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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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cheveux et lui fracassa la tête contre le sol pierreux.
    Kiin hurla de douleur, ce qui déclencha le rire de son frère.
    — Tu se-seras maudit, Qakan. Je-j'ai un enfant, siffla-t-elle entre ses dents.
    — Tu mens, cracha Qakan en glissant une main dans le col du suk de Kiin.
    Kiin frémit, mais Qakan leva le couteau et la frappa violemment au visage avec la soie. Le coup lui taillada la joue et le sang coula de son œil gauche.
    Qakan se pencha en arrière, sa main remontant lentement à l'intérieur de sa cuisse. Le poids de Qakan se déplaça, libérant un bras de Kiin. Elle mit toute sa force dans le coup de poing qu'elle lui lança dans le ventre, mais Qakan se tourna au moment où elle visait et elle s'aperçut qu'il tenait une pierre. Au moment précis où Kiin cognait son frère, elle sentit l'impact de la pierre sur sa tempe gauche.
    Puis le noir.
    Qakan rit. Une fois encore, il se souleva pour retomber lourdement sur le ventre de Kiin. Mais Kiin se contenta d'un faible grognement; ses yeux roulèrent dans sa tête, ne dévoilant que du blanc derrière ses paupières mi-closes.
    Il regarda la pierre dans sa main. Du sang la souillait. Du sang de Kiin. Du sang de femme.
    Il jeta la pierre au loin, attendant d'entendre si elle tomberait dans l'eau. Si tel était le cas, cela serait de bon augure. Mais il ne perçut que le roulement d'une pierre contre les autres.
    La faute de Kiin. Kiin pouvait même maudire les pierres.
    Il soupesa le collier de coquillages qu'elle portait. C'était un cadeau d'Amgigh et de Samig. Kiin y tenait énormément.
    Il serra le collier jusqu'à ce que les perles marquent la paume de ses mains, puis en brisa les fils d'un coup sec avant de lâcher le bijou par terre.
    Pour la troisième fois, Qakan se souleva et se laissa retomber violemment sur Kiin. Un gémissement, c'est tout. Elle était faible. Elle ne le vaincrait jamais. Il se leva et lui jeta un regard. Qu'était-elle, comparée à lui ? Il s'accroupit près d'elle et tendit la main sous son suk. Mais il se rappela ce qu'elle avait dit. Elle avait un enfant. Mensonge. Quand Kiin disait-elle jamais la vérité? Pourtant, si jamais...
    Ce serait son enfant, naturellement. Son enfant. Il se leva, lança un coup de pied à Kiin pour voir si elle allait ouvrir les yeux, mais elle remua seulement la tête d'un côté, de l'autre, marmonnant quelque chose, les mots embrouillés, comme toujours.
    Oui, songea Qakan, son père pouvait bien se moquer de lui. Amgigh et Samig pouvaient bien se gausser de ses piètres talents de chasseur. N'empêche, il était un homme, plus qu'aucun d'eux. Et le ventre de Kiin en était peut-être la preuve.
    Il leva le pied qu'il appuya contre les seins de Kiin. Il ne se rappelait pas qu'elle eût eu son sang pendant leur voyage. Elle disait peut-être la vérité. Pourquoi ne pas dire la vérité si cela lui épargnait une raclée ? Quelle blague à faire aux Hommes Morses. Oui, un enfant, mais le sien. Enfant d'un frère. Maudits, oui, ils seraient maudits et ils lui abandonneraient des cadeaux en échange de cette malédiction !
    Qakan rit d'un rire dur qui claqua comme la pierre ensanglantée qui avait dévalé la falaise. Son estomac grogna. Il regarda Kiin. Elle avait les yeux fermés et respirait difficilement. Il pouvait la porter en bas, mais ce ne serait pas facile. D'ailleurs, il avait trop faim pour attendre. Et le vent se levait, amenant l'écume de la mer. Les falaises étaient toujours trop venteuses.
    Il haussa les épaules. Ce soir, il lui faudrait trouver sa propre nourriture. Mais ce serait bon. Il mangerait. Manger! Kiin amassait tout le poisson qu'elle attrapait, lui en donnait un peu un jour, un peu le lendemain, comme s'il était un gamin. Ce soir, elle ne le priverait pas. Ce soir, il mangerait à satiété.
    Il laissa Kiin sur la falaise.
    Quand elle s'éveilla, c'était la nuit. Elle tenta de s'asseoir mais une douleur fulgurante l'obligea à rouler d'abord sur elle-même pour se redresser ensuite.
    Elle ramena son suk contre elle. Elle avait mal au visage et à la tête, mais aucune douleur entre les jambes. Qakan ne l'avait pas prise. Il l'avait crue lorsqu'elle avait affirmé avoir un enfant. Peut-être même croyait-il l'enfant de lui. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il l'avait laissée tranquille. Nul homme ne voudrait maudire son propre enfant.
    Le soulagement se teinta vite de peur. Qakan l'avait facilement dominée. Cela voulait-il dire que son âme

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