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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Peut-être cette bataille, ni perdue ni gagnée, mais montrant à l’ennemi que le royaume de France n’est pas à l’agonie, permettra-t-elle de conclure la paix ?
    Il lit et relit les lettres que le maréchal de Boufflers lui adresse et qui affirment que « jamais malheur n’a été accompagné de plus de gloire… Je puis vous assurer, Sire, avec vérité que cette gloire est infiniment au-dessus de tout ce que je pourrais lui en dire. Votre Majesté le saura par la relation même des ennemis qui ne peuvent assez exalter, ni vanter l’audace, la valeur, la fermeté et l’opiniâtreté des troupes de Votre Majesté.
    « Enfin, Sire, la suite des malheurs arrivés depuis quelques années aux armes de Votre Majesté avait tellement humilié la nation française que l’on n’osait quasi plus s’avouer français.
    « J’ose assurer, Sire, que le nom français n’a jamais été plus en estime, ni plus craint qu’il l’est présentement dans toute l’armée des alliés.
    « Ils parlent avec admiration de la beauté de notre retraite, et de la fierté avec laquelle elle a été faite. Ils disent qu’ils ont reconnu en cette action les anciens Français.
    « Ce que je puis avoir l’honneur de dire à Votre Majesté, c’est que depuis longtemps armée n’acquit plus de gloire et n’a plus mérité l’estime du maître et des ennemis ».
     
    Louis est satisfait.
    Il lui semble qu’avec les moyens du royaume, la longue guerre qui comme une interminable maladie l’a épuisé, il ne pouvait faire plus que de blesser l’ennemi et ainsi de se faire respecter.
    Mais il mesure le prix de cette bataille.
    Lorsqu’il regarde autour de lui, à Marly, à Versailles, il ne voit que tristesse et larmes.
    Tous les jours arrivent au château des officiers appuyés sur des béquilles. Il faut les récompenser et d’abord leur chef, le maréchal de Villars, dont la blessure est profonde.
    Il décide de lui envoyer son premier chirurgien Mareschal, auquel il ordonne de lui adresser chaque jour un état de la santé de Villars.
    Il demande à Mme de Maintenon d’aller visiter le blessé, et de lui apporter le salut du roi.
    Le 22 décembre, après avoir écouté le sermon, il se rend auprès de Villars qui a été transporté à Versailles. Il s’assied au pied du lit. Il converse longuement avec lui. Un grand roi sait reconnaître les qualités et les vertus de ceux qui le servent avec fidélité et courage, et les gratifier pour cela.
    Il dit à Villars que son duché est transformé en pairie, et qu’il n’oubliera pas le fils du maréchal, le jeune marquis de Villars.
     
    Louis rentre dans sa chambre, et regarde les trente-trois drapeaux conquis sur l’ennemi à Malplaquet.
    Il demande à ce qu’ils soient accrochés dans la nef de Notre-Dame.
    Puis il prie pour que ce carnage de Malplaquet ouvre le chemin de la paix.
    Car elle seule pourra faire sortir le royaume de ce grand hiver, commencé le 6 janvier de cette année 1709.
     

36.
     
     
    Il a froid.
    Il se tient emmitouflé dans son fauteuil face à la cheminée du grand cabinet.
    Il a l’impression que tout est glace en lui et hors de lui.
    Quand il tourne la tête et qu’il aperçoit le parc, il ne voit que l’étendue blanche qui emprisonne les fontaines et les arbres, les massifs, et recouvre les canaux.
    Le grand hiver continue de régner, indifférent à la succession des années. Ce mois de janvier 1710 ressemble au mois de janvier 1709. La faim est la sœur du gel. La misère et la révolte sont leurs enfants.
     
    Le lieutenant de police d’Argenson énumère dans ses rapports les « émotions », les pillages, les violences contre les riches en carrosse, les commissaires, tous ceux dont on soupçonne qu’ils remplissent leur ventre de pain de froment et non de miches grises de son, d’avoine et d’herbes. Et les coffres de l’État restent vides alors qu’il faudrait acheter du grain, pour le distribuer aux plus pauvres.
    Louis reçoit le contrôleur général des Finances qui, le visage anxieux d’un homme aux abois, propose la création d’un impôt frappant chaque sujet du roi, prince ou manant, membre du Parlement, duc ou artisan, à hauteur du dixième de ses revenus. Et comme chaque fois, Desmarets énumère les oppositions des plus riches des princes, ce duc de Saint-Simon se faisant leur porte-parole, dénonçant la désolation que va provoquer cet impôt et le chaos des finances royales, tous ces billets émis

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