Marcel Tessier racontre notre histoire
canadienne en 1933 (il y restera jusqu’en 1945) et est admis au Barreau en 1934. Il exerce sa profession à la firme Bienvenue-Turgeon-Lesage. Il se marie à 26 ans avec Corinne Lagarde, une jeune fille bien, cantatrice à ses heures.
La politique fédérale attire ce futur colonel honoraire du 6 e régiment d’artillerie. Il est élu député libéral du comté de Montmagny-L’Islet à la Chambre des communes et y sera réélu à quatre reprises, de 1945 à 1958. C’est le début d’une carrière fulgurante pour le très charmant Lesage. À Ottawa, il devient l’adjoint parlementaire du ministre des Affaires extérieures d’alors, Lester B. Pearson (1951-1952), puis il passe au ministère des Finances (1953). Le premier ministre libéral Louis Saint-Laurent le sort des rangs et le fait accéder au Cabinet. De 1953 à 1957, Lesage chapeaute le ministère du Nord canadien et des Ressources nationales.
Saviez-vous que…
Au début des années 1960, la communauté des Sœurs de la charité, fondée par Marguerite d’Youville en 1738, comptait plus de 7000 religieuses, administrait 86 hôpitaux, 58 foyers pour personnes âgées, 317 écoles primaires, 147 écoles secondaires et 4 collèges.
ÉLECTION FÉDÉRALE DE 1957
En 1957, le vent tourne et c’est le conservateur John Diefenbaker qui devient premier ministre du Canada. Pour la première fois depuis la conscription, la province de Québec, dirigée par Maurice Duplessis, aide les conservateurs à se faire élire à Ottawa. Résultat: 112 conservateurs contre 105 libéraux. À la suite de la défaite des rouges, Saint-Laurent part et Pearson lui succède à la tête du parti. Jean Lesage, qui a été réélu dans son comté, est donc dans l’opposition. Nouvelle élection fédérale en 1958: les conservateurs l’emportent encore, cette fois à 208 contre 48! Les libéraux sont vraiment mal en point. Pour un homme comme Lesage, orgueilleux et passionné, il est bien difficile de se contenter de l’arrière-banc de la Chambre des communes.
PENDANT CE TEMPS, À QUÉBEC…
Dans le pays du Québec de 1958, Maurice Duplessis en mène large. Malgré quelques intellectuels ombrageux et quelques syndicalistes exaspérés, il est bien accroché au pouvoir. Il dispose d’une organisation sans faille et d’argent à profusion. Les élites n’osent pas trop s’aventurer dans un combat contre le monarque. Il y a bien quelques exceptions, par exemple les abbés Dion et O’Neil ou le frère Untel, qui grignotent dans Le Devoir ou dans quelques milieux fermés le pouvoir de Maurice. Ils reprochent à Duplessis la corruption électorale et dénoncent l’Église qui tolère cet état de choses. Le frère Untel s’attaque au système d’enseignement, à la langue parlée (le joual) et même à la religion pratiquée au Québec.
Mais si Duplessis reste si fort au Parlement, c’est que l’opposition libérale y est fragmentée et faible; son chef, Georges-Émile Lapalme, homme d’une compétence certaine, manque cependant de charisme et il est incapable de refaire la cohésion au sein du Parti libéral. Il ne peut donc offrir une contrepartie sérieuse à l’Union nationale.
N’est-ce pas le temps de trouver un sauveur pour le parti? Et puisqu’il n’y a au Québec aucun libéral ayant suffisamment d’envergure pour affronter Duplessis, on va chercher au fédéral une candidature prestigieuse: celle de Jean Lesage. Le nouveau venu est élu chef du Parti libéral québécois le 31 mai 1958.
AU POUVOIR
L’année suivante, Duplessis meurt et Paul Sauvé lui succède. L’homme annonçait une ère de changement. Mais le 2 janvier 1960, à Saint-Eustache, il décède à son tour. C’est la consternation chez les Québécois progressistes. Antonio Barrette le remplace à la direction des bleus. Des élections sont déclenchées et ce sont les rouges, Jean Lesage à leur tête, qui remportent la victoire.
Grâce au gouvernement de l’Union nationale, les droits du Québec et son autonomie face aux centralisateurs d’Ottawa sont devenus des faits reconnus. Lesage arrive au pouvoir en 1960 avec un sac plein de slogans nouveaux et emballants: «L’État du Québec», «Maîtres chez nous», «C’est le temps que ça change!» Il entend bien poursuivre les changements appelés par Paul Sauvé. Les journaux de l’époque baptisent cette période la Révolution tranquille. Avant la victoire libérale, René Chaloult avait un jour demandé à Jean Lesage:
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