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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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qui m'a accablé toutes ces années... elle est morte, Tess. Elle est
morte et ne reviendra jamais. Mais tu es là. Et si mon cœur bat plus vite quand
je te regarde dans les yeux, ce n'est pas parce que je me souviens d'elle. En dépit
du mal qui nous guette, tu es entrée dans ce monde et dans ma vie. Même si je
dois vivre dans l'ombre, cette ombre est plus claire lorsque tu es là. Je puis
même entrevoir la lumière grâce à toi.
    Les mots qu'il prononçait semblèrent se mêler aux larmes qui
coulaient sur ses joues. Elle avait l'impression de ne pouvoir les absorber
assez vite, que sa peur et la confusion qu'elle ressentait risquaient de les
faire disparaître.
    Il la prit dans ses bras et l'attira contre lui. Elle se
laissa aller comme une enfant perdue dans un monde qu'elle ne pouvait concevoir
ni maîtriser, tirée d'un long sommeil par un rêve qui la hantait. Le seul
apaisement résidait dans les bras d'Archer, qui la protégeaient de son monde
extérieur comme intérieur.
    Oui, depuis cette chevauchée vers Whitewater avec une enfant
morte contre elle, le sort l'avait déchirée à maintes reprises et les seuls
moments de quiétude qu'elle avait connus avaient été ceux qu'elle avait passés
dans ses bras. Elle y avait puisé des forces, en écoutant son cœur et son
souffle. Elle comprit enfin ce qu'elle éprouvait.
    —   Ne me laisse pas, murmura-t-elle entre deux sanglots,
les mains appuyées contre sa poitrine.
    —   Oui, Tess.
    —   Est-ce que ceci... ?
    —   C'est tout ce qui nous est donné, murmura-t-il.
    Elle plongea son regard dans le sien et posa un doigt sur
ses lèvres.
    —   Pas maintenant, chuchota-t-elle. Je t'en prie, ne me dis
pas ce que c'est. Faisons comme si nous étions des gens ordinaires. S'il te
plaît.
    Il hésita un instant puis l'entraîna à l'intérieur de la
grotte, à l'abri du froid vif de la nuit.
    —   Je vais faire un feu, dit-il en l'aidant à s'installer.
Ensuite, je m'occuperai des chevaux et nous mangerons un morceau.
    La vue encore brouillée par les larmes, elle le regarda
allumer un feu grâce à la magie, un feu sans fumée dont la chaleur fut
bienvenue. Puis elle l'entendit faire entrer les chevaux et leur parler pour
les rassurer tout en leur donnant à manger.
    Il revint enfin vers elle, les bras chargés de couvertures
et de leur paquetage de nourriture.
    Ses larmes séchèrent au fur et à mesure qu'elle se
réchauffait mais son cœur ne s'était pas apaisé pour autant. Cet homme, cet
immortel, ce roi, ce prince, comptait tant pour elle aujourd'hui. Plus qu'elle
ne pouvait le dire. Mais il avait dit vrai : c'était tout ce qu'ils auraient et
elle n'y voyait pas l'espoir de vivre une vie ordinaire au grand jour. Il était
Annuvil et elle était la Dame Filandière, des instruments du destin. Même la mort d'Ardred n'y changerait rien. Ils étaient condamnés à vivre dans l'ombre
des dieux et ne pouvaient être de simples mortels.
    Un chagrin immense l'envahit. Elle pleura ce qui ne pouvait
être, tout ce qu'on leur avait volé.
    Son cœur désirait agir, saisir cet instant, le transformer
en un moment inoubliable, même si elle ne devait plus jamais éprouver d'autre
bonheur...
    Mais elle ne dit rien et avala ce qu'il lui tendit sans y
goûter vraiment, en écoutant le vent glacial balayer l'entrée de la grotte.
    Ce voyage s'achèverait par la mort, bien qu'elle ne sût dire
qui mourrait. Ils mourraient peut-être tous les trois et laisseraient le monde
se débrouiller seuls, en mettant fin au jeu que les dieux jouaient à travers
eux.
    Quelle que fût l'issue, elle était sûre d'une chose. Elle
avait le droit à cette nuit. Une seule nuit.
    Si seulement il voulait d'elle.
    Ils s'allongèrent sur la couche improvisée qu'il avait
préparée à l'aide de couvertures et se couvrirent de leurs manteaux. Ils se
recroquevillèrent afin de se protéger du froid de la nuit. Il murmurait
quelques mots de temps à autre et le feu se ravivait.
    Tess se dit qu'elle devrait dormir mais elle était tendue,
de plus en plus tendue. Quand Archer l'entoura de ses bras, elle comprit pourquoi.
    Leurs mains se caressèrent impatiemment, leurs bouches se joignirent
avidement et enfin, leurs corps s'unirent dans un paroxysme passionné.
    Pendant un temps, malgré le vent et le froid à quelques
pieds de là, malgré la mort qui les attendait de l'autre côté de la montagne,
ils se réfugièrent ensemble dans la chaleur et la vie — dans un paradis où

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