Marcel Tessier racontre notre histoire
mâles. Après un voyage difficile de quatre mois, les colons arrivent le 26 avril 1607. Ils se fixent à Jamestown, qui devient la première colonie anglaise viable en Amérique. Ils y passeront des années éprouvantes. De 1607 à 1618, on remet plusieurs fois en cause l’existence même de la colonie. En Virginie, l’endroit choisi par les dirigeants est insalubre. Les marécages sont omniprésents, ce qui entraîne une épidémie de malaria qui tue plusieurs colons. Plusieurs de ces colons sont des gentilshommes et des marchands qui s’y connaissent peu en ce qui concerne les besoins immédiats d’une colonie, ce qui complique les choses. Ils sont venus dans le seul but de faire des affaires. Insistons sur le fait que cette colonie n’a pu s’établir que grâce aux Powhatans, des Amérindiens qui ne cessent d’apporter leur soutien aux colons en les ravitaillant et en leur enseignant la culture du maïs, qui deviendra un aliment essentiel à leur survie. C’est vers 1618 que la colonie devient plus stable. Bien que la mortalité y soit élevée et la population, encore vulnérable, Londres accorde une modification à la charte de 1606 et applique un autre système de colonisation, le Headright system, qui favorise la venue de colons. En effet, de 1618 à 1624, quelque 4000 nouveaux arrivants foulent le sol de la Virginie. Le commerce du tabac, qui génère déjà des profits substantiels, permet à la colonie d’améliorer le confort matériel de la population et d’augmenter sa qualité de vie. En 1619, c’est avec plaisir que les colons voient arriver 90 jeunes femmes venues pour fonder des familles. Mais l’ombre se répand sur la colonie à partir de 1622. Les Amérindiens, constatant que les nouveaux arrivants pénètrent de plus en plus à l’intérieur des terres, se sentent assaillis et attaquent la colonie. C’est alors que Jacques I er , croyant que la Compagnie de Virginie de Londres ne fait pas le nécessaire pour sauver la colonie, lui retire sa charte. Il en fait une colonie royale et y installe rapidement ses militaires pour en assurer la protection. L’Angleterre a ainsi une première colonie bien implantée en Amérique. Les colons continuent d’y venir. Déjà les voisins s’observent à distance: l’Angleterre au sud et la France au nord, deux empires qui ne pourront cohabiter. L’histoire de notre survie commence…
4 LES AMÉRINDIENS
C omme l’écrit Léandre Bergeron dans son Petit manuel d’histoire du Québec , «les explorateurs n’ont pas découvert les Amériques. Ces territoires avaient été découverts on ne sait pas quand par les premiers hommes qui y mirent les pieds. Quand les explorateurs blancs arrivèrent en Amérique, le pays était déjà peuplé d’hommes, d’hommes d’une autre couleur, oui, mais d’hommes tout de même. Les explorateurs blancs n’ont rien découvert. Ils ont exploré des territoires et conquis des territoires». En 1520, la population des Amérindiens du Canada atteint environ 220 000 personnes. Les Inuits vivent dans l’Extrême-Nord. D’autres peuples habitent la région du Pacifique et des Rocheuses, d’autres encore les plaines de l’Ouest. Et, bien sûr, il y a les tribus de l’Est, les premières que les Européens rencontrent. Ces Amérindiens sont arrivés en Amérique du Nord environ 15 000 ans avant Jésus-Christ. Ils sont venus d’Asie. Ils sont passés par le détroit de Béring reliant l’Alaska à la Sibérie, lors d’un abaissement des eaux, et se sont répandus partout sur le vaste territoire qui s’offrait à eux. Dans la vallée du Saint-Laurent et la région des Grands Lacs, ils sont environ 60 000 à l’arrivée des Blancs, dont 25 000 sur le territoire du Québec actuel. Du point de vue linguistique, les Amérindiens appartiennent à trois grandes familles: inuite, algonquienne et iroquoienne.
INUITS, ALGONQUIENS ET IROQUOIENS
Les Inuits, que les Blancs appelleront longtemps Esquimaux, vivent alors dans les régions de la Baie d’Hudson et du Labrador.
Les Algonquins – Algonquins, Cris, Ojibwés, Micmacs, Naskapis, Montagnais – sont des nomades qui vivent de chasse et de pêche; ils se nourrissent aussi de fruits sauvages, de plantes et de racines. Ils poursuivent le gibier en raquettes, se déplacent en canot d’écorce et habitent des wigwams. Leur organisation sociale se fonde sur la cellule familiale. Plusieurs familles forment une bande ou un clan; chaque bande est conduite par un
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