Marcel Tessier racontre notre histoire
puissances que Dieu a établies pour vous gouverner 2 …
2 . Gilles Boileau, «Une Église soumise et servile», Histoire Québec, vol. 6, n o 3, mars 2001. Sur Internet: www.histoirequebec.qc.ca/publicat/vol6num3/v6n3_6eg.htm .
52 MONSEIGNEUR IGNACE BOURGET
N ous ne pouvons rejeter du revers de la main l’apport essentiel de l’Église dans notre histoire. Durant 300 ans, tant sous le Régime français que sous le Régime anglais et même jusqu’en 1960, on lui doit la survie de notre culture et de notre langue, l’éducation du peuple et la mise en œuvre des politiques sociales. On peut aujourd’hui remettre en question son action; il reste qu’en histoire, il faut toujours apprécier les gestes des personnes dans le contexte de leur époque.
À partir de 1840, un personnage mérite une mention toute spéciale: c’est celui de M gr Ignace Bourget, évêque de Montréal. Né en 1799 à Saint-Joseph-de-Lévis, il est le onzième enfant d’une famille de 13. Le petit Ignace est vif et intelligent, mais sa santé est faible. Son père, qui est cultivateur, l’envoie faire son cours classique au Séminaire de Québec. Ignace prend la soutane à 18 ans et tout en enseignant la grammaire, il complète ses études théologiques à Nicolet.
Puis il devient secrétaire de M gr Lartigue, qui vient d’être sacré évêque auxiliaire de Québec, avec résidence à Montréal. Ignace Bourget remplit cette fonction durant 15 ans. En 1836, M gr Lartigue devient évêque en titre à Montréal. Il nomme alors son secrétaire, tout récemment sacré évêque titulaire de Telmesse, coadjuteur du diocèse. À la mort de M gr Lartigue, au printemps 1840, M gr Bourget accède donc au trône épiscopal de la métropole.
UN CRÉATEUR D’INSTITUTIONS
À 40 ans, il a souvent des problèmes de santé. Mais c’est un intraitable ultramontain, c’est-à-dire un partisan du pouvoir absolu du Vatican, et il rêve de faire de Montréal «une petite Rome». À cette époque, la société canadienne-française est trop faible pour résister à ses dirigeants bourgeois ou pour contester un clergé omniprésent qui condamne et excommunie à qui mieux mieux. C’est dans ce cadre que M gr Bourget, s’appuyant sur le Syllabus de Pie IX, publié en 1864 et qui condamne les «erreurs modernes», va renforcer sa domination sur les catholiques de son diocèse. L’emprise de ce pouvoir religieux durera 100 ans: il faudra attendre la Révolution tranquille pour que les Canadiens français repensent leur système de valeurs.
M gr Bourget assure sa mission. Avec un zèle unique, il va encadrer ses ouailles de piliers dévoués comme Émilie Gamelin, fondatrice en 1843 des Sœurs de la Providence qui se spécialisent dans le soin des malades, des vieillards, des pauvres et des orphelins. Comme Eulalie Durocher, fondatrice, aussi en 1843, des Sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, qui s’occupent de l’éducation des jeunes filles. Comme Rosalie Jetté, fondatrice, en 1848, de la communauté des Sœurs de la Miséricorde, qui se consacrent au salut des enfants trouvés. Comme mère Marie-Anne, fondatrice, en 1850, des Sœurs enseignantes de Sainte-Anne.
En plus de coordonner toutes ces fondations, l’évêque fait venir de France les Sœurs du Sacré-Cœur, celles du Bon Pasteur, de Sainte-Croix; il ramène les Jésuites au Canada en 1842, et les Clercs de Saint-Viateur, les Pères de Sainte-Croix, les Frères de la Charité répondent aussi à son appel. C’est encore lui qui invite les Oblats de Marie-Immaculée à venir œuvrer au Canada; et cette congrégation enverra ses missionnaires dans toutes les directions.
C’est à l’instigation de M gr Bourget que s’ouvriront des dizaines et des dizaines de paroisses en région de colonisation, comme dans les Cantons-de-l’Est. C’est encore lui qui pose, le 28 août 1870, la première pierre de la cathédrale de Montréal, sur le modèle, il fallait s’y attendre de la part d’un ultramontain, de la basilique Saint-Pierre de Rome… M gr Bourget se retire en 1876 et meurt au Saut-au-Récollet en 1885.
La Confédération
53 LA CONFÉDÉRATION
Confédération: Association d’États souverains qui ont délégué certaines compétences à des organes communs.
Le Petit Larousse
D epuis 1867, malgré les amendements de 1982, cette bonne dame Confédération en a pris pour son rhume. Surtout que dans l’une des provinces fondatrices, le Québec, nombreux sont ceux
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