Marcel Tessier racontre notre histoire
pour la première fois depuis la Confédération, aux libéraux d’Alexander Mackenzie.
LE CONTEXTE
Depuis 1867, les colonies du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et du Canada-Uni forment le Canada. Tout ne va pas pour le mieux. Il y a eu l’entrée très agitée du Manitoba dans la fédération à la suite du soulèvement des Métis en 1870. Les Ontariens trouvaient dangereuses les concessions faites à cette province et concernant la langue et l’enseignement. Ils craignaient qu’à la longue, le Manitoba ne devienne une autre province française et que des Canadiens français du Québec n’émigrent alors massivement dans l’Ouest, risquant facilement d’augmenter la petite majorité francophone manitobaine… Pour contenir cette possibilité, les orangistes de l’Ontario organisent une immigration intense et rapide de cette province. Les choses dégénéreront, entraîneront la révolte des Métis et plus tard l’exécution de leur chef, Louis Riel.
Dans l’est du pays, au Nouveau-Brunswick plus particulièrement, la situation n’est pas meilleure, l’agitation règne. À la session de 1871, on supprime, au moyen d’une loi, les droits scolaires et les subventions qui étaient pourtant garantis par la Constitution de 1867 aux Acadiens de cette province. C’est la fin des écoles confessionnelles au Nouveau-Brunswick pour un bon moment. Ni le gouvernement central ni le Conseil privé de Londres n’osent désavouer ce geste haineux.
Malgré ces problèmes politiques sérieux, les politiciens et les hommes d’affaires ne lâchent pas. Après des négociations très dures, la Colombie-Britannique décide d’entrer dans ce nouveau pays. Depuis 1858, la ruée vers l’or avait attiré de nombreux immigrants sur son territoire. Elle était cependant isolée du reste du Canada. Les États-Unis étaient des voisins très intéressants pour elle et l’idée de s’annexer à eux était emballante. Mais Cartier et Macdonald ne vont pas laisser s’échapper cette proie importante pour le jeune pays. Comment? En réglant le problème des communications. La solution: une voie ferrée continentale traversant le pays et reliant toutes les provinces, des rives de l’Atlantique à celles du Pacifique.
LE SCANDALE
Hugh Allan est un Écossais de Montréal qui gère déjà une importante flotte de bateaux. Le projet du train transcontinental l’intéresse. Il sait fort bien que le gouvernement n’a pas les moyens de financer un projet de cette envergure. C’est en effet une entreprise gigantesque: 2000 milles de voie ferrée, 400 milles de montagnes à traverser dans des conditions difficiles… De quoi faire rêver les capitalistes comme Allan qui, en plus de profiter des largesses du gouvernement, flaire dans cette affaire d’énormes profits. « Public risk, private profit …»
Pour éliminer ses compétiteurs, Allan forme la Canadian Pacific Railway Company. D’autres hommes d’affaires mettent sur pied l’Interoceanic Railway Company, dont le patron est un dénommé Macpherson. À quelle compagnie ira le mirobolant contrat? Le gouvernement hésite: des élections ont lieu en 1872 et elles s’annoncent difficiles pour lui. Alors George-Étienne Cartier se mouille. En effet, le plus influent des Canadiens français dans le gouvernement Macdonald promet le contrat à la compagnie de Hugh Allan en échange d’une somme de 350 000 dollars versée à sa caisse électorale. Voilà… Les conservateurs gagnent les élections.
Or, à l’ouverture de la session de 1873, un député libéral dévoile le scandale en Chambre. Pour gagner du temps, le gouvernement ajourne le Parlement. Mais les journaux s’en mêlent. On publie les lettres de capitalistes américains alliés d’Allan, la correspondance entre eux et l’équipe Cartier-Macdonald… Finalement, Allan admet ses largesses et Macdonald démissionne. Les élections de 1874 placent les libéraux à la tête du pays pour la première fois. Et Cartier meurt en Angleterre.
56 «TOUS LES CHIENS AURONT BEAU ABOYER AU QUÉBEC, LOUIS RIEL SERA QUAND MÊME PENDU.»
Sir John A. Macdonald,
premier ministre du Canada
L ouis Riel est l’une des grandes figures de notre histoire. Pour les gens de son peuple et pour la majorité des Canadiens français, c’est un héros, un chef qui a donné sa vie pour les siens. Mais pour d’autres, c’est un exalté, un fou, un traître même.
En 1985, la ministre du Patrimoine à Ottawa, Sheila Copps,
Weitere Kostenlose Bücher