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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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souffrances, de misères, qu’il est las, même s’il est satisfait de voir enfin le bout de cette guerre interminable et de savoir que son petit-fils restera roi d’Espagne.
    Il accepte, au terme de longues négociations, de signer avec Londres des préliminaires de paix.
    Le prix qu’il doit payer est lourd, mais il lui semble qu’il a préservé l’essentiel, les conquêtes aux frontières du royaume et Philippe V régnant à Madrid.
    Il doit reconnaître la monarchie anglaise, protestante, détruire les fortifications de Dunkerque, signer un traité de commerce avec Londres, et accorder pour trente ans à une compagnie anglaise le privilège de l’ asiento , la traite négrière. Il abandonne aussi aux Anglais Gibraltar, Port-Mahon, et aux Antilles l’île Saint-Christophe.
    Il a négocié en son nom et en celui de son petit-fils, qu’il faut rassurer.
    « Ne soyez pas surpris, lui écrit-il, si j’ai interprété votre pouvoir sans vous consulter. Il fallait pour avoir la réponse de Votre Majesté perdre un temps précieux et je crois travailler utilement pour vous en cédant le moins pour conserver le principal. »
    Le duc de Marlborough est disgracié, le prince Eugène n’exerce plus aucune influence sur le nouvel empereur Charles VI, et sous la pression anglaise les Hollandais acceptent de recevoir à Utrecht les plénipotentiaires français.
    La paix, enfin, à l’horizon.
    Il doit, il veut l’obtenir. Il veut négocier une nouvelle fois au nom de la France et de l’Espagne. Philippe V doit l’accepter.
    « Laissez-moi conduire vos intérêts, lui dit-il. Vous pouvez accepter sur ma tendresse que je ne ferai rien à votre préjudice. »
     

39.
     
     
    Il se lève de table. Le souper vient de se terminer. Il lui a paru long. Personne n’a parlé. Il a même hâte de se retrouver dans le cabinet, en compagnie des membres de la famille royale dont il apprécie la compagnie.
    Il y a invité, depuis quelques semaines, Mme la Palatine. Même si le parler dru de Madame le choque souvent, il aime qu’elle dise la vérité et d’abord sur elle-même.
    Elle ne s’illusionne pas, elle lui dit, lorsqu’il l’admet à nouveau dans ce qu’on appelle le « Saint des Saints » :
    — Vous m’avez vue courir, sauter, légère et jeune. Maintenant, je suis vieille et pesante.
    Elle s’est tournée vers le miroir.
    — Regardez mes yeux ridés, mes grandes joues pendantes, mes cheveux blancs comme la neige, l’enfoncement entre mes oreilles et mes joues et mon grand menton double…
    Elle continue avec une sorte de complaisance amère, parlant de ses épaules grosses et larges, de ses jambes fort enflées.
    — Quand j’ouvre la bouche, poursuit-elle, mes dents reflètent bien mon délabrement, l’une est cassée, l’autre noire, et celles qui restent partent en morceaux. En un mot toute ma personne n’est que misère, mais que faire ?
    Il a l’impression qu’elle vient aussi de parler de lui, de le décrire, et jetant un regard à Mme de Maintenon il imagine qu’elle doit être irritée, inquiète, croyant qu’il n’a pas supporté cette insistance sur les maux de la vieillesse.
    Mais au contraire, ces vérités, il faut les regarder en face, se souvenir que la mort est là, tapie.
    Il dit :
    — Présentement que je suis vieux, mes enfants s’ennuient avec moi et sont ravis quand ils peuvent trouver quelque occasion de me planter là, et aller se divertir ailleurs.
    Il incline la tête vers la princesse Palatine.
    — Il n’y a que vous, Madame, qui ne me quittiez pas, et je vois bien que vous êtes bien aise d’être avec moi.
    La duchesse de Bourgogne bondit, s’écrie qu’elle n’aime rien autant qu’être auprès de Sa Majesté. Elle s’approche, l’embrasse, fait une révérence, chantonne.
     
    Il aime Marie-Adélaïde.
    Elle est auprès de lui un jaillissement de gaieté.
    Lorsqu’il la voit, il oublie pour quelques instants cette guerre qui continue alors qu’à Utrecht la négociation est difficile, que si les Anglais, les Hollandais, les Portugais, la Prusse et la Savoie semblent vouloir conclure la paix, l’empereur s’obstine et les troupes du prince Eugène continuent d’attaquer de la Sambre à l’Escaut.
    Arras a été bombardé, Le Quesnoy occupé, Landrecies assiégé. Des éclaireurs des troupes du prince Eugène ont investi Pontoise, ravagent la Champagne, la Picardie, le pays messin. Ils sont à quelques jours de la capitale dont la

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