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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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l'ikyak.
    Epouse Dodue avait accepté de coudre les peaux de lion de mer que Samig avait coupées pour recouvrir l'ensemble. Une fois l'ikyak achevé, Samig pourrait se débarrasser des jeunes filles au moins pour un temps, même si Nombreuses Baleines ne l'autorisait pas à s'aventurer hors de vue de la plage.
    Il contempla avec nostalgie l'ikyak qui l'avait amené depuis son village. Il gisait au-dessus de la ligne de marée, construit à la manière des Premiers Hommes, sans faîtage supérieur ni contre-quille assemblée. Il pourrait le prendre, maintenant, retourner dans son village, avec son peuple. Retourner à Kiin et à sa mère, à sa petite sœur Mésange. Mais alors, il décevrait Kayugh et Amgigh. S'il voulait aider son peuple, il devait appartenir aux Chasseurs de Baleines. Et, pour cette année au moins, il devait contenter Nombreuses Baleines et même Épouse Dodue.
    Cela aurait été plus facile si Épouse Dodue ressemblait davantage à sa propre mère. Il aurait alors pu évoquer avec elle les Premiers Hommes, sa famille, son village. Il se serait senti moins seul. Mais Épouse Dodue donnait l'impression de vouloir que Samig oublie son peuple. Elle lui interdisait de s'asseoir à la manière des Premiers Hommes; de parler comme les Premiers Hommes. Elle avait même insisté pour lui faire un nouveau parka ; pourtant, quand elle l'eut achevé, il n'avait guère trouvé de différence avec celui confectionné par sa mère.
    Nombreuses Baleines s'était moqué des harpons de phoque de Samig, de leur fine pointe, de leur hampe en os fin. Mais lorsqu'il avait inspecté le propulseur de Samig, le vieil homme s'était contenté d'un grognement, et Samig avait réprimé un sourire, sachant que cette planche était aussi fine que possible. Elle avait appartenu à son grand-père, Shuganan, puis avait été offerte à Samig parce qu'elle correspondait exactement à l'avant-bras de Samig, depuis la pointe de son doigt le plus long jusqu'au coude.
    Le propulseur était une extension du bras de Samig et lui permettait de projeter plus loin une lance ou un harpon. Presque de la largeur de la main de Samig, il possédait un crochet à une des extrémités qui s'articulait sur la hampe de la lance de Samig. La lance était posée dans une rainure de la longueur du propulseur. Samig maintenait une extrémité parallèlement à l'eau, revers contre son épaule. Quand il lançait d'un jet vif et latéral, le propulseur suivait l'arc de son bras tandis que la lance demeurait horizontale, pour finir reliée au propulseur uniquement par le crochet au bout de la planche.
    Le propulseur de Samig conférait toujours à la lance une visée franche, et le crochet à l'extrémité ne glissait jamais. Bien des chasseurs plus talentueux que Samig en possédaient de moins parfaites.
    — Peut-être est-ce le pouvoir de l'énorme tableau de chasse que ton grand-père a réalisé avec, avait expliqué Kayugh à Samig.
    Et c'est cette même explication que Samig fournit à Nombreuses Baleines.
    Mais, chaque jour, on laissait Samig sur la plage à observer les jeunes du village partir chasser le lion de mer ou le phoque. Et, tous ces jours, il songeait à ce que Kayugh lui avait dit :
    — Fais ce que dit le vieil homme. Montre de l'intérêt pour ses paroles et ses récits, et quand tu n'auras plus rien à apprendre, reviens et explique-nous. Nous deviendrons comme les Chasseurs de Baleines, mais en mieux, car nous sommes déjà meilleurs chasseurs de lions de mer.
    Oui, se disait Samig chaque fois que son esprit brûlait du désir de revoir son île, de retourner dans son ulaq, oui, Kayugh t'a traité en vrai fils. À toi d'honorer Kayugh en vrai père. Apprends à chasser la baleine afin de pouvoir lui enseigner à ton tour, à lui et à son fils Amgigh.
    Samig posa son couteau sur le sol et inspecta l'ikyak. Il avait noué chaque joint avec des rubans rigides de fanons de baleine, il avait inséré les plaquettes d'ivoire dans leur socle et les avait collées avec du varech en poudre mélangé à son propre sang. Peut-être qu'aujourd'hui Épouse Dodue pourrait commencer à coudre la couverture.
    Le murmure des filles s'interrompit lorsque Samig ramassa son couteau et se dirigea vers l'ulaq de Nombreuses Baleines. Il entendit qu'on courait derrière lui. Samig se retourna pour voir à ses trousses celle qu'on appelait Trois Poissons. Ses deux amies dissimulaient leur sourire derrière leurs mains et se serraient l'une contre

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