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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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gars ! reprit-il. Nagez ferme ; nous arriverons promptement. Seulement, faisons nos conditions d’avance. Pour mener à bien un projet quelconque, il faut se concerter et combiner ses actions. Nous faisons là une expédition dangereuse. Les brigands qui ont enlevé Yvonne doivent se douter qu’on se mettra à leur poursuite ; donc ils sont sur leurs gardes. Il y va de la vie dans ce que nous entreprenons.
    Les deux jeunes gens firent en même temps un geste de dédain.
    – Ah ! continua Marcof, je sais que vous êtes braves tous les deux, et que vous ne craignez pas la mort. Ce n’est pas là ce que je veux dire. Comprenez bien mes paroles : elles signifient que, là où il y a danger de perdre l’existence, le plus courageux doit raisonner le péril. Souvenez-vous que, si nous nous faisions tuer tous les trois, notre mort ne rendrait pas Yvonne à son père ; et c’est là le but de notre expédition. Rappelez-vous encore, mes gars, que, pour bien combattre, il faut à une réunion d’hommes, quelque petite qu’elle soit, un chef à qui l’on obéisse. Voulez-vous me reconnaître pour chef ?
    – Sans doute ! répondit vivement Jahoua.
    – Et toi, Keinec ?
    – Tu fus toujours le mien, Marcof ; je t’obéirai.
    – Très-bien ! Mais sachez qu’il me faut une obéissance passive.
    Les deux jeunes gens firent un signe approbatif.
    – Jurez ! dit Marcof.
    – Nous le jurons ! répondirent-ils.
    – Alors commencez par me raconter ce qui s’est passé entre vous ce soir.
    Keinec et Jahoua se regardèrent.
    – Parle d’abord, toi ! commanda Marcof en s’adressant à Keinec.
    – Eh bien ! répondit le jeune homme en continuant à ramer avec vigueur, tu sais que je voulais tuer Jahoua ?
    – Oui.
    – Je l’ai attendu ce soir sur la route de Penmarck.
    – Après ?
    – J’ai tiré sur lui.
    – Et tu l’as manqué ? fit Marcof avec étonnement ; car il connaissait l’adresse de Keinec.
    – Non, répondit celui-ci en baissant la tête, ma carabine a fait long feu.
    – Ainsi tu commettais un assassinat ?
    Keinec ne répondit pas.
    – Tu tirais sur un homme sans défense, continua durement Marcof. Est-ce ainsi que je t’ai appris à combattre ?
    – Marcof !… fit Keinec humilié.
    – Un assassinat, c’est une lâcheté !
    – Marcof !
    – Tais-toi ! Si je supposais que tu eusses agi de toi-même je te jetterais à la mer plutôt que de te garder près de moi ! Mais quelqu’un te poussait au crime ! Qui t’a délivré, l’autre nuit, lorsque je t’avais garrotté et laissé dans les genêts ? Parle !
    Keinec garda le silence.
    – Parleras-tu ? s’écria Marcof d’un accent tellement impératif, que le jeune homme tressaillit.
    – Carfor ! répondit-il lentement.
    – C’est lui qui t’excitait à tuer Jahoua ?
    – Oui.
    – Que te disait-il pour te mener au crime ?
    – Que Jahoua mort, Yvonne serait à moi.
    – Pauvre niais ! fit Marcof. Tu ne t’apercevais donc pas qu’il te jouait ?
    Jahoua ne prononçait pas une parole ; mais ses yeux expressifs lançaient des éclairs.
    – Carfor est un infâme ! continua le marin avec véhémence. C’est un lâche, un misérable, un traître ! Sais-tu ce qu’il a dit il y a cinq jours ? ce qu’il a dit dans cette grotte de la baie des Trépassés, ce qu’il a dit en présence de trois hommes qui se croyaient bien seuls avec lui ?
    – Je ne sais pas, murmura Keinec qui, devenu plus calme, se rendait compte de toute la honte de l’action qu’il avait failli commettre.
    – Il a dit que par toi il saurait mes secrets.
    – Par moi ?
    – Oui ; qu’il ferait de toi un espion et un délateur.
    – Il a dit cela ?
    – J’en suis sûr.
    – Comment le sais-tu ?
    – Un homme, chargé par moi de l’épier sans relâche, a tout entendu. Malheureusement la conversation n’a pas eu lieu que dans la grotte, et il n’a pu surprendre les paroles prononcées en plein air. Oh ! Carfor et ceux qui le font agir ne savent pas qu’ils sont dans une main de fer, et que cette main est en train de se refermer sur eux. Ils ignorent ce que nous pouvons, nous autres, qui restons fidèles à notre roi ! Mais comprends-tu, Keinec, ce que l’on voulait faire de toi ? On voulait te conduire à assassiner lâchement un homme que tu hais, mais qui est brave et loyal, et que tu devais combattre face à face. On voulait t’amener à trahir celui que tu nommes ton ami !

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