Marcel Tessier racontre notre histoire
gréer un bateau de pêche et entend parler de Terre-Neuve, où plusieurs marins se rendent chaque année pêcher la morue. À l’âge de 15 ans, il s’engage comme mousse et part pour un long voyage sur les bancs de la terre lointaine. Il devient un excellent marin, maître pilote, capitaine de vaisseau. Il se marie à Catherine des Granges, fille très riche de Saint-Malo. C’est un véritable notable qui fréquente la noblesse de sa ville et se met à rêver à la fameuse route de la Chine et des Indes.
Il parle de ses projets au grand amiral de France et lors d’un pèlerinage du roi à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, Jean Le Veneur, le père abbé, qui est en même temps évêque de Saint-Malo, présente Cartier au souverain. François I er lui dit quelque chose comme ceci: «Je vous accorde deux navires et 60 hommes. Vous partirez à la recherche de terres nouvelles et m’en rapporterez de l’or et des épices.»
En avril 1534, après avoir recruté son équipage, Cartier quitte le quai de Saint-Malo avec 61 compagnons. Trois semaines plus tard – heureuse exception, la traversée est remarquablement rapide –, la vigie s’écrie: «Terre! Terre!» C’est la côte est de Terre-Neuve, au cap Bonavista. Cartier la remonte, il va vers le nord. En longeant le Labrador, il remarque combien ses côtes sont arides et désolées… «C’est la terre que Dieu donna à Caïn!» s’exclame-t-il. Cartier se trompe, cette terre est bien la nôtre. Il prend possession de ce pays neuf en y érigeant une croix. Il franchit le détroit de Belle-Isle, débouche dans le golfe Saint-Laurent, en fait le tour, découvre les îles de la Madeleine et l’île Brion.
Soudain, il croit avoir trouvé la route de l’Ouest, celle de la Chine et des épices. Ça y est, il va toucher au but! Tout heureux, il nomme spontanément le cap tout proche Bonne-Espérance. Mais il est bientôt déçu: les rives forment une baie. Il fait chaud ce jour-là. Cartier l’appelle la Baie de la Chaleur. Le 22 juillet, il pénètre dans une anse profonde où 200 Indiens, venus de Stadaconé (Québec) s’adonnent à la pêche. C’est la baie de Gaspé. Le capitaine Cartier fait ériger à cet endroit une grande croix, haute de 30 pieds. Au centre est une fleur de lys et au sommet, cette fière inscription: «Vive le Roy de France!»
Saviez-vous que…
Le fleuve Saint-Laurent prit son nom en 1534. C’est Jacques Cartier qui l’a ainsi nommé parce qu’il y est entré le jour de la fête de saint Laurent.
Il vient de prendre officiellement possession du territoire au nom de son souverain. Cartier fera deux autres voyages. Au cours du deuxième, il se rend à Montréal, visite un campement d’Amérindiens sur une montagne qu’il baptise mont Réal, c’est-à-dire royal, où il est très bien reçu par les habitants du pays. Il passe l’hiver à Stadaconé et en retournant en France, il se rend compte que Terre-Neuve et Anticosti sont des îles. En 1541, le Malouin revient, cette fois sous les ordres de Roberval. La jalousie s’installe entre les deux hommes. Cartier passe l’hiver à Québec, pense avoir trouvé de l’or et des diamants et retourne rapidement en France. Ce comportement lui fera perdre beaucoup de crédibilité. D’autant plus que son «or» n’était que de la pyrite de fer…
6 SAMUEL DE CHAMPLAIN
V oilà l’homme à qui l’on a donné le titre de «Père de la Nouvelle-France». Les historiens ont eu du mal à faire leurs recherches sur la naissance et la religion de ce valeureux géographe et explorateur français, né à Brouage en Saintonge, vers 1570, et décédé à Québec le 25 décembre 1635. C’est qu’à Brouage, les registres d’avant 1690 ont disparu dans un incendie. Nous ne possédons donc pas l’acte de naissance de cet illustre personnage ni son acte de baptême. Était-il catholique? Protestant, peut-être, puisque Brouage était une ville huguenote, et que la jeune épouse de Champlain, Hélène Boulé, était protestante. On a leur contrat de mariage, signé le 27 décembre 1610; il a alors 40 ans, elle en a… 12; il est heureusement bien spécifié que le mariage ne prendra force qu’après deux ans. Mais nous avons la certitude, de par ses écrits, que Champlain est catholique quand il expose sa philosophie aux Amérindiens de Tadoussac, au début de sa vie ici.
C’est en 1598, après la signature du traité de Vervins qui met fin à une guerre civile dans laquelle il combat
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