Marcel Tessier racontre notre histoire
basculerait.
LE MOUVEMENT FÉMINISTE
C’est d’abord en Angleterre, puis aux États-Unis que le mouvement féministe se déploie. On se souvient des «suffragettes» qui, en Angleterre, organisent des grèves de la faim et toutes sortes de manifestations pour obtenir le droit de vote. Au Québec, c’est à Montréal, dans les milieux les plus aisés, que les femmes se battent pour obtenir le droit de vote. Les femmes anglophones, qui sont plus au courant de ce qui se passe grâce aux journaux anglais qu’elles lisent, lancent le mouvement. Rapidement, les Canadiennes françaises leur emboîtent le pas. Marie Gérin-Lajoie bat la marche, mais on l’attend de pied ferme. Les politiciens, l’Église et tout le beau monde en place se dressent devant ces femmes qui prêchent le mal.
LES LUTTES
À quoi s’attaquent-elles? D’abord, les féministes veulent favoriser l’accès des femmes aux études supérieures et aux professions libérales. Si l’on veut que la femme sorte du foyer et brille dans la société, il lui faut faire les mêmes études que les hommes. On obtient la création d’un collège pour jeunes filles et le droit, pour les femmes, de fréquenter l’université. Il faut dire que les avocats, les notaires et les médecins s’opposeront avec ardeur à l’entrée des femmes dans leurs professions. En conséquence, il faudra attendre jusqu’en 1941 pour que les femmes aient le droit de pratiquer en tant qu’avocates et jusqu’en 1956 pour qu’elles puissent devenir notaires.
Des femmes extraordinaires lutteront pour obtenir le droit de vote à leurs congénères. Dans l’Ouest canadien, Nellie McClung mène la bataille; le Manitoba deviendra la première province canadienne à accorder le droit de vote aux femmes en 1916. Au Québec, après de longs combats, des attaques vicieuses et des difficultés énormes, c’est la victoire! Adélard Godbout, premier ministre libéral, accorde en 1940 le droit de vote aux Québécoises.
67 LES SUFFRAGETTES
N ous avons tous vu un jour ou l’autre des photos de femmes-sandwichs arborant des messages criant au monde le droit inaliénable des femmes de voter tout comme les hommes.
C’est en 1890 que les mouvements féministes forment aux États-Unis l’Association nationale américaine pour le suffrage des femmes. En Europe, la Britannique Emmeline Pankhurst et deux de ses filles sont les premières à diriger le combat.
LES PANKHURST
Emmeline Pankhurst est née à Manchester en 1858. Dès l’âge de 14 ans, elle assiste à des réunions en faveur du suffrage des femmes. À 21 ans, elle épouse un avocat progressiste, Richard Pankhurst. En 1903, elle fonde l’Union sociale et politique des femmes (WSPU). Après une vie pleine de luttes, de manifestations, d’arrestations et de séjours en prison, elle meurt en 1928.
Au long de ces années, elle peut compter sur la présence à ses côtés de sa fille Christabel, laquelle doit fuir à Paris en 1912, car elle est poursuivie pour association de malfaiteurs! C’est à ce moment qu’elle édite le quotidien The Suffragette .
L’opposition au droit de vote des femmes, en ce début du XX e siècle, est généralisée: la presse, le Parlement, les milieux professionnels, l’Église et même beaucoup de femmes s’y opposent. Pourquoi? Parce qu’on perçoit ce mouvement comme une menace pour les valeurs traditionnelles de la société. La femme est considérée comme fragile, émotive, illogique et terre à terre. Sa place est à la maison. D’ailleurs, la politique est l’affaire des hommes: si les femmes s’y adonnaient, elles tueraient l’esprit chevaleresque masculin et seraient corrompues. Les politiciens redoutent le droit de vote pour d’autres motifs aussi. Ils ont peur qu’il n’ouvre la porte au contrôle des naissances, ce qui priverait le pays de futurs soldats et affaiblirait la frappe militaire. Pour n’importe quel parti politique, à l’époque, soutenir ce droit est extrêmement risqué face aux électeurs.
L’OPINION CHANGE
La Première Guerre mondiale (1914-1918) éclate. Le rôle de la femme est d’élever ses fils pour en faire de bons soldats. Mais plus la guerre s’étire, plus il manque d’hommes dans l’industrie et dans la fonction publique. Les femmes prennent donc leur place. Et bientôt, en Angleterre, plus d’un million de femmes travaillent à l’extérieur de leur maison. Les stéréotypes changent. La femme voit augmenter ses droits et ses
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