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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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qu’un édit vient de décréter sans valeur – et que faire alors de ces « billets d’État, billets de monnaie, billets de receveurs, billets sur taille, billets d’ustensile » dont le retrait provoque la ruine, que l’impôt du dixième va aggraver.
    Louis écoute Desmarets. Il imagine les résistances qu’il va rencontrer. Mais un roi doit d’abord penser à sauver son royaume.
    Il le rappelle aux ministres rassemblés en Conseil.
    La situation est d’autant plus grave que les négociations avec les Impériaux, les Hollandais et les Anglais n’aboutissent pas.
    — Je ne peux ni sortir de la guerre ni obtenir la paix, dit-il.
    Il regarde les ministres les uns après les autres.
    Il sait que certains sont favorables à la paix à tout prix. Même le maréchal de Villars lui a conseillé d’accepter toutes les exigences des alliés. « La paix à n’importe quel prix », a insisté Villars.
    Louis doit le redire :
    — Je ne promettrai jamais ni n’envisagerai de consentir à faire la guerre à mon petit-fils.
    Et cependant, il ne faut pas interrompre les négociations.
    La situation peut changer.
    Les espions affirment qu’à Londres le Parlement veut en finir avec la guerre, et qu’il critique Marlborough.
    En Espagne, la population castillane, les Grands sont, malgré les échecs militaires, fidèles à Philippe V.
    Louis décide donc d’envoyer à Geertruidenberg, dans les Provinces-Unies où se déroulent les négociations, le maréchal d’Huxelles et l’abbé de Polignac. Qu’ils écoutent. Qu’ils proposent et même qu’ils laissent entendre qu’ils sont prêts à accepter les conditions qu’on leur soumet. Mais qu’ils ne s’engagent en rien.
    — Gagnez du temps, dit Louis au ministre des Affaires étrangères Torcy.
    Et il ajoute :
    — Nous n’avons plus comme moyen pour porter nos ennemis à la paix que celui de faire véritablement la guerre.
    Mais pour cela il faut de l’or et de l’argent. Alors, il faut approuver l’impôt du dixième, car il ne suffit pas que les princes et les ducs donnent leur vaisselle en métal précieux à la Monnaie pour qu’on l’y fonde et qu’ils se « mettent en faïence », il faut qu’ils paient comme tout sujet du royaume.
    Et il annonce, en ce mois de janvier 1710, qu’il suspend le versement des étrennes à la famille royale.
    Mais il le sait, il le sent, tout cela est insuffisant.
    Le grand hiver, celui du froid, de la misère et surtout des défaites, persiste, s’aggrave même.
    Il voudrait confier à nouveau au maréchal de Villars le commandement de l’armée des Flandres, mais Villars souffre encore de sa blessure, il boite, craint peut-être de dilapider sa gloire en affrontant avec des troupes encore affaiblies Eugène et Marlborough.
    Alors il faut donner le commandement au maréchal de Montesquiou. Et, il l’apprend par des officiers blessés lors des premiers combats, les soldats se moquent de ce maréchal qui se laisse surprendre, ordonne la retraite.
    Les hommes chantonnent « Montesquiou, montre ton cul ! ».
    Et les villes du Nord tombent les unes après les autres : Douai, Arras, Cambrai, Béthune, Aire-sur-la-Lys.
     
    En Espagne, la situation est pire.
    L’Anglais Stanhope remporte la victoire d’Almenera, l’Autrichien Starhemberg prend Saragosse et ses troupes marchent sur Madrid.
    Louis est accablé, mais il doit masquer ses inquiétudes, ne pas céder au découragement quand un courrier lui annonce que l’archiduc Charles est entré à Madrid, que Philippe V, la reine, les Grands d’Espagne et une grande partie de la population se sont enfuis.
    Il écoute Torcy lui lire une lettre qu’il vient de recevoir de la princesse des Ursins. Malgré l’exode, elle se montre confiante car partout les Castillans acclament Philippe V, leur roi, et rejettent le Habsbourg, Charles, cet usurpateur sous le nom de Charles III.
    « Nous crevons tous de rhumes et de mille autres incommodités, que causent les maisons gelées où nous habitons, écrit la princesse des Ursins, mais tout ceci n’est rien quand on a le cœur aussi content que nous l’avons. J’attends avec la dernière impatience que vous me fassiez l’honneur de me témoigner que le vôtre l’est aussi. Vous ne seriez pas bon à jeter aux chiens si vous n’étiez pas dans ces sentiments. »
    Il demande à Torcy de lui relire les dernières phrases. Elles portent l’espoir.
    Non seulement il ne faut pas abandonner Philippe V,

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