Marcel Tessier racontre notre histoire
Guillaume reçut du roi de France des lettres de noblesse pour lui, son épouse et ses enfants nés ou à naître. Ils eurent neuf enfants, cinq filles et quatre fils. Les filles épousèrent d’illustres Canadiens, dont l’explorateur Jean Nicolet et Charles Aubert de la Chenaye. Quant à deux de leurs fils, Guillaume et Nicolas, ils moururent aux mains des Iroquois. Louis devint seigneur de la Rivière-du-Sud et fut anobli en 1668. Son frère Charles, anobli en même temps, devint sieur des Islets et de Beaumont.
LA SEIGNEURIE
En 1627, la Compagnie des Cent-Associés adopte la façon de procéder de Champlain. Ne voulant pas elle-même peupler la colonie, elle confie ce devoir à des seigneurs, à qui elle concède des terres. Aucun paiement n’est exigé. Mais le dépositaire d’une seigneurie s’engage à la défricher dans une période de temps donnée et à y installer des laboureurs – des censitaires –, qui reçoivent à leur tour une partie de la terre sans rien débourser. Bien sûr, le seigneur et ses censitaires ont des devoirs et des droits les uns envers les autres. C’est ainsi qu’apparaît la fameuse tenure seigneuriale du Canada. Cette façon de distribuer les terres n’a rien à voir avec le servage de l’époque féodale. L’habitant canadien n’est pas la «chose» du seigneur. Il est libre et propriétaire de sa ferme. Mais il doit la faire fructifier et remettre chaque année au seigneur de faciles redevances.
Robert Giffard est le premier de ces seigneurs. Il en est le modèle par excellence. En 1634, il reçoit la seigneurie de Beauport. Il fait rapidement venir des cultivateurs du Perche, son pays d’origine, pour l’aider à défricher ses concessions. Lorsque nous nous promenons le long du fleuve, de Québec au Petit Cap, nous foulons les terres qu’ont défrichées ces belles familles venues s’installer à la demande de Giffard et qui ont été parmi les premières à se nourrir et à vivre du sol québécois. Les progrès du colon sont ceux du seigneur qui, de son manoir, veille sur ses gens. Il est solidaire de ses censitaires; ensemble, ils ont construit le manoir, l’église, le moulin banal et tracé les chemins.
Et dire que tout avait commencé avec des huttes de branches arc-boutées les unes contre les autres…
8 LES MISSIONNAIRES FRANÇAIS
L a sublime persévérance qui caractérise les pionniers de la Nouvelle-France est due, pour une large part, à la sollicitude des missionnaires. Ils ont uni leurs efforts, leurs connaissances, leur bravoure et leur foi et se sont associés aux fondateurs afin de bâtir ce pays. Qui sont ces missionnaires?
Saviez-vous que…
Les premiers arrivent au Canada en 1615. Ce sont les Récollets. C’est Champlain qui les a suppliés de venir en Amérique. Les pères Denis Jamay, Jean Dolbeau, Joseph Le Caron et le frère Pacifique Du Plessis arrivent donc à Québec le 25 juin. La première messe est célébrée dans la chapelle construite près de l’habitation. À peine arrivés, les Récollets fondent le séminaire Saint-Charles pour les enfants indigènes. Ils se rendent chez les Hurons, les Montagnais et les Algonquins, où ils ouvrent de nombreuses missions. Ils se fixent surtout à Québec, à Tadoussac et aux Trois-Rivières. Plusieurs d’entre eux seront massacrés.
Les Récollets quittent le Canada en 1629, quand Québec doit capituler devant les frères Kirke. Mais ils reviendront en 1670, réclamés par l’intendant Talon.
LES JÉSUITES
Ce sont les Récollets qui insistent pour que les Jésuites viennent en Nouvelle-France. Ils ont besoin d’aide, car la besogne est énorme. En 1625, les pères Charles Lalemant, Ennemond Massé, Jean de Brébeuf ainsi que les frères François Charton et Gilbert Buret débarquent à Québec. Immédiatement, ils se mettent à la tâche et ouvrent des missions prospères. Nous devons au père Paul Le Jeune notre première revue historique: Les Relations . Elle est alors distribuée en France aux anciens élèves et amis des Jésuites. Ces comptes rendus contribuent à faire connaître et aimer la colonie, et vont pousser plusieurs personnes importantes à s’intéresser à la Nouvelle-France, comme nous le verrons plus loin. Comme les Récollets, les Jésuites retournent en Europe à la capitulation, mais après le traité de Saint-Germain-en-Laye, en 1632, ils reviennent, seuls, au Canada.
Le cardinal de Richelieu, dans sa politique d’évangélisation, tient à
Weitere Kostenlose Bücher