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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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simplement tenu bien au chaud. Cet enfant a été sauvé à la honte des médecins.
    « Et ce sont eux pourtant qui prétendent que le duc et la duchesse de Bourgogne et le duc de Bretagne ont été empoisonnés, sans qu’ils expliquent pourquoi le duc d’Anjou, qu’ils n’ont pas pu “soigner”, a été sauvé. »
    Il se répète cela, mais les soupçons demeurent en lui, le rongent.
    Quand il reçoit le duc d’Orléans, il ne peut regarder son neveu tant il craint de lui montrer qu’il ne peut rejeter totalement ces accusations qui lui paraissent pourtant, en raison, calomnieuses et monstrueuses.
    Il sait qu’à la Cour, à Paris, on les reprend, on les amplifie. Des placards ont été affichés sur les murs du Palais-Royal, la demeure des Orléans.
    On y accuse Philippe d’Orléans de fabriquer le « poison le plus fin » et d’avoir des relations incestueuses avec sa fille la duchesse de Berry.
    Il faut tenter de dissiper ces ragots, et pour cela il demande à son chirurgien Mareschal d’établir la vérité en examinant les corps des défunts, qui ont déjà été autopsiés par les médecins.
     
    Il reçoit quelques jours plus tard Mareschal qui l’assure que la rougeole pourprée est la seule cause du décès, que cette maladie a tué plusieurs centaines de personnes à Paris, qu’elle a frappé d’autres villes en Europe, que les corps ne recèlent aucune trace de poison.
    Il est apaisé même si la douleur demeure, et s’il sait qu’elle ne le quittera plus, que cette plaie restera toujours ouverte.
    Il remercie Mareschal, se tourne vers Mme de Maintenon.
    — Eh bien, madame, eh bien, lance-t-il, ne vous avais-je pas dit que ce que vous m’avez dit de mon neveu était faux ?
    Il n’attend pas sa réponse.
    Il doit essayer de sauver le royaume, dont l’héritier direct n’est plus que ce duc d’Anjou, un enfant de deux ans.
    Il connaît la gravité du mal qui frappe le royaume.
    Il a posé devant lui, sur la table de son grand cabinet, l’une de ces missives dont les auteurs restent masqués et, protégés par l’anonymat, décrivent les symptômes du mal.
    Ils le font avec complaisance et amertume.
    Ils espéraient gouverner avec le duc de Bourgogne.
    Louis reconnaît leurs idées et, lisant cette missive, il est sûr qu’elle est du duc de Saint-Simon, ce serpent ambitieux et insatisfait.
    « Sire, vous le savez, ce royaume n’a plus de ressources », écrit Saint-Simon. Rien ne trouve grâce à ses yeux.
    « Le clergé est tombé dans une abjection de pédanterie et de crasse qui l’a tout à fait enfoncé dans un profond oubli… La noblesse française n’est plus qu’une bête morte, qu’un mari insipide, qu’une foule séparée, dissipée, imbécile, impuissante, incapable de tout et qui n’est plus propre qu’à souffrir sans résistance… Le tiers état est dans le même néant que les deux précédents corps…»
    Et le seul remède proposé par le duc de Saint-Simon est un gouvernement des princes, des conseils aristocratiques, d’où serait exclue la « vile bourgeoisie ».
    « Il faut, Sire, que Votre Majesté règne enfin par elle-même… Secouez le joug des ministres…» conclut Saint-Simon.
    Louis n’est même pas indigné. Il sait que chaque jour, depuis qu’il règne, et cela fait cinquante et un ans, et même quand la maladie l’a terrassé, il s’est soucié des affaires de l’État, il a présidé les Conseils, s’efforçant de ne négliger aucun domaine, ni celui des armées ni celui du commerce, avec pour seul souci sa gloire, et donc celle de l’État, et donc le bonheur de ses sujets.
    Que savent faire ces princes et ces ducs ? Ils ont donné leur mesure durant la Fronde, et il ne l’oubliera jamais.
    Il n’a pas besoin des conseils des princes pour gouverner le royaume.
    Il lui faut des serviteurs dévoués à sa personne et hommes de talent. Ainsi furent Colbert, Louvois, Vauban, ainsi est le maréchal de Villars.
    Il le reçoit le 12 avril 1712, alors que les villages de Champagne, ceux des environs de Pontoise, sont pillés et brûlés par les cavaliers du prince Eugène.
    Il regarde cet homme qui commande la dernière armée du royaume, à peine soixante-dix mille hommes, mal équipés, mal nourris, mal payés, ne disposant pas d’artillerie. Et c’est cette armée-là qui doit vaincre celle du prince Eugène, et ouvrir ainsi les portes de la paix. Louis commence à parler et l’émotion le submerge, il sent que les

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