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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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l’orfraie perchés sur les rocs qui enfermaient la baie, et par le bruit que faisaient de temps à autres les marsouins que les rames de Keinec dérangeaient dans leur sommeil, et qui, bondissant sur la vague, plongeaient en faisant jaillir l’écume blanchâtre.

XV – LA CHOUANNERIE.
    – Ainsi, nous voici dans la baie des Trépassés ! dit Jahoua à voix basse et en répondant à ses pensées secrètes.
    Le fermier regardait autour de lui avec une sorte d’attention mêlée de crainte superstitieuse.
    – Oui, répondit Marcof. Mais ne t’effraye pas, Jahoua, nous allons accomplir une bonne action, et s’il est vrai que les âmes des morts errent autour de notre canot, aucune ne doit chercher à nous nuire.
    – Oh ! fit le fermier, je n’ai peur ni des morts ni des vivants quand il s’agit d’Yvonne.
    – Jahoua, interrompit brusquement Keinec, je crois que nous devons nous abstenir tous deux de parler de notre amour.
    – C’est vrai, répondit Jahoua, tu as raison ; ne songeons qu’à arracher la jeune fille à ceux qui l’ont enlevée.
    – Laisse aller ! ordonna Marcof.
    Keinec cessa aussitôt de ramer, releva ses avirons, et le canot, poussé seulement par l’impulsion de sa propre vitesse, s’approcha rapidement de la grève. La quille laboura le sable.
    Sur un geste de Marcof, Keinec s’élança hors de l’embarcation et sauta dans la mer, qui lui monta jusqu’à la ceinture. Marcof et Jahoua demeurèrent dans le canot. Keinec s’avança vers la terre ferme qu’il atteignit en quelques pas.
    Là, il sauta sur un quartier de roc isolé, et examina attentivement la plage étroite qui lui faisait face. Aucun être humain ne se présenta à ses regards investigateurs. Marchant avec précaution, il alla jusqu’aux roches énormes qui s’élevaient fièrement vers le ciel. Tout était désert autour de lui.
    Keinec, connaissant les habitudes mystérieuses et étranges du berger-sorcier, pensa que Carfor était caché dans quelque anfractuosité qui le dérobait à la vue. Alors il s’arrêta de nouveau et appela plusieurs fois à voix basse. Personne ne lui répondit. Enfin, convaincu que celui qu’il cherchait n’était pas dans la baie ou qu’il refusait de se montrer, il retourna vers l’endroit où il avait laissé ses compagnons.
    – Eh bien ? demanda Marcof en le voyant près de lui.
    – Rien ! répondit Keinec ; Carfor est absent ou bien il nous a vus.
    – C’est peu probable.
    – Que faut-il faire !
    – Le chercher d’abord et ensuite l’attendre, si réellement il est absent.
    Et Marcof, se levant vivement, sauta également à la mer.
    – Garde le canot, dit-il à Jahoua qui avait fait un mouvement pour le suivre.
    Le fermier s’arrêta et garda sa position au fond de la barque. Keinec et Marcof gagnèrent vivement la grotte. Le jeune homme avait pris, en passant près du brasier à moitié éteint, une branche de résine qui brûlait encore. Il pénétra hardiment dans la demeure de Carfor. La grotte était vide. Ces deux hommes se regardèrent, se consultant mutuellement des yeux.
    – Il n’est pas rentré, dit Keinec. Tu le vois.
    – Peut-être a-t-il pris la fuite ! répondit Marcof.
    – Il est sans doute dans les genêts.
    – Ou en mer.
    – Il n’a pas d’embarcation.
    – La tienne n’était plus à Penmarckh.
    – C’est vrai !
    – Alors il ne serait pas revenu ?
    – Tu penses donc qu’il a conduit Yvonne loin d’ici ?
    – Je pense qu’il aura accompagné celui qui enlevait la pauvre enfant, et c’est plus que probable, pour détourner les soupçons. Il serait ici sans cela !
    – Crois-tu qu’il y revienne ?
    – Sans aucun doute !
    – Il faut donc attendre ?
    – Oui !
    – Attendre ! fit Keinec en frappant la terre avec impatience ; attendre ! Yvonne a besoin de nous !
    – Si nous n’attendons pas, de quel côté dirigerons-nous nos recherches ? Où sont allés ceux qui l’ont enlevée ? Ont-ils suivi les côtes ? ont-ils abordé dans les îles ? ont-ils rejoint quelque croiseur anglais ?
    – Mais que faire alors ?
    – Rester ici ! Carfor reviendra, te dis-je !
    – Et nous le forcerons à parler ?
    – J’en fais mon affaire, répondit Marcof. Va retrouver Jahoua. Cherchez tous deux un abri pour le canot, afin qu’on ne puisse le voir de la haute mer, et tenez-vous à l’ombre des rochers.
    – Et toi ?
    – Si Carfor, contre mon attente, nous avait aperçus et

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