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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Mais, songea Samig, Épouse Dodue ne voyait pas en lui un homme. Il sentit son visage se colorer, espérant qu'Épouse Dodue ne le remarquerait pas.
    Mais elle se pencha de nouveau vers lui, tapotant sa joue :
    — Tu ressembles tant à ton grand-père, en plus large, plus fort. Peut-être un jour trouverai-je de quoi les mères Traqueurs de Phoques nourrissent leurs fils pour les rendre aussi vigoureux. Le sais-tu?
    Samig essaya de réfléchir à quelque plante ou animal mangé par son peuple et que n'utilisaient pas les Chasseurs de Baleines, mais en vain. Pour la nourriture, tout paraissait identique.
    — Non, dit-il enfin, bien qu'il aurait aimé offrir une meilleure réponse afin de lui plaire. Mais quand je retournerai à mon peuple, je demanderai, ajouta-t-il.
    Alors, Épouse Dodue recula vivement, fronça les sourcils et plissa les yeux. Relevant la tête, elle rétorqua :
    — Tu n'es plus un Traqueur de Phoques. Tu es l'un de nous. Nombreuses Baleines a décidé de te donner un nouveau nom — Tueur de Baleines.
    Les yeux de Samig s'agrandirent. Tâchant de réprimer le désarroi de sa voix, il s'exprima avec douceur, comme s'il raisonnait en enfant :
    — Mon nom est Samig. C'est un nom honoré chez les Premiers Hommes.
    — Kayugh t'a donné à nous! objecta Épouse Dodue.
    Elle étudia le visage de Samig avec intensité et Samig se sentit soudain très las. Il se rappela les paroles de sa mère, souvent prononcées lorsque l'ulaq était rempli des clameurs de nombreuses personnes :
    — J'ai besoin de parler à la mer.
    Et maintenant, il disait ces mêmes mots à Épouse Dodue, mais nota le sourire qu'elle afficha lorsqu'il quitta l'ulaq.
    24
    Kiin tira un autre brin d'ivraie de sa pile. Chaque jour, une fois que Qakan et elle avaient accosté sur une plage pour la nuit, Kiin œuvrait à ses paniers. Cela l'occupait, cela lui permettait de poser ses yeux ailleurs que sur le visage moqueur de Qakan, de faire fi de ses jérémiades.
    Qakan avait apporté l'herbe de l'ulaq de leur père — sans doute volée, songea Kiin, parmi l'herbe séchée que leur mère conservait en couches plates dans un coin de sa chambre. Chaque fois que Kiin touchait l'herbe, douce sous ses doigts, son esprit voyait sa mère tissant des paniers. Mais Kiin chassait au loin ces souvenirs douloureux. Elle était ici, avec Qakan ; elle n'était plus une enfant qui pouvait grimper sur les genoux de sa mère et s'y cacher des peurs de la vie quotidienne.
    Elle marquait de rares pauses dans son travail et caressait sa dent de baleine, effleurant parfois le collier que Samig lui avait donné, ou la figurine de Chagak, mais ses doigts retournaient vite aux herbes qu'elle tortillait et tenait d'une main tandis qu'elle faisait des nœuds serrés avec son aiguille à tisser. Elle sourit en songeant à la peur qu'avait Qakan de la statuette, à ce qu'il marmonnait à propos des trocs qu'il pourrait faire avec. Mais qui était assez fou pour toucher une figurine de Shuganan sans la permission de la personne choisie pour en être le propriétaire ? Pas même Qakan ne s'y risquerait.
    Kiin achevait le fond arrondi d'un autre panier quand Qakan revint de la plage. C'était une bonne plage, protégée du vent par des falaises, sur un côté, des pentes douces menant aux montagnes, de l'autre côté. Kiin se détourna de Qakan dans l'espoir qu'il se désintéresserait d'elle, mais il courut et lui saisit violemment le bras. Ses yeux luisaient de ce regard qu'elle en était venue à redouter. Elle tenta de se libérer, pour qu'il ne frappe ni son visage ni son ventre.
    — J'ai vu une baleine! C'est un bon signe pour nous, dit-il en lui lâchant le bras.
    Il s'inclina, mains sur les genoux, pour reprendre son souffle.
    Il est trop gros pour courir à cette allure, pensait Kiin. Puis, quelque chose dans l'esprit de Kiin murmura que la baleine pourrait être quelque message de Samig. Elle pencha donc la tête pour demander :
    — Elle-elle est tou-toujours là?
    Qakan hocha la tête et Kiin courait déjà vers la plage quand son frère l'appela :
    — Attends-moi, Kiin.
    Sa voix traînait, prémices de la colère. Kiin s'arrêta aussitôt.
    — Tu verras mieux des falaises, reprit-il.
    Kiin fit demi-tour et entreprit d'escalader la pente rocheuse. Elle ne se retourna pas. Elle savait que Qakan ne pouvait soutenir son rythme, se demandant même s'il essaierait de la suivre. Il était trop paresseux pour courir une telle distance.
    Une fois

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