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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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le front appuyé sur ses mains nouées.
    Peut-être l’étau se desserre-t-il enfin après cette grande épreuve, ces morts, ces défaites.
    Il voudrait le croire, mais il connaît désormais les surprises noires que l’avenir peut recéler.
     
    Il apprend pourtant dans les jours qui suivent que les troupes des maréchaux Villars et Montesquiou ont conquis Marchiennes où se trouvent tous les approvisionnements de l’armée du « hideux prince Eugène », ainsi qu’on le nomme à la Cour.
    Puis tombent les villes fortifiées : Douai, Saint-Amand, Le Quesnoy, Bouchain. Les dépêches de Villars décrivent la déroute de l’armée du prince Eugène. Les Anglais et les Hollandais l’ont abandonné. Les désertions se multiplient. Maintenant, la paix est à portée de main.
    Louis est étonné quand, avec ferveur, les courtisans l’acclament. Il aperçoit même au premier rang le duc de Saint-Simon.
     
    La gloire et la victoire font aimer les rois. Et ils ont aussi besoin de paix.
    Lorsque, le 5 novembre 1712, Philippe V d’Espagne renonce à ses droits sur la couronne de France, plus aucun obstacle n’empêche la signature à Utrecht d’une suspension d’armes.
    Certes, l’empereur ne s’est pas associé à ce traité, et ce n’est donc pas encore la paix, mais ce n’est déjà plus la guerre générale.
     
    Louis marche avec difficulté, en boitant, dans les allées des jardins du château de Versailles. Le chariot, poussé par les valets, le suit, mais il ne veut pas renoncer à sentir craquer sous ses pas les feuilles mortes qui s’enfoncent dans la terre humide.
    Il ne pense pas à la paix prochaine, mais à ses trois dauphins, le grand-père, le père et le fils, et à la dauphine, son aimée Marie-Adélaïde, morts en moins d’une année.
    Il sait qu’il ne quittera l’hiver que pour le tombeau.
     

40.
     
     
    Il lève la tête.
    Il regarde avec surprise la duchesse de Saint-Simon, qui bouscule les valets, entre en courant dans le cabinet, fait une courte révérence et d’une voix exaltée annonce que la duchesse de Berry, dont elle est la dame d’honneur, est au travail, que l’enfant va naître.
    Il voudrait être heureux de cette annonce mais, tout en se rendant dans la chambre de la duchesse de Berry, suivi par toute la famille royale qui doit assister avec lui à l’accouchement, il ne peut échapper à l’inquiétude, à un pressentiment.
    Le duchesse de Berry n’est enceinte que depuis sept mois. Même si, durant cette grossesse, elle a tempéré sa conduite, elle a continué à boire avec excès, à participer à toutes les fêtes intimes organisées par son père, Philippe d’Orléans.
    Il s’approche du lit. Le visage de la duchesse est creusé par l’effort. Elle halète. Et enfin, à quatre heures du matin, l’enfant pousse son premier cri. Il est malingre et fripé mais il vit.
    Louis est ému. C’est un nouvel arrière-petit-fils qui prend place après le duc d’Anjou dans la ligne de succession.
    Il se penche sur l’enfant, et l’inquiétude l’étreint à nouveau, en pensant au Grand Dauphin, au duc de Bourgogne, au duc de Bretagne, à cette branche aînée dont il ne survit que le duc d’Anjou.
    Il s’efforce de montrer de la joie, saluant la naissance de ce duc d’Alençon qui prend place dans la famille royale.
    Il félicite le père, le duc de Berry, fils cadet du Grand Dauphin et frère du duc de Bourgogne !
    Il serre contre lui le duc de Berry, ce jeune homme corpulent, son dernier petit-fils. Il veut se convaincre que le sang royal est encore vif.
    Et cependant, au bout de quelques jours, il voit l’avenir à nouveau s’obscurcir. Il se rend plusieurs fois dans la chambre où l’enfant crie, le corps secoué par des convulsions.
    Il lit sur le visage du duc de Berry, assis près du berceau de son fils, le désespoir et l’incompréhension devant ce travail acharné de la mort, à l’œuvre dans ce corps qui le 11 avril, à peine trois semaines après sa naissance, se raidit, meurt.
    Et il faut accepter cela, et il doit continuer à agir en roi qui croit en l’avenir de sa dynastie et de son royaume.
    Il a fait enregistrer par le Parlement la renonciation à leurs droits sur la couronne d’Espagne du duc de Berry et du duc d’Anjou. Philippe V ayant renoncé déjà aux siens sur la couronne de France, les derniers obstacles à la signature à Utrecht du traité de paix entre les puissances sont ainsi levés.
    Et cette signature est

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