse qui l’engageaient quasi à vouloir s’excuser d’avoir remporté une

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