Marco Polo
Résumé
du tome 1, Vers l’Orient.
Dans les années 1270, le jeune Marco Polo, fils d’un
riche marchand de Venise, préfère découvrir la vie avec Doris et ses amis, des
gamins qui traînent sur le port, plutôt que sur les bancs de l’école...
Impliqué dans un complot d’état, par amour pour une
intrigante, il est jeté en prison. Là, il rencontre Mordecai, figure
prophétique du Juif errant qui l’engagera, tout au long de sa vie, à « se
méfier de la beauté, car elle est assoiffée de sang ». Il est condamné,
banni de sa ville natale.
Alors Marco accompagne son père Nicolò et son oncle
Matteo sur la périlleuse route de la soie vers Kithai où ceux-ci comptent
développer leur commerce du safran. Ils passent par Saint-Jean d’Acre dernière
ville encore chrétienne aux portes de l’Orient et Suvedije où Marco reçoit un kamal
– ce sextant primitif sera un des premiers objets de sa collection de
souvenirs. Arrivés à Bagdad, les Polo font l’acquisition de Narine, un esclave
haut en couleurs et Marco prend du bon temps avec la princesse Phalène et la
mystérieuse Lumière du soleil. Ils traversent ensuite Kachan réputée pour ses
superbes garçons puis le Grand Salé, désert rude, repère de pillards
sanguinaires ; Marco y croise aussi ses premiers guerriers mongols. À
Balkh ville de la « pierre qui brûle » Marco expérimente un filtre
« d’amour » pour le moins déconcertant. Sur le Toit du monde, lieu de
regroupement cosmopolite au confluent des routes de la soie, une prostituée
romm lui offre un précieux couteau à trois lames alors qu’un remède radical
fait définitivement perdre à Matteo une part non négligeable de ses attributs.
Enfin les voyageurs parcourent les derniers li de leur périple sur la
Grande Muraille.
Nous retrouvons ici, après quatre années de voyage,
Marco, son père, son oncle et Narine, escortés par deux soldats mongols, Ussu
et Donduk : « Aujourd’hui, la cité dans laquelle nous pénétrions
s’appelait Khanbalik, la cité du khan, khan de tous les khans, petit-fils de
Gengis khan, chef suprême des Mongols, le khakhan Kubilaï ! »
KHANBALIK
1
Lorsque nous pénétrâmes dans Khanbalik – après avoir
atteint, dans le crépuscule du jour finissant, l’endroit où la route
poussiéreuse cède la place à une belle et large avenue qui conduit à la ville
–, notre petite troupe se trouva prise en charge, à ma grande surprise, par un
comité d’accueil considérable.
Ce fut d’abord, semblant nous attendre, un escadron de
fantassins mongols bardés d’un fer impeccablement poli et de cuir huilé.
Contrairement à ce qu’avait fait à Kachgar la garde de Kaidu, ils ne
cherchèrent pas à s’interposer pour arrêter notre marche. Impressionnants
d’ordre et de précision, ils nous présentèrent leurs lances étincelantes
alignées à l’oblique dans un salut parfaitement rectiligne et allèrent se
placer en formation carrée autour de notre convoi, nous escortant tout le long
de l’avenue. Une foule d’habitants, curieux de nous voir passer, avaient fait
une pause dans leurs occupations quotidiennes pour venir nous observer.
Un second groupe nous attendait, composé d’un certain
nombre de messieurs distingués et d’un âge respectable – quelques Mongols,
quelques Han, d’autres à l’évidence arabes ou persans –, enveloppés dans de
longues robes de soie aux couleurs vives, abrités sous un dais à franges tenu
au bout d’une perche par un esclave. Ces vénérables anciens prirent place de
part et d’autre de notre cortège, tandis que leurs domestiques faisaient des
bonds d’écureuil, s’échinant à maintenir les dais dans la position adéquate.
Tous nous souriaient, nous gratifiant de gestes de bienvenue ponctués d’aimables
salutations dans différentes langues :
— Mendu ! Ying-jie ! Salââm !
Leurs paroles ne tardèrent pas à se noyer dans les
invraisemblables hurlements de cornes et le fracas métallique des cymbales
d’une troupe de musiciens venus rejoindre notre procession. Mon père et mon
oncle souriaient et hochaient la tête sur leur selle, comme s’ils jugeaient
normale cette réception extravagante, mais Narine, Ussu et Donduk semblaient
tout aussi abasourdis que moi. Ussu, dominant le tumulte, tenta de m’expliquer :
— Il est évident que votre groupe, comme tous les
voyageurs qui entrent ici, a été suivi, et que des messagers à
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