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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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une
plate-forme surmontée d’une sorte de trône, flanqué de chaises un peu moins
élevées, aux garnitures moins travaillées. Des dignitaires y étaient assis, et
l’on distinguait, dans la pénombre au-delà du dais, des silhouettes occupées à
aller et venir. Entre nous et la haute estrade, une foule de mandants
remplissaient la pièce d’un mur à l’autre, la plupart habillés du fruste
costume paysan, quelques-uns en habit de nobles.
    Même depuis la distance où nous nous trouvions, je
n’eus aucun doute sur l’identité de l’homme installé sous le dais. Je l’aurais
reconnu même s’il avait été pauvrement vêtu et ignominieusement entassé parmi
ces roturiers, dans le Hall. Le khan Kubilaï n’avait en effet besoin ni de ce
trône surélevé, ni de sa tunique de soie garnie de fourrure et tissée de fils
d’or pour qu’on le distinguât entre mille : sa souveraineté se dégageait
naturellement du maintien altier de sa position assise, comme s’il menait à
cheval l’assaut sur un champ de bataille, mais aussi de son puissant visage
taillé à coups de serpe et de la vibrante tonalité de sa voix, bien qu’il
parlât rarement et sans forcer son timbre grave. Les hommes assis à ses côtés étaient
presque aussi bien vêtus que lui, mais tout dans leur attitude prouvait qu’ils
n’étaient que des subordonnés. Notre guide Lin-ngan, pointant discrètement du
doigt et murmurant d’une voix posée, nous expliqua qui ils étaient :
    — L’un d’eux est un personnage officiel appelé Suoke, ce qui signifie la Langue. Quatre sont des secrétaires du khakhan, qui
enregistrent sur des rouleaux le compte rendu des procédures qui se déroulent
ici. Huit sont ses ministres, ordonnés en quatre paires selon une hiérarchie correspondant
à leur importance. Derrière le dais, ces gens qui s’affairent font
l’intermédiaire avec des clercs qui vont extraire des documents des archives du
Cheng, lorsqu’ils sont requis pour éclairer les délibérations.
    L’homme que l’on appelait la Langue du Cheng était
continuellement occupé : c’est lui qui se penchait sur la personne qui
venait déposer, avant de se tourner vers l’un ou l’autre des ministres pour
s’entretenir avec lui. Ces huit ministres étaient eux aussi constamment actifs,
qu’ils soient en conversation avec la Langue, demandent aux clercs de leur
faire parvenir tel ou tel document, échangent les uns avec les autres, ou qu’en
de plus rares occasions ils sollicitent le khakhan lui-même. Les quatre
secrétaires, en revanche, ne s’activaient que de temps à autre à noircir leurs
papiers. Trouvant cela curieux, je fis remarquer que leurs seigneuries les
ministres semblaient travailler plus dur que les simples secrétaires.
    — C’est vrai, admit maître Lin-ngan. Mais les
scribes ne se donnent la peine de prendre en note, de toute cette procédure,
que les mots prononcés par le khan Kubilaï en personne. Tout le reste n’est que
discussions préalables et prolégomènes ; la parole que distille le khakhan
suffit à récapituler toutes les autres et donc les supplante.
    Une si vaste pièce bondée à ce point aurait dû être
bruyante, emplie des échos de conversations multiples. Au lieu de cela, la
foule était d’un calme exemplaire, aussi silencieuse que l’assistance d’une
église absorbée dans la célébration d’un office. Les gens ne se levaient pour
aller vers le dais que l’un après l’autre, s’adressant exclusivement à
l’officiel appelé la Langue et le faisant dans un murmure si respectueux et
craintif que les assistants situés au fond de la salle, comme nous, ne
pouvaient rien en percevoir, jusqu’à ce que, les délibérations achevées, le
jugement fût rendu public par la Langue.
    Lin-ngan précisa :
    — Durant le Cheng, nul autre que les ministres ou
la Langue ne peut s’adresser directement au khan Kubilaï, et inversement. La
personne venue déposer expose sa requête ou sa plainte à la Langue, qui soumet
le cas à l’un des deux ministres subalternes. Si cet officiel estime que la
question est d’importance suffisante, il sollicite son supérieur hiérarchique,
et, quel que soit le niveau où elle remonte, un jugement est alors proposé à la
Langue qui en réfère au khakhan. Celui-ci peut alors donner son assentiment,
modifier la sentence ou en prendre le contre-pied. Ce n’est qu’ensuite que la
Langue prononce à haute voix le décret final – dommages à

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