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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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six, paie sans marchander, et assurons-nous le silence de cette jeune fille ; si quelquefois nous étions forcés par les circonstances de revenir plus tard dans ce pays.
    – Tu as raison.
    – Hâte-toi donc.
    – Je pars.
    Diégo lança son cheval au galop. Au moment où il disparaissait, une chouette fit entendre dans les genêts qui bordaient la route son cri triste et sauvage, Hermosa n’y fit aucune attention. Ses yeux étaient fixés sur la barque qui gagnait la haute mer et sur Diégo qui courait vers Audierne. Un second cri pareil au premier retentit de nouveau, mais de l’autre côté du chemin. Puis un troisième lui succéda, et si l’Italienne eût regardé à droite ou à gauche au lieu de regarder en avant, elle eût vu l’extrémité des genêts s’agiter avec un mouvement imperceptible.
    Tout à coup deux coups de feu retentirent. Le cheval que montait Jasmin fit un écart et s’abattit. Hermosa sentit le sien trembler sous elle ; avant qu’elle eût pu le relever de la main, l’animal roula sur la route en l’entraînant avec lui. Le cheval que Jasmin conduisait, se sentant libre, et effrayé par les coups de feu, bondit dans les genêts, mais une main de fer le saisit à la bride tandis qu’un couteau à lame large lui ouvrait le flanc. L’animal hennit de douleur, se cabra et tomba à son tour.
    *
    * *
    Pendant ce temps, Diégo frappait à la porte d’un pêcheur, et le contraignait à se relever, faisant marché avec lui pour qu’il armât sa barque et qu’il engageât quelques camarades. L’Italien était trop rusé pour parler de ses intentions de poursuivre le canot qu’il avait aperçu. Une fois en mer, il se flattait de faire faire aux matelots ce qu’il jugerait convenable. Le pêcheur promit que l’embarcation serait parée avant que dix minutes se fussent écoulées, et que les autres marins seraient à bord dans ce court espace de temps.
    Diégo lui jeta quelques louis, et reprit la route qu’il venait de parcourir, afin d’aller chercher Hermosa, Henrique et Jasmin. Il avait déjà gravi la colline, lorsque son cheval s’arrêta tellement court que le cavalier faillit être lancé à terre. Diégo irrité enfonça ses éperons dans le ventre de sa monture ; mais le cheval, refusant d’avancer, pointa et se défendit.
    – Qu’y a-t-il donc sur la route ? murmura l’Italien en se rendant maître de l’animal effrayé.
    Et il se pencha en avant fixant ses regards sur le sol.
    – Un cheval mort ! s’écria-t-il ; le cheval d’Hermosa ! Corps du Christ ! qu’est-ce que cela veut dire ?
    Saisissant ses pistolets, il sauta vivement à terre. Trois pas plus loin, il rencontra la monture de Jasmin. Enfin, à moitié caché par les genêts, il aperçut le cheval porteur du trésor qui se débattait encore dans les convulsions de l’agonie et inondait la terre du sang qui coulait en abondance de sa blessure. Mais Jasmin, Henrique et Hermosa avaient disparu.
    Rendons justice à Diégo, il courut tout d’abord au cheval auquel il avait confié le fameux coffre. La précieuse caisse était toujours attachée sur la croupe de l’animal. Diégo poussa un cri de joie suivi bientôt d’un hideux blasphème. Il venait d’ouvrir le coffre et l’avait trouvé vide.
    – Saint Janvier soit maudit ! hurla-t-il en patois napolitain. La misérable m’a joué ! Elle m’a envoyé à Audierne et son plan était fait d’avance. Elle était d’accord avec Jasmin !
    Puis il s’arrêta tout à coup.
    – Non, dit-il plus froidement, ils auraient fui avec les chevaux.
    Un cri semblable à ceux qui avaient retenti aux oreilles de l’Italienne, un cri imitant à s’y méprendre celui de la chouette fit résonner les échos. Ainsi qu’Hermosa un quart d’heure auparavant, Diégo n’y prêta pas la moindre attention : il réfléchissait toujours, et se creusait de plus en plus la tête pour donner un motif raisonnable à la subite disparition de sa compagne, d’Henrique et de Jasmin, et à la mort des chevaux qui gisaient à ses pieds. Un second cri plus rapproché se fit entendre sans troubler davantage les pensées qui absorbaient le beau-frère du marquis de Loc-Ronan.
    – Que diable peuvent-ils être devenus ? s’écria-t-il en se frappant le front avec la paume de la main droite et en promenant autour de lui un regard interrogateur, comme s’il eût supposé que les arbres ou les genêts qui projetaient jusqu’à ses pieds leurs ombres noires

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