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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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chemise au duc de Berry, et la duchesse de Bourgogne fait de même avec la duchesse de Berry.
    Puis le duc de Beauvillier ferme le rideau du côté du marié, et la duchesse de Saint-Simon, dame d’honneur de la mariée, fait de même de son côté. Puis il sort. Il est minuit et demi.
    Il n’a pas voulu que les violons accompagnent les différents moments de cette journée.
    Le temps n’est pas aux fêtes, a-t-il dit.
    Si elles sont petites, elles ne conviennent pas à la grandeur d’un roi tel que lui.
    Et les grandes fêtes ne sont pas de mise dans les temps et les circonstances où les affaires de l’État se trouvent.
    Mais cette naissance d’un deuxième arrière-petit-fils et ce mariage le rassurent.
    Le sang royal est encore vigoureux, plein de vie.
    Et lorsqu’il reçoit des courriers qui lui annoncent que les Anglais, qui ont débarqué à Agde et à Sète afin d’aider les huguenots révoltés, ont été repoussés, et les camisards battus, tués, il y voit un signe d’espoir.
    Il attend, s’efforçant de paraître insensible aux défaites et aux difficultés qui continuent de s’accumuler.
    Et en décembre 1710 arrivent les premiers courriers d’Espagne qui annoncent que les troupes anglo-autrichiennes de Stanhope et de Starhemberg ont été écrasées à Brihuega et à Villaviciosa.
    Philippe V et sa Cour ont pu regagner Madrid. Il n’y a plus de menace militaire sur la couronne. Son petit-fils peut ainsi conserver son trône.
    Il lit la lettre que lui adresse le duc de Vendôme et chaque mot est comme une rémission longtemps espérée, inattendue.
    Le duc de Vendôme écrit :
    « Jamais bataille n’a été si glorieuse aux armes du roi, ni si complète que celle de Villaviciosa. Cette formidable armée qui avait percé jusqu’à Madrid et qui menaçait toute l’Espagne d’une invasion générale est détruite entièrement. »
    Quelques jours plus tard, un autre courrier lui apprend que le duc de Noailles vient de conquérir Gérone, après avoir battu les troupes de Starhemberg.
    Ces victoires, il en est sûr, changent toute la face des affaires d’Espagne en même temps que celles de toute l’Europe.
    Il n’a ni trahi ni abandonné son petit-fils. Il a sauvé son trône.
    Il veut croire que la paix est proche.
     

SIXIÈME PARTIE
1711-1714
     

38.
     
     
    Il observe la duchesse de Berry assise en face de lui à la table du souper. Il voudrait ne penser qu’aux bonnes nouvelles que lui a apportées Torcy. Les espions des ministres, à Londres, à La Haye et à Amsterdam, sentent que le vent qui vient d’Espagne change le climat en Angleterre et dans les Provinces-Unies.
    Les discours sont moins hauts en Hollande. Les pamphlets en faveur de la paix se multiplient à Londres.
    Les tories devenus majoritaires depuis l’année dernière au Parlement sont pacifistes. Ils jugent la contribution anglaise à la guerre trop forte par rapport à celles des Hollandais et des Impériaux. Ils semblent prêts à des négociations séparées avec la France, et ils critiquent les initiatives de Marlborough.
    Louis a écouté. Il s’est contenté d’approuver de la tête la suggestion de Torcy d’ouvrir avec les Anglais des conversations secrètes. Si elles aboutissent, les Hollandais et les Impériaux seront contraints de conclure à leur tour.
    Mais il a appris au cours de son long règne que rien n’est jamais joué, qu’il ne faut jamais dévoiler ses pensées. Il vaut mieux répondre : « Je verrai », qui laisse toutes les issues ouvertes, que choisir trop vite une voie qui ferme les autres.
    Il a pourtant dit à l’intendant de Flandre, Bernières :
    — Vous m’avez mandé souvent l’année passée des choses tristes et dures, mais j’espère que cette année vous ne me manderez que rien de bon.
    Il lui semble qu’il en a trop dit.
    Depuis le début du souper, il n’a prononcé que quelques mots.
    Le dauphin n’a pas été plus loquace, et les dames se sont tues, l’œil aux aguets, cherchant à saisir une expression, à comprendre le sens d’un regard, ou d’un signe, espérant être invitées à Marly.
    Il n’y a que la duchesse de Berry, mariée depuis peu et déjà cheval rétif, engloutissant les mets, buvant à en perdre haleine, et il sait qu’on l’a plusieurs fois ramenée chez elle, ivre.
    Elle a grossi, le visage rouge, et on murmure qu’elle participe aux soirées de débauche de son père.
    Le duc de Berry s’est plaint, et la mère, Mme la

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