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Marcel Tessier racontre notre histoire

Marcel Tessier racontre notre histoire

Titel: Marcel Tessier racontre notre histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marcel Tessier
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dont quelques Canadiens français, ne sont pas venus à bout de la volonté du peuple. Comme il est alors impensable de mettre les Canadiens en minorité dans cette Chambre d’Assemblée reconnue par la Constitution de 1791, le roitelet n’a d’autre choix, en 1811, que de retourner chez lui bredouille et sûrement dégoûté.

37 L’INSTITUTION ROYALE
    N ous voilà au début du XIX e siècle. Trois personnages vont inspirer une recrudescence de la francophobie. Depuis 1791, l’Acte constitutionnel a divisé la colonie du Canada en deux. Même si on y trouve une Chambre d’Assemblée, c’est-à-dire des députés élus par le peuple, il s’agit d’un gouvernement qu’on dit «non responsable», puisque les vrais dirigeants sont encore nommés par la Couronne britannique. Je résume ici les propos de l’historien Albert Tessier qui nous expose si bien la situation.
    LE TRIO FRANCOPHOBE
    Dans le Bas-Canada, Jacob Mountain, évêque anglican, Jonathan Sewell, procureur général, juge en chef, président des Conseils exécutif et législatif, et Hermann Wilsius Ryland, secrétaire civil du gouverneur et greffier du Conseil exécutif, emploient leur influence à opprimer les francophones, à bafouer leurs droits et à les soumettre à la minorité anglophone.

    Ainsi Ryland écrit, en 1804: «J’appelle papiste le clergé de cette province pour le distinguer du clergé anglican et pour exprimer mon mépris envers une religion qui abaisse et dégrade l’esprit humain et qui est une malédiction pour tout pays où elle prévaut… Il faut s’efforcer, par tous les moyens conformes à la prudence, de saper graduellement l’influence et l’autorité des prêtres catholiques romains.»
    Sewell, lui, rêve tout bonnement de faire disparaître les paroisses catholiques et d’intensifier l’immigration anglophone pour «noyer» les Canadiens français.
    Quant à l’évêque Mountain, il désire surtout stopper l’expansion du catholicisme. Comment? Il planifie de commencer par les écoles. En 1779, dans un mémoire qu’il fait parvenir au gouverneur Robert Shore Milnes, il se pose des questions sur l’instruction publique dans le Bas-Canada. Il fait remarquer au gouverneur que «les Canadiens ne font aucun progrès dans la connaissance de la langue du pays (l’anglais, bien sûr) sous le gouvernement duquel ils ont le bonheur de vivre». Et il obtient l’accord du Conseil exécutif en faveur d’un projet de loi d’écoles gratuites avec des instituteurs anglais payés par le gouvernement!
    Ce nouveau système faciliterait, juge-t-il, la formation «d’une nouvelle race d’hommes […] formée au pays, supprimerait l’ignorance, stimulerait l’industrie et confirmerait la loyauté du peuple par l’introduction graduelle des idées, coutumes et sentiments anglais […] le mur qui sépare Canadiens et Anglais serait abattu».
    LE PROJET DE LOI
    Sewell et Ryland entrent dans la campagne du prélat et, en 1801, Robert Shore Milnes présente aux députés un projet de loi, le Royal Institution for the Advancement of Learning . Les députés approuvent le projet sans se rendre compte de sa portée, même si Joseph-François Perrault prépare sans succès une autre loi pour la contrer. Bien sûr, des subsides seront accordés uniquement aux écoles de l’Institution royale, à même les biens des Jésuites, confisqués en 1800. Bien entendu, ces écoles devront être non confessionnelles. On ne se gêne pas: même M gr Plessis est invité à faire partie du comité présidé par Mountain! Naturellement, il refuse.
    DES ÉCOLES DE FABRIQUES
    L’Institution royale profitera à la population anglophone du Bas-Canada, mais les Canadiens français la bouderont. En 25 ans, à peine 22 écoles ouvriront leurs portes. En 1824, pour contourner les méfaits que pouvait engendrer cette loi, les catholiques, grâce à des démarches du supérieur du Séminaire de Québec, feront voter une loi dite des écoles de fabriques. Par cette loi, les fabriques paroissiales pourront, à même leurs revenus, ouvrir des écoles. En quatre ans à peine, on en ouvrira 48. En 1829, une nouvelle loi sera votée et sept ans plus tard, 1500 écoles, baptisées par le peuple «écoles de l’Assemblée législative», ouvrent leurs portes. Les tentatives d’anglicisation de Mountain, Sewell et Ryland auront échoué.
    On ne peut s’empêcher de rappeler qu’à cette époque et sans appui officiel, des collèges classiques dirigés

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