Marcel Tessier racontre notre histoire
pouvoirs.
Au mois de février 1918, le droit de vote est accordé aux femmes en Angleterre. Elles doivent cependant avoir au moins 30 ans, alors que les hommes peuvent voter à 21 ans. Et elles doivent appartenir à un milieu social privilégié. Les femmes de la classe ouvrière sont donc exclues. Il faudra attendre encore 10 ans (1928) pour que les femmes puissent voter à partir de 21 ans.
Aux États-Unis, déjà avant 1896, dans quatre États (Colorado, Idaho, Utah et Wyoming), les femmes votent. C’est en 1920 que ce droit leur sera reconnu dans tout le pays. En Europe, les deux premiers pays à permettre aux femmes de voter sont la Finlande, en 1906, et la Norvège, en 1907. L’Allemagne les imite en 1918, l’Espagne en 1932, la France en 1944, l’Italie et le Japon en 1945. Au Canada, le gouvernement Borden, en 1917, donne le droit de vote aux femmes dont un parent est parti défendre le pays à la guerre. Ce droit est étendu à toutes les femmes en 1918. On sait qu’au Québec, ce n’est qu’à l’issue de batailles épiques que les femmes pourront voter, en 1940.
Des noms à retenir: Suzan B. Anthony, Millicent Fawcett, les Pankhurst, Emily Davison qui se jeta sous les sabots d’un des chevaux du roi, au Derby d’Epsom, pour attirer l’attention sur les revendications des femmes. Au Québec, Marie Gérin-Lajoie, Thérèse Casgrain et Idola Saint-Jean mènent elles aussi le combat de la démocratie.
Plusieurs d’entre elles furent traquées, jetées en prison et menacées de mort parce qu’elles se battaient pour un droit reconnu aujourd’hui comme allant de soi, grâce à ces héroïnes.
68 LE FRÈRE ANDRÉ
D urant plusieurs années, j’ai été professeur d’histoire au collège Notre-Dame, à Montréal. Bien sûr, je garde de ces moments d’excellents souvenirs. Cette maison d’enseignement renommée, tenue par les frères de Sainte-Croix, possède une histoire riche en traditions. Mais moi, quand j’arpentais ses longs couloirs, un personnage devenu légende revenait constamment à ma mémoire. Je veux parler du frère André, qui s’est un jour lui aussi promené dans ces salles et ces corridors historiques.
C’est au collège Notre-Dame, où il remplissait les fonctions de portier et d’homme à tout faire, que le frère André, l’homme de saint Joseph, a commencé à recevoir des visiteurs qui venaient demander de l’aide. C’est là qu’un jour il a décidé de gravir la montagne et d’y construire une petite chapelle, qui deviendra la grandiose basilique dédiée à saint Joseph, le fabuleux oratoire Saint-Joseph.
«Si jamais je viens à mourir, disait le saint homme en 1888, la communauté sera bien débarrassée.» Eh bien, oui, cette phrase résume bien ce que l’humble frère, homme frêle et chétif, pensait de lui-même et de sa vie. Il ne se doutait pas que, 50 ans plus tard, plus d’un million de personnes viendraient lui rendre un dernier hommage. Une de ses dernières paroles nous rappellera longtemps son séjour sur la terre, séjour consacré à son idole, saint Joseph: «Saint Joseph aura bien soin de son vieux chien.»
Alfred Bessette naît le 9 août 1845 à Saint-Grégoire-d’Iberville. Enfant ordinaire, il grandit au milieu de ses 12 frères et sœurs, sous les regards attentifs de son père, Isaac Bessette, et de sa mère, Clothilde Foisy. Sa famille, comme tant d’autres à cette époque au Bas-Canada, vit dans une pauvreté extrême. Les malheurs s’accumulent sur les siens. Encore jeune, c’est grâce à la prière qu’il peut les subir. Il a à peine 12 ans quand son père et sa mère, malmenés par une vie dure et laborieuse, le quittent pour un monde meilleur. Les enfants sont dispersés. Une tante, puis le maire de Farnham, Louis Ouimet, accueilleront tour à tour le frêle enfant. Il n’a pas d’autre choix que d’aller travailler. Il accepte n’importe quel boulot, car il peut à peine signer son nom. Sa santé fragile incite ses employeurs à le ménager. En 1863, suivant l’exemple de Canadiens français, il part pour les États-Unis pour y trouver un emploi. Il a 18 ans. Il revient au pays quelques années plus tard, encore plus mal en point et, comme avant son départ, il se rapproche des hommes dédiés à Dieu. Il s’établit à Sutton, où on l’emploie comme garçon de cour. Étienne Catta, son biographe, écrit: «Alfred est un propre à rien, bon à tout faire.» Mais déjà on le remarque par sa piété
Weitere Kostenlose Bücher