Marcel Tessier racontre notre histoire
l’unité. En 1637, les pères jésuites sont au nombre de 23, les frères, seulement 6. C’est à ce moment qu’ils pénètrent chez les Iroquois, ennemis redoutables des Français. Nous connaissons le sort réservé à plusieurs d’entre eux. René Goupil, Isaac Jogues, Jean de la Lande, Antoine Daniel, Brébeuf, Lalemant, Garnier, Chabanel, tous meurent à la suite des supplices les plus atroces. Les Jésuites installent aussi les premiers jalons de l’éducation. À Montréal et à Québec, ils ouvrent des écoles. Ils prennent aussi charge de paroisses à Québec, aux Trois-Rivières ainsi qu’à Ville-Marie.
Nous verrons plus tard l’influence que les Jésuites auront sur les destinées de la colonie. Dans tous les domaines, ils s’imposeront et seront les piliers de la Nouvelle-France. Jamais il ne faut minimiser, dans l’enseignement de l’histoire, l’importance de ces religieux héroïques. Ils sont les ouvriers de la première heure.
9 L’ÉGLISE EN NOUVELLE-FRANCE
O n me demande souvent quels missionnaires, quelles religieuses sont venus en Nouvelle-France pour bâtir cette puissante institution qu’est l’Église. Si, du point de vue spirituel, l’Église de la Nouvelle-France relève du pape, puisqu’elle est catholique, elle dépend aussi du pouvoir politique du point de vue séculier. C’est pour cette raison que l’évêque, en Nouvelle-France, est à la fois un personnage religieux et politique. Sous ses ordres, les prêtres de la colonie sont groupés soit en clergé séculier, soit en clergé régulier.
Le clergé séculier comprend des prêtres formés au Séminaire de Québec et qui sont soumis à l’autorité directe de l’évêque. Ils sont recrutés chez les Canadiens et ils occupent les cures rurales; ils célèbrent les offices paroissiaux, administrent les sacrements et voient à la tenue des registres d’état civil. Ce clergé est sous le contrôle absolu de l’évêque. Ses prêtres, issus du peuple, sont très près de leurs ouailles et gèrent le financement de leur paroisse.
Le clergé régulier est formé de prêtres qui font partie de communautés religieuses et qui sont soumis à l’autorité de leur supérieur. Ces prêtres sont souvent recrutés dans la mère patrie, qui assume leurs frais. Leur rôle dans la colonie est beaucoup plus étendu que celui des premiers. On retrouve en effet parmi leurs tâches une multitude de services. Ils seront missionnaires, explorateurs, éducateurs et curés, surtout dans les villes. Pour accompagner et soutenir les membres de ce clergé, plusieurs communautés d’hommes et de femmes se donnent des tâches très précises. Elles recrutent leurs membres dans la métropole, mais aussi en Nouvelle-France. Ces communautés s’occuperont des hôpitaux, de l’éducation et de divers services offerts à la population. Mais revenons au roi, qui incarne l’autorité civile. C’est lui qui nomme l’évêque, paie ses gages et contrôle l’expansion des communautés. Le pape lui, approuve le choix du roi dans la nomination de l’évêque et gère l’aspect religieux de ses activités. L’évêque est pour sa part chef de diocèse. Au début de la colonie, la Nouvelle-France ne compte qu’un seul diocèse, qui couvre l’ensemble du territoire. C’est aussi le personnage le plus important, sur le plan hiérarchique, après le gouverneur de la colonie. C’est lui qui nomme les principaux mandataires des fonctions ecclésiastiques et qui permet la formation des communautés religieuses avec l’accord du roi. C’est aussi l’évêque qui crée les paroisses et qui fixe la dîme, toujours avec l’accord du roi.
Trois communautés principales viennent en Nouvelle-France. Les premiers sont les Récollets, qui arrivent en 1615. D’abord missionnaires, ils s’occupent aussi des paroisses à Trois-Rivières. Ils deviennent rapidement populaires auprès des colons. En 1625, les Jésuites arrivent. Ce sont des missionnaires et des explorateurs qui œuvrent chez les Amérindiens. Ils assument par ailleurs l’éducation dans l’ensemble de la colonie. Également colonisateurs, ils posséderont plusieurs seigneuries pour une superficie totale de près de 2000 km 2 . Le recrutement des Jésuites se fait surtout dans la mère patrie. Enfin, la troisième communauté de prêtres à s’installer en Nouvelle-France est celle des Sulpiciens, qui arrivent en 1657 et qui acquièrent les seigneuries de l’île de Montréal
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