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Marcel Tessier racontre notre histoire

Marcel Tessier racontre notre histoire

Titel: Marcel Tessier racontre notre histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marcel Tessier
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inaccoutumée, son humilité, son sourire absent et son intériorité. On a découvert des preuves marquantes de cette piété ardente. En effet, le jeune homme entoure sa taille et ses hanches de cilices qui font redouter l’infection, et il devra s’en expliquer. Son état de santé est lamentable.
    En 1870, un prêtre, l’abbé André Provençal, fait en sorte de le présenter à la Congrégation des frères de Sainte-Croix. La porte lui est ouverte. Sans instruction et dépourvu de compétence, il devra toutefois se contenter de fonctions mineures. Le 22 novembre 1870, il commence donc son noviciat et revêt l’habit le 27 décembre suivant. À partir de ce jour, Alfred Bessette devient le frère André. La règle des religieux est de vivre dans l’humilité, la mortification et la modestie. Il prononce ses vœux le 22 août 1872. On ne lui fait pas de cadeau. Bien sûr, le frère André ne peut enseigner. Il devient portier. D’autres frères «dignes de confiance, actifs et intelligents» partagent ses journées de labeur. La communauté manque de membres et le frère André, en plus de son rôle de portier, doit servir de coiffeur, d’infirmier, de linger, etc. C’est aussi l’homme de ménage. Un jour, l’un de ses supérieurs le forcera à «baiser la terre» à la suite d’un certain relâchement de sa part; il faut dire que l’humble frère ploie sous le travail.
    Le frère André est habité par une foi inébranlable. Son héros, c’est l’obscur Joseph, cet humble serviteur au service de Jésus et de Marie. Il croit en saint Joseph. C’est lui qui le guide. Il le voit comme la courroie de transmission auprès de Jésus. Pour le frère André, cet humble charpentier est puissant et il rêve d’un sanctuaire pour son héros.
    Sans qu’on le remarque, le frère André donne aux malades qui viennent le visiter au collège pour lui demander de l’aide un peu d’huile d’olive qui brûle au pied de la statue du saint. Il frotte leurs membres morts, leurs plaies vives. Des aveugles se présentent à lui. Répétant les mêmes gestes, il leur frotte les yeux avec son huile. Rapidement, une rumeur se répand. Certains le décrient, d’autres l’admirent. Le bon petit frère se tait. Il prie, il demande à saint Joseph de l’éclairer. Il reçoit les humbles et les grands de ce monde, leur parle de saint Joseph et les incite à le prier. La réputation du frère André, cet humble portier et «brosseur» de planchers, croît. Une seule idée anime le petit homme, faire connaître le culte à saint Joseph. C’est le début. Le frère André continue. Il réussit à faire accepter son projet de construire un petit oratoire de bois sur la montagne, face au collège. Après un long moment et de nombreux palabres, les pères de Sainte-Croix consentent aussi à ce que le frère André cesse ses travaux de balayeur pour devenir le gardien de l’oratoire. En cette seule année 1909, l’humble apôtre de saint Joseph recevra plus de 29 500 lettres lui demandant d’intervenir.
    En 1912, la revue Les Annales de Saint-Joseph voit le jour. Les miracles y sont racontés, la dévotion à saint Joseph se répand en Amérique. Le frère André reçoit, encourage, prie et guérit. Humblement, il se protège de la gloire, il n’est rien. C’est saint Joseph qui fait le boulot. Durant 50 ans, à coups de médailles, d’«huile de saint Joseph» et en insistant toujours sur la foi, le petit homme multiplie les guérisons. Malgré lui, sa renommée s’étend partout en Amérique du Nord.
    Hélas, depuis Noël, le petit frère est gravement malade; on le transporte à l’hôpital. La nouvelle se répand. Il a 91 ans. L’un des témoins de cette heure historique, le frère Placide, raconte: «Dans la métropole, dans la Province entière, il n’est plus question que du frère André. Les enfants cessent leurs jeux: “Tu sais, le frère André va mourir.” Les bonnes vieilles vont faire une prière à l’église. Dans les écoles, on récite une dizaine de chapelets […]. Dans les rues, dans le tramway, dans l’ascenseur, les hommes d’affaires, les midinettes, les garçons livreurs, même les gens qui ne sont plus croyants, tout le monde parle du frère André qui va mourir.» Dans la nuit du 5 au 6 janvier 1937, à minuit cinquante minutes, le frêle religieux meurt.
    Toute l’Amérique du Nord est secouée par cette mort. Même les protestants partagent la tristesse des catholiques. Les jours

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